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François Bégin participe à la série de Marc Lamothe CES RÉALISATEURS QUI ONT FAIT DES VIDÉOCLIPS (5)

CES RÉALISATEURS QUI ONT FAIT DES VIDÉOCLIPS (5), le réalisateur François Bégin échange avec Marc Lamothe dans le cadre d’une 5e entrevue sur le thème du vidéoclip 

En 1993, François Bégin débute ses études à l’Université du Québec à Montréal, un baccalauréat en communication avec une spécialisation en cinéma. Dès la fin de ses études en 1995, il cofonde SPYKEFILM et y réalise une centaine de vidéoclips pour des groupes et des artistes emblématiques de cette période, dont notamment : Anonymus, B.A.R.F., Banlieue Rouge, Brasse Camarade, Nancy Dumais, les Frères à Ch’val, Groovy Aardvark, Infini-T, Kermess, Laymen Twaist, Philippe Leduc, Gaston Mandeville, Muzion, Noir Silence, Okoumé et Yannick Rieu.

 

Délaissant le clip pour tenter sa chance du côté de la publicité et des productions télévisuelles, il réalise entre 1998 et 2004 de nombreuses publicités et autres productions corporatives. Attiré aussi par le documentaire, il réalise plusieurs séries dont La guerre des sexes qui sera en nomination au Gala des Gémeaux de 2002 dans trois catégories, dont «Meilleure série documentaire ».

 

Depuis, François Bégin se spécialise en fiction humoristique et dramatique à la télévision. Sa toute première série télévisée, Tranches de vie, s’est échelonnée sur cinq saisons. Il collabore à de nombreuses séries, dont Neuroblaste (2011), Corps et Monde (2013), Le Contrat (2013), Lol :-)(2013-2015), Souper de filles (2014), Med (2014-2016, Lien Fatal, (2015), L’Échappée (2016-2018), Les Mutants (2019) et Les Newbies (2019-2020).

 

Photo récente de François Bégin

Une série d’entrevues réalisée par Marc Lamothe

 

 

Quels souvenirs gardez-vous de la scène musicale montréalaise et québécoise des années 90?

 

François Bégin — Ce que je retiens d’abord, c’est l’énergie qui se dégageait de tous ces groupes musicaux. Plusieurs de ces groupes étaient amis dans la vie, partageaient la scène et faisaient la fête tous ensemble. Il y avait un réel sentiment de collectivité et de fraternité. J’aimais l’idée de cette génération avec du poil, des dents, de la garnotte dans la voix, des tatous partout, des sonorités souvent agressives et une attitude rock and roll. La scène montréalaise était réellement hallucinante à ce moment et j’étais dans l’œil du cyclone. Avec mes amis, nous courions littéralement d’une salle de spectacle à l’autre pour voir ces groupes en spectacle. En se rapprochant d’eux, on réalisait aussi à quel point ces musiciens étaient sympathiques et unis.

Autoportrait Francois Bégin Circa 1990

On voulait démocratiser le clip et servir ces bands. On avait l’impression que les vidéoclips étaient réservés aux étiquettes majeures et aux artistes établis. Nous voulions changer la donne et avions vu dans ce média une chance de se construire un métier. Notre politique était que tout groupe ou artiste musical devait pouvoir se payer un clip. On pouvait donc produire des clips entre 5 000 et 10 000 $. On a même accommodé certains clients avec des clips à 2 000$. Nous avions développé des techniques de tournage et géré des horaires nous permettant de tourner deux ou trois clips avec les mêmes équipements, pour couper les coûts par clip.

 

Durant vos études à l’Université du Québec à Montréal, vous réalisez deux courts métrages, TV DINNER et K-33 (1993). Tout de suite après, vous vous lancez dans le vidéoclip et cofondez SPYKEFILM avec des amis. Parlez-moi de ce saut dans le vide…

 

François Bégin — Dans mes années universitaires, avec mon meilleur ami Jean-Pierre Gauthier, on a fait les 1001 coups ensemble. Lui, voulait être directeur photo, et moi, réalisateur. On se rendait bien compte que l’industrie du clip semblait être une chasse gardée. On a donc vite réalisé que nous devions bâtir nous-mêmes nos chances de percer dans l’industrie. Avec Isabelle Dupuy, qui contrairement à nous n’avait pas étudié en cinéma, mais en animation culturelle, je crois, qui nous semblait motivée par la vente et la gestion et nous avons ainsi tous les trois démarré SPYKEFILM.

Magazine entreprendre

Notre premier bureau était situé sur la rue Napoléon à Montréal, dans la résidence de Jean-Pierre et Isabelle qui étaient conjoints à l’époque. Les choses ont tellement démarré vite que je n’ai pas pu finir tous mes cours universitaires pour compléter mon baccalauréat. Les groupes se sont mis à signer avec nous et on s’est mis à tourner, tourner et tourner… Martyne Prévost des Disques MPV a été une de nos premières clientes. On s’est mis à engager des artisans, former des équipes et recourir à d’autres réalisateurs. Nous montions nos clips de nuit à l’UQAM, dans les locaux de montage de l’université, jusqu’au jour où je me suis fait prendre. On a déménagé sur la rue St-Denis à l’angle de la rue Rachel. Nos bureaux étaient au 2e étage et nous habitions les trois ensemble au 3e étage. Puis nous avons emménagé nos bureaux sur la rue St-Urbain, dans le Mile-End.

Nous avons été rapidement victimes de notre propre succès. On voulait tout mettre à l’écran et trop souvent, on ne générait pas assez de profits. On a voulu court-circuiter le système en offrant des clips à bas prix. On est quelque part restés pris avec l’image de la boîte de clips à 10 000$. On n’a jamais réussi à aller chercher de très gros budgets ou à passer à l’étape suivante, malgré de nombreuses récompenses et des mentions « buzz clip » que SPYKEFILM a su accumuler. Je suis parti après sept ans, car je voulais faire de la pub, du cinéma, de la télé et un peu d’argent. La compagnie a continué ses opérations quelque temps après mon départ.

