Carte blanche à Denis côté présentée par le Goethe-Institut au Cinéma du Parc

CARTE BLANCHE À DENIS CÔTÉ du 2 au 24 FÉVRIER 2019 au Cinéma du Parc

Connu pour ses films singuliers et sans compromis, Denis Côté a une longue histoire avec l’Allemagne, premièrement en tant que cinéphile passionné et critique de cinéma, ensuite en tant que réalisateur.

Tous ses films ont été présentés lors de festivals en Allemagne, et plusieurs d’entre eux ont connu leur première dans les prestigieuses sections Forum et Compétition officielle de la Berlinale, dont Bestiaire, Vic + Flo ont vu un ours (présenté en compétition officielle et gagnant du Prix Alfred Bauer pour l’innovation (Ours d’argent), Que ta joie demeure et Boris sans Béatrice. Son plus récent film, Répertoire des villes disparues, a été sélectionné en Compétition officielle pour l’édition 2019. C’est donc avec un immense plaisir que le Goethe-Institut, en collaboration avec le Cinéma du Parc, présente du 2 au 24 février une Carte blanche de films allemands sélectionnés par Denis Côté.

 

Denis Côté présente sa Carte blanche

L’expression Carte blanche apparaît au XVe siècle et s’impose comme joli synonyme de ‘libre initiative’.

Au XVIIe siècle, donner carte blanche évoque plutôt l’idée inquiétante d’offrir les pleins pouvoirs à quelqu’un. Je reçois aujourd’hui cette Carte entre sentiment d’honneur et frisson d’angoisse, décidé à visiter un art dont je tiens en haute estime presque toutes les époques: le cinéma allemand.

C’est « Caligari à 18 ans », une rétrospective Herzog et l’absorption d’une trentaine de Fassbinder à la mi-vingtaine qui m’auront traîné le coeur et l’esprit jusqu’à aujourd’hui: devoir choisir huit titres, seulement huit, pour vous (et un peu pour moi). Cruauté. Allergie aux évidences oblige, j’ai donc fouillé dans les marges, légères ou lointaines, sans fil d’Ariane particulier, en espérant faire découvrir quelques perles aux cinéphiles.

Ulrich Köhler, auteur des fascinants Bungalow et Windows on Monday ne tourne pas beaucoup. Célébré cette année à Cannes et grande primeur de cette Carte blanche, In My Room (2018) propose la virée post-apocalyptique, romantique et survivaliste d’un grand homme-enfant. Je ne pouvais passer à côté de mon ami Thomas Arslan, cinéaste majeur mais discret, qui viendra en personne à Montréal nous parler de son parcours. De son oeuvre, j’ai choisi In the Shadows (2010), mélancolique et prenant film de gangsters, hommage précis et stylé au cinéma de Jean-Pierre Melville.

Christian Petzold (Barbara, Phoenix, Transit) exporte à lui seul une grande part du cinéma d’auteur allemand contemporain. Yella (2007) mélange les tonalités et dissèque les moindres mécanismes intimes d’une femme décidée à se (re)bâtir une identité. Avec la grande Nina Hoss. Impossible de bouder l’immense Western (2017) de Valeska Grisebach. Grand film sur l’Europe d’aujourd’hui, il n’a été présenté que deux fois sur grand écran à Montréal. Réparons l’injustice!

Aucun film de Fassbinder, Denis? Allergie aux évidences vous disais-je. Mais n’exagérons rien et permettons-nous un incontournable au moins: L’énigme de Kaspar Hauser (1974) de Werner Herzog, histoire étrange et vraie, film fou d’une lenteur envoûtante, qui contribua grandement à la réputation sulfureuse du grand Werner. Avec le très rare Willow Springs (1973) de Werner Schroeter, le troisième weekend de la Carte blanche sera étrange et romantique ou ne sera pas. Parti se perdre dans le désert californien, l’auteur intransigeant de Malina ramena un objet low budget hors-norme, cultissime et féministe. Trois dames voraces (des succubes?) attendent les hommes dans une improbable hacienda au milieu de nulle part. Avec la sublime Magdalena Montezuma.

Parce qu’il faut bien se faire plaisir et parce que je ne l’ai tout simplement jamais vu, je serai le premier spectateur en file pour voir le réputé excentrique Ticket of No Return (1979) d’Ulrike Ottinger. Pour clore radicalement le cycle, on résiste aux envies narratives et faisons confiance au formaliste Heinz Emigholz, maître d’un cinéma architectural et sensitif. Dans le muséal et cérébral 2+2=22 (The Alphabet) (2017), Emigholz confronte les intérieurs et les extérieurs en filmant la création d’un album du groupe krautrock électro Kreidler. En parallèle, il promène sa caméra statique dans les rues de Tbilissi en Georgie. Répétitif et tripatif pour les plus avertis.

– Denis Côté

Veuillez noter que tous les films sont présentés à 14h et en version originale avec sous-titres français ou anglais.

FILMS

2 FÉVRIER : IN MY ROOM (ULRICH KÖHLER)
Denis Côté présentera sa carte blanche

3 FÉVRIER : IN THE SHADOWS (THOMAS ARSLAN)
En présence de Denis Côté et Thomas Arslan

9 FÉVRIER : YELLA (CHRISTIAN PETZOLD)

10 FÉVRIER : WESTERN (VALESKA GRISEBACH)

16 FÉVRIER : L’ÉNIGME DE KASPAR HAUSER (WERNER HERZOG)

17 FÉVRIER : WILLOW SPRINGS (WERNER SCHROETER)

23 FÉVRIER : TICKET OF NO RETURN (ALLER JAMAIS RETOUR) (ULRIKE OTTINGER)

24 FÉVRIER : 2 + 2 = 22 (THE ALPHABET) (HEINZ EMIGHOLZ) 

 

***

Partager cet article

Plus d'articles dans Actualités / Cinéma / Événements