MusiquePlus et son émission FAX57 avaient d’ailleurs produit une capsule reportage sur la production de notre 100e clips chez SPYKEFILM. C’était le clip LA LUNE PLEURE pour le groupe Okoumé. Voici un lien vers cette capsule que nous venons de mettre récemment en ligne.  FAX57 – 100e clip de SPYKEFILM sur Vimeo

 

J’ai choisi quelques vidéoclips parmi votre filmographie, et j’aimerais qu’on en discute. Tout d’abord, ON JASE DE TOI (1995) pour le groupe

Noir Silence.

 

 

 

 

 

 

 

 

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François BéginMartyne Prévost nous envoie une maquette de ce qui allait devenir le premier album de Noir Silence, car elle veut notre suggestion pour le premier clip à tourner. Jean-Pierre Gauthier et moi écoutons l’album à quelques reprises. On réalise qu’on se met rapidement à chanter à l’unisson « On jase de toi ». Nous aimons sincèrement la chanson et nous y croyons. Elle nous semble accrocheuse et sans prétention. Nous téléphonons donc à Martyne pour lui faire part de notre proposition. Au départ, elle s’avère réellement surprise, car elle avait non seulement une autre chanson en tête, mais ON JASE DE TOI est une chanson atypique comparativement aux autres chansons du groupe. Il y avait même une certaine valse-hésitation à garder la pièce sur l’album. À force d’insister, le label et le groupe nous ont suivis dans la production de ce clip.

 

Quelques semaines plus tard, il fallait transporter et héberger une équipe de 20 personnes à Saint-Georges en Beauce. Toute l’équipe a dormi à la ferme des parents de Jean-François Dubé, le chanteur du groupe. Certains dormaient dans le sous-sol, d’autres dans la grange et même certains dans le poulailler, si je ne m’abuse. Ce genre de proximité, ça a créé un réel sentiment de gang et de communauté au sein de l’équipe et c’est un peu pour ça que le clip fonctionne et que j’en garde le meilleur des souvenirs. Sur place, il fallait aussi recruter une foule de 400 figurants pour le tournage d’une scène du clip dans ce qui, je crois, était le tout premier ciné-parc au Québec. Il n’y avait pas de réseaux sociaux à l’époque. Alors, un membre du groupe appelait un ami qui lui en appelait deux et ainsi de suite pour recruter le plus de figurants et bénévoles possible. Le concept du vidéo en gros est que Samuel Busque, guitariste du groupe, a l’inspiration de donner un spectacle le soir même devant l’écran du ciné-parc de la place. Il part à motocyclette pour regrouper les autres musiciens et préparer l’événement. Durant ce temps, la rumeur court dans la ville qu’un spectacle s’organise et les jeunes se préparent. Tous se retrouvent, le soir venu, pour le spectacle où le groupe interprète

« ON JASE DE TOI ». L’équipe de techniciens et la majorité de la foule présente n’avaient jamais entendu la chanson avant le tournage. Dès le moment où on a fait jouer les premières notes de la chanson «full blast» pour les fins du tournage extérieur, on a tout de suite senti un large élan d’enthousiasme pour la chanson.

Noir Silence, photos du clip ON JASE DE TOI (1995)

Le reste appartient à l’histoire. MusiquePlus et la radio ont littéralement propulsé le groupe à des années-lumière d’où ils étaient avant. L’album atteindra les 150 000 exemplaires et gagnera un Félix, celui du meilleur disque rock. Une histoire d’amour est née entre les disques MPV, SPYKEFILM et le groupe Noir Silence avec lequel, j’ai réalisé quatre autres clips et SPYKEFILM plusieurs autres encore.

Discutons de la vidéo tournée pour la chanson LIFE (1995) du groupe B.A.R.F.

 

François Bégin — Un autre clip à tout petit budget et armé d’un concept technique. Comme la pièce durait moins que deux minutes, 1 min 49 pour être précis, nous n’avions pas obtenu le plein montant d’une subvention de base, sous le prétexte que notre clip était moins long que la moyenne des clips du moment. On a donc tourné ce clip la même journée qu’un autre tournage chez SPYKEFILM afin d’amoindrir la structure et les coûts et pouvoir livrer le clip pour 2 000 ou 3 000 $. J’ai oublié quel autre clip nous avions tourné ce même week-end.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Comme la pièce s’appelait LIFE, je voyais les membres du groupe suspendus par les pieds, pris dans des cocons au moment de l’éclosion. On voit volontairement les rails, car tout est circulaire, le Dolly tourne autour du band. Je voulais capturer le côté LIVE du groupe et je voyais dans la mise en scène un hommage au cercle de la vie. Je voulais du mouvement et accentuer la performance de Marc Vaillancourt, le chanteur du groupe étant une réelle bête de scène. Les gars ne pouvaient évidemment pas rester longtemps pendus par les pieds.

On avait organisé un système de poulie attaché par le haut, dont la corde traversait le hangar et était reliée à ma voiture, une Caprice Classic 1990, avec des pneus d’été en hiver. La corde passait sous une porte du garage laissé entrouverte, le groupe et l’équipe étaient frigorifiés. Il faisait frette comme chez le diable ce jour-là. Les gars du groupe étaient à l’envers, à moitié nus, enduits de gélatine Jello et recouverts de coton à fromage.

 

Parlons un peu du clip Y’A TU KELKUN? (1996) réalisé pour Groovy Aardvark

 

François Bégin — Groovy Aardvark. J’ai réalisé trois clips pour eux et Vincent Peake, le chanteur, porte le même maudit chandail de laine un peu  « décâlissé » dans les trois clips. Il le portait en spectacle, il le portait tout le temps. Au 3e clip, je lui ai dit, t’as encore mis ton chandail de laine et lui de répondre « Ben oui, c’est mon trade-mark ». Y’A TU KELKUN? est le premier de trois clips que j’ai tournés avec eux. Ça se voulait assez conceptuel. J’aime les concepts en vidéo, souvent inspiré de gimmicks techniques. Ce n’est pas du cinéma, mais bel et bien un vidéoclip exploitant une idée technique dans un univers fermé de 3 ou 4 minutes.

 

J’avais demandé à Vincent d’apprendre les paroles de la chanson à l’envers. En fait il devait mémoriser l’inversion phonétique du texte à rebours. Un peu comme le nain de la série TWIN PEAKS avec son phrasé inversé. Il avait trois semaines pour apprendre des mots genre « Émerdixatd unklek ut-a-ya. Étoc ertuald unklek ut-a-ya » au lieu de « Y a-tu kelkun d’taxidermé. Y a-tu kelkun d’l’autre côté ».  Je voulais tourner le clip en un plan-séquence en jouant la chanson à l’envers, en filmant Vincent lipsynchant sur les paroles à l’envers.

Ainsi, en jouant le clip à l’envers, tout le monde bougerait aussi à l’envers à l’écran alors que Vincent chanterait à l’endroit dans un mélange de partys de loft, de cirque et de bandes bigarrées de musiciens ainsi que des amis du groupe. On y voit notamment Julie Slater danser avec ses longs cheveux, on voit des cracheurs de feu, du body surfin’ et un méchant party!

Malheureusement, Vincent n’a jamais réussi à apprendre les paroles par cœur à l’envers alors on a changé l’idée du plan-séquence en une série de vignettes tournées lors de cette soirée. J’avais assez de pellicule pour faire trois prises du clip. Je me rappelle qu’on avait monté le vidéoclip de nuit à l’UQAM, Jean-Pierre Gauthier et moi.

On était heureux et fiers d’aider une formation qui commençait à se faire un nom. Groovy Aardvark était à nos yeux les porte-étendards d’une nouvelle génération d’artistes québécois qui,  avec d’autres groupes de la même période, dont Grim Skunk,  allaient définir une partie de la scène locale du moment.

 

J’aimerais qu’on aborde maintenant SOUS UN CIEL ÉCARLATE (1996), réalisé pour le groupe Banlieue Rouge.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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François Bégin — Un clip que j’aime beaucoup. Un autre tournage grégaire reposant sur les amis du groupe pour rassembler plusieurs figurants. Safwan, le chanteur du groupe est aussi un artiste-tatoueur et j’ai eu le goût de tourner avec un clip avec un look un peu tribal, avec du feu et des tatoueurs. Safwan a recruté plusieurs de ses clients, de ses collègues et des clients de ses collègues pour avoir une foule habillée un peu comme des Vikings et axée vers un look clanique que je recherchais. On est dans le piercing, le tatouage et le marquage de la peau. On avait tourné le clip dans l’ancienne poudrière de l’île Sainte-Hélène qu’on voit près du pont Jacques-Cartier.

 

Le clip reposait sur un trip de montage, de lumière, de flammes et une série de jeux de mots avec le mot feu. Comme mettre le feu aux poudres ou comme le feu est dans la poudrière. J’ai travaillé très fort avec Safwan pour monter le clip avec une très grande précision. Tout le monde a été extrêmement généreux. Je dois avouer que c’est un de clips qui me désole de ne pas avoir de belle copie à partager.

 

Vous avez réalisé trois vidéoclips pour le groupe Okoumé, dont

À L’ENFANT QUE J’AURAI (1997) qui s’est avéré être votre premier buzz clip à MusiquePlus.

 

François Bégin — Un beau trip, en effet. Écoute, au début, j’écoutais la chanson en boucle et aucune idée ne s’imposait. Habituellement, j’écoute quelques fois de suite une pièce et une idée se faufile. Mais dans ce cas-ci, rien : pas d’images et aucune idée. Je lisais les paroles et j’ai soudainement pensé au clip de Lionel Ritchie, DANCING ON THE CEILING (1986) avec la pièce qui tourne sur elle-même et les gens qui dansent sur les murs et le plafond. Le concept était cette pièce rotative et une multiplication d’époques évoquées selon les plans, passant des années 20, 30 et 40 et ainsi de suite pour souligner l’universalité du thème de la paternité. On voulait insister sur l’humanité de la relation père-fils à l’écran avec, par exemple, le père et le fils qui se disputent de chaque côté de la pièce où le fils qui rentre d’une brosse pour se coucher au plafond.

Clip officiel : https://vimeo.com/505062480

https://vimeo.com/505062480?fbclid=IwAR0W_haZpEsRN_l6VGTej326oKHhvSJYBsHR8ClsVESFoR9vJtyo6GUUDdM

 

Making of du clip :

Le défi était de construire cette pièce où les gens pouvaient marcher sur les murs et le plafond. La pièce tenait sur une structure avec des rigs en métal. Des fois, la caméra était à l’endroit; des fois, à l’envers, selon les perspectives désirées. Nous n’avions pas les moyens de la faire tourner sur elle-même à l’écran, mais nous pouvions l’inverser ou jouer avec les perspectives entre les plans. On avait aussi à l’époque tourné un making of du clip où l’on voit bien comment la pièce était construite et articulée. Nous n’avions jamais partagé cette vidéo avant la réalisation de cette entrevue.

 

Quels souvenirs gardez-vous du tournage du clip TON VISAGE (1998) réalisé pour Nancy Dumais ?

 

 

 

 

 

 

 

 

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François Bégin — SPYKEFILM avait déjà travaillé avec Nancy. Miryam Bouchard avait déjà réalisé ses deux premiers clips, des projets plus atmosphériques, SOUDÉS À JAMAIS et PARLER AUX ANGES. Des clips où on montrait une Nancy plus sage, plus près d’une auteure-compositrice. Avec le 3e clip, Nancy et son agence visaient un changement d’image, plus sexy et plus enjouée. La chanson se prêtait bien à ce genre d’exercice avec son côté funky et ses paroles nostalgiques qui nous renvoient à son adolescence. J’ai donc joué sur la nostalgie et j’ai regroupé des objets qui évoquaient les années 70, comme un jeu Lite-Brite, un Slinky, des décorations à gogo et des figurines LEGO. La maison que l’on voit au début du clip dans le long mouvement de Dolly est celle de mes parents où j’ai grandi à Laval, car je cherchais une architecture des années 70.

 

Le stop motion était réalisé avec une Bolex qu’on avait payée 400$ en argent comptant. Dans un clip que j’avais tourné juste un peu avant, pour le groupe Oblik. J’avais besoin de filmer en time lapse un repas dans une assiette en train de pourrir en accéléré et le chanteur du groupe, Charles-Robert Henley, « Bob le tech », nous avait proposé de bizouner un intervallomètre, c’est-à-dire une tige de métal qui sort à intervalle régulier pour activer le mécanisme de photographie.

 

On a utilisé ce mécanisme maison durant des années, dont notamment sur les stop-motions du clip TON VISAGE et pour filmer New York en time lapse pour le clip WHAT IS THE COLOR OF LOVE de l’artiste jazz Yannick Rieu.

 

Parlons-en donc du clip STAY AWAY (1998) réalisé pour le groupe anglo-montréalais Oblik

 

François BéginOblik faisait partie de la scène locale depuis un bon moment déjà. Quand le premier album est enfin sorti, j’étais vraiment heureux de pouvoir travailler avec le groupe. J’étais alors un peu blasé des clips de rock avec montage rapide et saccadé. Oblik est arrivé à la croisée des chemins. Je voulais sortir de la performance d’un groupe à l’écran et me consacrer à des clips plus cinématographiques. Je prenais une bière avec Podz et lui disais que j’étais un peu à court d’idées pour ce projet-ci. On est partis dans une volonté de déconstruction avec des scènes lentes. Podz a vite soumis l’idée d’un couple dans une chambre d’hôtel. Celui-ci vient de faire l’amour, mais on comprend que la relation s’est effritée. La relation est en train de pourrir à l’image de la nourriture en putréfaction sur la table à café. La télévision est allumée et l’homme regarde un vidéoclip. Le faux clip, jouant dans la télé, est un peu une satire du genre de clip que je ne voulais plus réaliser. Le groupe s’était beaucoup impliqué dans la conception du clip, du brainstorming au montage final. J’aimais bien ça quand les groupes s’impliquaient, car après tout, c’était eux qui vivraient avec le produit final.

 

Le clip avait été tourné sur deux semaines. Le premier jour de tournage, nous avions vidé notre salle de montage chez SPYKEFILM, repeint tous les murs en blanc et tournée avec les membres du groupe entassé dans un coin. Le batteur du groupe, Stéphane Gaudreau insistait pour avoir sa batterie transparente dans le clip. Nous avons ainsi tourné plusieurs prises d’Oblik en train d’interpréter la pièce musicale. Ça s’était pour le clip dans le clip. Le second samedi, nous avons tourné dans un motel dans l’Est de Montréal. Je cherchais un motel kitsch avec un bain en forme de cœur. Dans la chanson, il y a une courte pause. Nous avions décidé d’allonger cette pause, de passer d’une photographie en noir et blanc à une photographie riche en couleur avec comme seul bruit de fond le robinet du bain. Quelque part, ça se voulait antinomique. Je voulais littéralement priver le spectateur de couleur, mais pour un court instant, je lui ai offert des couleurs et des sons pour sublimer ce moment de réalité et ensuite revenir en contexte noir et blanc. C’était l’idée de la cassure dans le clip, comme l’instant de cassure pour le couple.

Le vidéoclip officiel :

Le clip dans le clip :

 

Avec le clip JE VIS AVEC réalisé pour Gaston Mandeville vous avez reçu une nomination au Gala de l’ADISQ 1998 comme Meilleur réalisateur de l’année. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience humaine et artistique?

 

 

 

 

 

 

 

 

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François Bégin — Le clip le plus émouvant que j’ai eu à réaliser. Quand j’ai rencontré Gaston, il était déjà malade et très faible, mais il voulait s’impliquer dans la création de ce vidéoclip. Le titre JE VIS AVEC renvoyait à son cancer des os. On a déposé ensemble une demande de subvention, mais malheureusement, lorsque nous avons reçu une réponse positive pour réaliser le clip, Gaston nous avait déjà quittés. Avec sa veuve, Linda, nous avons fouillé dans les souvenirs de Gaston afin de rendre un dernier hommage à sa vie. Nous sommes allés dans son sous-sol et avons ouvert des dizaines de boîtes, car Mandeville gardait littéralement tout.

 

Tout ce qu’on voit dans le clip, c’est la vie de Gaston en quelque trois minutes. J’avais aussi fait scanner des lettres qu’il avait écrites pour pouvoir utiliser sa calligraphie en bas d’écran durant le clip. On y voit toute sorte de choses, des objets personnels, des dessins qu’il avait faits, des extraits de vidéoclips précédents qu’il avait tournés, dont L’HOMME DE LA MAISON. Le concept du clip était qu’une caméra entre dans le grenier de Gaston comme si elle entrait dans sa mémoire. Nous découvrons l’homme et l’artiste à travers ses souvenirs. Nous avons tourné en 35 mm avec une immense caméra qui enregistre et répète les mêmes mouvements préprogrammés. On a fait deux prises consécutives, mais en enlevant ou ajoutant des objets dans le parcours de la caméra. Ainsi au montage, on pouvait faire apparaître et disparaître des objets à volonté.

 

Quels souvenirs gardez-vous de vos années SPYKEFILM?

 

François Bégin — On était habité par un sentiment de communauté. On était comme une gang de guerriers décidée à tourner malgré le frette, l’humidité, des heures éprouvantes et des conditions parfois précaires. Les équipes étaient réellement dévouées. Ç’a été une très grande aventure. J’y ai réalisé 101 vidéoclips et j’en ai monté plus de 50 autres. Parmi les réalisateurs qui ont passé par SPYKEFILM, mentionnons notamment Robin Aubert, Jean-François Asselin, Miryam Bouchard, Alexis Durand-Brault, Patrick Gazé, Rafaël Ouellet, Podz, Jean-François Proteau et Nadia Simaani. Encore aujourd’hui, je vois plein d’artisans qui s’illustrent dans l’industrie et suis fier quand je réalise qu’ils ont fait leurs premières armes avec nous.

 

 

Une entrevue avec Lyne Charlebois réalisée par Marc Lamothe dans le cadre de la série CES ARTISTES QUI ONT FAIT DES VIDÉOCLIPS

Lyne Charlebois en entrevue avec Marc Lamothe pour un retour sur la création de nombreux vidéoclips

Une entrevue de Marc Lamothe dans le cadre de la série CES ARTISTES QUI ONT FAIT DES VIDÉOCLIPS (4 ) avec Lyne Charlebois

Lyne Charlebois s’est d’abord illustrée à titre de photographe, de vidéaste et de réalisatrice publicitaire. Elle se consacre maintenant au cinéma et à la télévision. Au cinéma, on lui doit le film BORDERLINE (2008) adapté des livres Borderline et La Brèche de Marie-Sissi Labrèche. Ce film allait s’attirer des prix et des éloges provenant d’un peu partout autour du monde. Son travail sur des téléséries comme TABOU (2002), NOS ÉTÉS (2005), SOPHIE PARKER (2008-2009), TOUTE LA VÉRITÉ (2014), EAUX TURBULENTES (2019) ainsi que sur le docu-fiction YIN YANG a su passionner des milliers téléspectateurs.  Elle a aussi réalisé quelques épisodes de la série THIS LIFE II et deux saisons de la websérie MÈRE & FILLE

Alors qu’elle est en processus d’écriture, l’artiste touche-à-tout a accepté de revisiter avec nous quelques-uns des vidéoclips qu’elle a réalisés. Certains restent emblématiques de leur période de production, d’autres iconiques pour leurs interprètes et quelques-uns, oubliés avec les années. Entre 1989 et 1999, Lyne Charlebois a réalisé près de 100 vidéoclips. Sa vidéographie couvre un kaléidoscope d’artistes réellement éclectiques. À preuve, elle a notamment conçu des clips pour Les B.B., Beau Dommage, Isabelle Boulay, Jim Corcoran, Céline Dion, Pierre Flynn, Corey Hart, Éric Lapointe, Léandre, Kevin Parent, Les Parfaits Salauds, Gildor Roy, Richard Séguin, Vilain Pingouin et Roch Voisine. Bref, l’œuvre vidéo de Lyne Charlebois couvre une partie importante de nos années MusiquePlus. 

CTVM.info — Comme nous allons parler de musique et de vidéoclips, j’aimerais commencer l’entrevue en vous demandant quel genre de musique écoutait la jeune Lyne Charlebois ?

LYNE CHARLEBOIS — J’étais folle de musique folk. J’adorais Bob Dylan, Joni Mitchell, Tim Buckley et James Taylor. J’écoutais aussi beaucoup les disques de Léo Ferré. J’aimais aussi le rock, mais j’étais plus Beatles que Rolling Stones. Ceci dit, j’affectionnais les Stones aussi. J’étais une fille à textes, ce sont les paroles qui me touchaient le plus dans la musique. Les mots et la poésie. Je rêvais d’écrire quand j’étais petite. Je ne voyais pas d’images en écoutant de la musique à cette époque. Le lien entre le son et l’image s’est développé plus tard quand je me suis mise à la photographie.

Vous avez d’ailleurs fait vos débuts à titre de photographe de plateau. Quel était votre tout premier plateau et quels souvenirs gardez-vous de cette période ?

LYNE CHARLEBOIS — Mon premier plateau était MARIA CHAPDELAINE en 1983, le film de Gilles Carle. J’étais en fait assistante-photographe sur ce film, Pierre Dury était le photographe et je m’occupais surtout de la chambre noire et des développements. J’ai été photographe sur LA GUÊPE (1986), un autre film de Gilles Carle. J’ai fait de la photo pour quelques séries télé, puis j’ai eu la chance d’être photographe de plateau sur des films comme UN ZOO, LA NUIT (1987) de Jean-Claude Lauzon. Lors de cette même période, j’ai eu l’honneur de gagner un prix avec des photos prises sur le plateau d’un documentaire sur l’anorexie, LA PEAU ET LES OS (1988) de Johanne Prégent.

 


LA PEAU ET LES OS, un film de Johanne Prégent

Comment s’est fait le passage de la photographie à réalisation ?

LYNE CHARLEBOIS — Le premier vidéoclip sur lequel j’ai été photographe de plateau est JOURNÉE D’AMÉRIQUE (1988) de Richard Séguin. Je regardais ce tournage et je me disais que je pourrais faire des clips moi aussi. L’appel est réellement venu sur ce plateau. Pendant le tournage, je suis allé voir le producteur pour lui témoigner de mon intention de réaliser des clips et c’est ainsi que je suis passé à la réalisation. Dès ce moment, j’ai été attentive au média et j’ai consommé des vidéoclips. Je me souviens encore que le tout premier clip qui m’avait réellement jetée par terre était THE END OF INNOCENCE, tourné en 1989 par David Fincher pour Don Henley. J’ai trouvé ça tellement beau que j’en ai presque pleuré. J’ai ainsi réalisé que je voulais me concentrer sur des clips photographiques.

THE END OF INNOCENCE, réalisé par David Fincher
Malheureusement, ce clip n’est pas disponible en ligne…

Mon tout premier clip a été pour Mario Pelchat en 1988, mon clip suivant a été avec Johanne Blouin, et mon troisième était pour la chanson TOMBER de Laurence Jalbert. On avait entre les mains une super belle chanson. C’était quelque chose de nouveau au Québec et la voix de Laurence était distinctive et forte. On a fait un clip composé de saynètes construites autour du thème du vertige amoureux. L’important pour moi a été d’illustrer toutes sortes d’amour. On y voit entre autres deux gars, des gens plus âgés, une dame avec son animal de compagnie ainsi que des gens seuls.

Tomber

Qu’est-ce qui fait un bon clip à vos yeux ?

LYNE CHARLEBOIS — Tout part de la chanson. Un clip est bon quand la toune est bonne. Il est, je crois, impossible de faire un bon vidéoclip avec une mauvaise chanson. C’est rare qu’on entende dire que le clip est beau, mais que la chanson est mauvaise. Ceci dit, la chanson peut être bonne et le clip mauvais. Il y a une question de dosage où le vidéo final ne doit pas « upstager » la chanson ou l’artiste. Le talent d’un bon clip est qu’il accompagne bien la chanson en respectant les bases de celle-ci et la volonté de l’artiste.  

Avec David Franco sur le plateau du clip SÈCHES TES PLEURS (1992) de Daniel Bélanger

Vous étiez l’une des premières réalisatrices dans cette industrie naissante du clip ? La première à se mériter un prix Félix pour le meilleur vidéoclip en 1988 avec TOMBER. Sentiez-vous personnellement une réelle différence sur les plateaux à cette époque comparativement à aujourd’hui ?

LYNE CHARLEBOIS — Bonne question. Mais, je te dirais non, pas vraiment. Quand je dirigeais des clips, pas mal toute mon équipe était du même groupe d’âge que moi et on apprenait et développait ce média ensemble. Tout le monde, ou à peu près, sortait de l’école. David Franco, un directeur photo avec qui j’ai beaucoup collaboré sortait de l’école. Il est aujourd’hui directeur de la photographie sur de grosses séries comme GAME OF THRONES ou BOARDWALK EMPIRE.

Avec David Franco sur le plateau du clip OPIUM (1992)

Tournage en ARIZONA pour Patrick Normand. En arrière-plan, David Franco et Eric Parenteau

 

Quand j’ai commencé à faire de la télévision, je n’ai pas trop senti de différence non plus, sauf quand je changeais d’idée sur le plateau. Je crois qu’un gars avait le droit de changer d’idée, mais peut-être pas une fille. À cela, je répondais toujours ma phrase célèbre : « Je ne change pas d’idée, j’évolue ! » C’est le seul moment où je sentais une certaine différence d’attitude. Par contre, je me souviens d’une fois où je postulais pour une série télé et les producteurs m’avaient répondu que je n’avais pas assez de couilles et ils ont finalement pris Érik Canuel et Podz. Force est d’admettre qu’il est vrai que je n’ai pas de couilles et que techniquement, Érik et Daniel en ont… (rires)

Le fait de travailler à plusieurs reprises avec les mêmes artistes change sûrement les rapports à la créativité sur leurs projets. Que pouvez-vous me dire par exemple du parcours emprunté dans le temps avec un artiste emblématique comme Daniel Bélanger ?

LYNE CHARLEBOIS — Daniel ! Cela a été un honneur de travailler avec lui. J’aimais vraiment ses chansons qui venaient me chercher au plus profond de moi. C’est un grand artiste et ses chansons sont inspirantes. Mes clips avec lui sont parmi mes préférés. Je ne crois pas qu’on puisse parler d’évolution. Chaque clip est un défi différent. On partait pas mal de mes idées et on élaborait là-dessus. Daniel est le genre de gars qui fait confiance à ses collaborateurs. Comme tout part de ses chansons et de ses paroles, ça devenait notre projet à tous les deux.

Daniel Bélanger 1 2 3 et 4 

Tout de suite après TOMBER, vous enchaînez avec la chanson JE SAIS, JE SAIS de Marjo. Ce clip vous vaudra votre deuxième Félix pour le Meilleur vidéoclip (1991). Parlez-nous de la genèse de ce projet intimiste ?

LYNE CHARLEBOIS — Je me souviens encore, je parlais à Michel Sabourin, le gérant de Marjo et je tentais de lui expliquer mon concept, mais c’était difficile à expliquer. J’ai finalement dit pour clore la discussion quelque chose du genre « Écoute Michel, je veux montrer le for intérieur de Marjo, pas juste la rockeuse. Je veux explorer le noir et le blanc, la rockeuse et la douce, ainsi que la femme et la petite fille qu’est Marjo. » Le clip a réussi à changer un peu l’image de Marjo aux yeux du public. Le guitariste, co-auteur et compagnon de vie de Marjo m’avait dit au sujet de ce clip : « Tu as montré Marjo comme je la vois et comme personne ne là jamais vu avant. » Pour moi, c’était évidemment le plus beau des compliments. Comme la chanson était une ballade, ça se prêtait bien à ce genre d’exercice. On a pu expérimenter avec divers effets dans ce clip et c’est David Franco qui agissait à titre de directeur photo. 

JE SAIS, JE SAIS 

Vous avez eu la chance de collaborer avec Ginette Reno lors de la création du vidéoclip de la chanson REMIXER MA VIE, une œuvre très ludique. Que pouvez-vous nous dire sur cette rencontre ?

LYNE CHARLEBOIS — Écoutes, j’ai tellement ri durant ce tournage, que du plaisir. Ginette est réellement adorable. Travailler avec elle était agréable, car c’est une personne sympathique, simple, entière et sans chichi. Elle n’a aucun sens du vedettariat. Sur le plateau, elle me parlait comme si on s’était toujours connue. Elle a embarqué volontiers dans toutes nos idées. On lui avait fait faire une robe géante pour le plan final, quelle idée !

REMIXER MA VIE

https://www.youtube.com/watch?v=RI5wNOsO-F4

En 1991, vous collaborez avec Les B.B. pour le vidéoclip de la chanson DONNE-MOI MA CHANCE. Si vos vidéos sont souvent intimistes et favorisant le noir et blanc, voici un clip haut en couleur et rempli de figurants. Que pouvez-vous nous dire sur ce tournage ? 

 

LYNE CHARLEBOIS — Mon amie Carole Bergeron qui était chorégraphe a fait un beau travail sur ce clip qui se voulait une allégorie du jeu d’échecs. Le jeu, la chance et le hasard qui s’entrecoupent dans un concept un peu abstrait. Je l’aime beaucoup ce clip, la danseuse rousse et toutes ces couleurs partout, c’était beau. C’est bien beau le noir et blanc, mais des fois il faut s’amuser avec la couleur. OPIUM et LES TEMPS FOUS de Bélanger sont aussi en couleurs, mais dans une palette des peintres de la Renaissance.

DONNE-MOI UNE CHANCE

Parlons donc d’OPIUM, réalisé pour Daniel Bélanger. Cette production vous a valu une autre statuette Félix dans la catégorie Vidéoclip de l’année (1992) et a été élu meilleur clip au Music Festival de Los Angeles. Parlez-nous de ce plateau particulier ?

LYNE CHARLEBOIS — Un tournage quasi idéal. J’étais tellement en amour avec cette chanson éclatée. Les paroles avaient quelque chose de surréaliste, de la poésie en images. Je suis une amoureuse de la photo alors j’ai amené sur ce clip une série de diapositives pour projeter en arrière-plan. Je dois absolument souligner le travail de Frédéric Page, le directeur artistique sur ce projet, un bon ami que j’ai connu en réalisant des clips. On n’en revenait pas comment tout avait bien été sur ce tournage. Tout fonctionnait à merveille. Par exemple, les feuilles de papier qui tombent, deux prises ont suffi, tout est tombé exactement comme on le souhaitait. Même les scènes avec l’eau se sont bien déroulées. Et en plus, quand on est arrivé au montage, tout se plaçait bien. Un vrai charme.

OPIUM

En 1994, vous tournez un vidéoclip pour la chanson TUNNEL OF TREES de la formation anglophone Gogh Van Go. Il a reçu un prix Juno à Toronto pour le meilleur clip de l’année à sa sortie. Parlez-nous de la production de cette œuvre au ton surréaliste ?

LYNE CHARLEBOIS — J’aimais beaucoup ce groupe et j’adorais la chanson. J’écoutais ce disque chez moi sur une base régulière. Je n’ai pas revu ce clip depuis des décennies, mais je garde en tête une autre belle collaboration avec Frédéric Page, le directeur artistique. Pour ce clip, nous avions construit une section de pièce de maison, mais localisée à l’extérieur de celle-ci, ce qui permet notamment des plans et des éclairages inusités. J’aime jouer avec les objets. Il y a une succession hétéroclite d’objets qui retiennent la fenêtre ouverte. Après le directeur photo et le directeur artistique, l’un de mes plus proches techniciens est toujours l’accessoiriste de plateau. Chaque objet parle et porte une histoire et un langage qui veut dire quelque chose. Je garde en tête un beau tournage. Bruce Chun avait fait la photo, nous avions eu une température magnifique ce jour-là et tout le tournage avait été réalisé dans la joie du moment.

TUNNEL OF TREES 

En 1996, vous retrouvez Daniel Bélanger pour son deuxième album et réalisez LES TEMPS FOUS. Parlez-nous de ce tournage qui vous a valu un autre Félix pour le Meilleur vidéoclip de l’année (1997) ?

LYNE CHARLEBOIS — Un peu comme OPIUM, je voulais des projections sur les murs, mais cette fois, j’y suis allé de projections plus animées, pour un effet plus cinématographique, comme pour communiquer un certain vertige. Je voulais du mouvement. Je dois ici souligner ici l’apport de mon ami Pierre Desjardins avec qui je réalisais des bandes défilantes d’images géantes en mouvement projetées sur des murs. J’ai eu l’idée d’intégrer certains de ces défilements en projection sur les murs dans le clip. On avait tourné dans une ancienne bibliothèque de la ville de Montréal. C’était un édifice magnifique et le plancher de l’un des étages était en verre. Les projections sur ces murs et les balustrades déformaient nos images projetées. J’ai aussi utilisé de nombreuses photos en noir et blanc que j’ai filmées dans l’eau, ce qui leur donne une dimension beaucoup moins plaquée à l’écran. Bruce Chun a agi comme DOP et on a tourné ça en une seule journée. Imagine, une seule journée !

LES TEMPS FOUS

Je me souviens que j’avais expérimenté quelque chose sur ce tournage. J’avais cloué des skis au sol et j’ai demandé à Daniel de s’installer avec des bottes sur ces skis bloqués. Ça lui permettait de se laisser aller vers la droite et vers la gauche de manière intrigante. En ne cadrant pas les skis au sol, ça donnait un très bel effet. Je le voyais comme une anguille et ça répondait à la phrase, « Tes cheveux font des anguilles. Sur mon cœur qui n’est plus rien ». 

En 1997, vous réalisez le clip EL DESIERTO pour Lhasa de Sela, extrait de son album LA LLORONA. Parlez-nous de ce tournage ?

LYNE CHARLEBOIS — La belle Lhasa ! Dès notre première rencontre, je me suis dit « quelle grande dame » ! Pour ce clip, je suis parti d’une idée inspirée du film LE CASANOVA DE FELLINI (1976) avec ses décors en carton-pâte évoquant le théâtre et la mer reproduite avec de grandes toiles de plastique. Dans ma tête, je la voyais assise dans une chaloupe et elle était entourée d’eau. On a tourné en extérieur un premier juillet, et il faisait moins deux degrés. Je portais mon Kanuk en plein juillet ; et Lhasa ne portait qu’une petite robe soleil. On avait tourné dans l’Est de Montréal, près des raffineries. La photographie était signée Yves Bélanger et au final, le décor était réellement surréaliste avec les raffineries en arrière-plan.

EL DESIERTO

En terminant, y a-t-il eu un artiste avec lequel vous auriez aimé travailler durant cette période, mais que la rencontre n’a finalement pas eu lieu ?  

LYNE CHARLEBOIS — Ma grande peine est de ne pas avoir pu réaliser de vidéo pour Jean Leloup. Je le connaissais assez bien et un jour, il m’a dit, « tes clips sont trop sophistiqués pour moi ». James Di Salvio a fait un travail formidable et éclaté avec Jean. Mais j’ai tout de même eu le plaisir de travailler avec lui puisque j’ai été photographe pour la conception de la pochette de son premier album, MENTEUR. 

 

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Mères au front déjà 1 an d’existence!

Pour leur premier anniversaire, les Mères au front exigent une vraie loi climat pour protéger l’avenir de leurs enfants

Il y a un an, quelques dizaines de mères et grands-mères montaient au front pour exiger une réponse à l’urgence climatique. Elles rappelaient aux élu.e.s que leur première responsabilité est de protéger la santé et la sécurité de la population. Malgré la pandémie, plus de 5 000 personnes ont rejoint le mouvement décentralisé des Mères au front. Vingt-cinq groupes d’action se sont formés de l’Abitibi à la Gaspésie en passant par presque toutes les régions du Québec et jusqu’en Belgique. Dans le reste du Canada, le mouvement travaille en étroite collaboration avec For Our Kids.

Pour que la vie gagne

« Nous exigeons une vraie loi climat au Canada. Une loi contraignante qui nous obligerait à atteindre les cibles établies par la science. Une loi rigoureuse assortie d’un budget carbone, de règles de reddition de comptes tous les cinq ans, de transparence et d’imputabilité. » Stipule Laure Waridel co-instigatrice de Mères au Front. Mères au front réclament que le premier échéancier soit 2025 et que des actions ambitieuses commencent maintenant.

Une vraie loi climat ferait en sorte que des projets d’infrastructures toxiques comme les pipelines de GNL-Québec et de Trans Mountain seraient interdits parce qu’ils aggraveraient la crise climatique. Si elles vont de l’avant, de telles infrastructures seront encore en opération en 2050, alors que le Canada s’est engagé à atteindre la carboneutralité pour la même année. Les Mères au front exigent de la cohérence.

Tous les enfants sont nos enfants

Le projet de loi C-12 présenté par le gouvernement comme sa « loi sur la carboneutralité » n’a rien d’une vraie loi climat. Les Mères au frontdemandent à tous les élu.e.s fédéraux d’agir immédiatement avec ambition pour l’améliorer. 

« Nous refusons de regarder le Canada s’engager dans une autre fausse promesse pour finalement en faire trop peu, trop tard. Nous n’accepterons pas des cibles déficientes, des retards de dix ans et des méthodes qui ne nous amènent pas à prendre nos responsabilités réelles à l’égard de nos enfants. Il est trop tard pour ça. Nous demandons à nos élu.e.s d’agir maintenant avec cœur et rigueur. » soutient Anaïs Barbeau-Lavelette co-instigatrice du mouvement.

« Dans l’Histoire du monde, on a vu que quand la mère se fâche, c’est qu’il est déjà presque trop tard. Elle rassure et réconforte habituellement. Nous sommes acculés au pied du mur et devant l’inaction de nos dirigeants, nous bercerons d’un bras et brandirons l’autre. » ajoute-t-elle. L’amour de leurs enfants est leur arme de construction massive pour la suite du monde.

Et parce qu’aimer c’est agir, les Mères au front et leurs alliés ont co-réalisé cette vidéo sur les magnifiques paroles de Véronique Côté avec la participation des artistes mères au front Ève Landry, Anaïs Barbeau Lavalette, Nathalie Doummar, Florence Blain et Éléonore Loiselle.

https://click.email.vimeo.com/u/?qs=d4bbac2ee05e5d921627b9826ab6fc3ff89b784bcd3a053dcb1ec3989e73d43582da9ef66ecaa9fdcbeff56e7a534e8fb8dda3f2fcb7022039940fe7a7023e80

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Une entrevue avec Miryam Bouchard réalisée par Marc Lamothe dans le cadre de la série CES ARTISTES QUI ONT FAIT DES VIDÉOCLIPS

La réalisatrice Miryam Bouchard en entrevue avec Marc Lamothe pour un retour sur la création de nombreux vidéoclips dans les années 90

Une entrevue de Marc Lamothe dans le cadre de la série CES ARTISTES QUI ONT FAIT DES VIDÉOCLIPS (4 ) avec Miryam Bouchard

Miryam Bouchard, réalisatrice et scénariste s’est fait connaître du public avec de nombreuses séries, dont LES CHRONIQUES D’UNE MÈRE INDIGNE (2009-2011), MON EX À MOI (2015-2016), M’ENTENDS-TU (2018) et L’ÉCHAPPÉE (2016-2019).

Elle a aussi versé dans le documentaire avec des séries telles que CHRONIQUES DE LA VIOLENCE ORDINAIRE (2004) et LA GUERRE DES SEXES (2005).

On lui doit quelques courts métrages et de nombreux vidéoclips. Plus récemment, elle nous offrait son premier long métrage, MON CIRQUE À MOI (2020), une œuvre aux résonnances résolument personnelles. 

Nous avons au Québec célébré et embrassé l’arrivée des diverses cultures musicales alternatives au début des années 90. Un public captif et sans cesse grandissant suivait assidûment ce qu’on appelait affectueusement la scène locale. Punks, métalleux, alternos, gothiques, ska, trad et même les franges heavy du hip-hop et de la pop se retrouvaient tous sur les mêmes scènes des grands festivals québécois, dont les tournées Polliwog. La multiplication des groupes locaux, la création de programmes de subvention à la production et la demande sans cesse croissante pour des vidéoclips a vu cette industrie exploser dans cette décade.

C’est ainsi que le Québec a vu naître diverses maisons de production de vidéoclips, dont SPYKEFILM où Myriam Bouchard a fait ses débuts à titre de vidéaste. C’est de cette période bouillonnante que nous discuterons avec celle qui a tourné des clips pour des artistes variés, allant de Carmen Campagne à Plume Latraverse et de Don Karnage à Marie-Denise Pelletier, et pour un certain Tom Waits…

 

CTVM.info : Quels souvenirs gardez-vous des années 90 et de vos années à réaliser des vidéoclips, soit entre 1995 et 1999 ?

Myriam Bouchard — C’était une période extrêmement effervescente musicalement. J’ai tellement de bons souvenirs de cette époque. Des fois, quand je vois l’engouement pour des festivals extérieurs comme Osheaga, je me dis « Ouin, mais vous n’avez pas connu les éditions du Polliwog ». L’industrie du clip d’alors atteignait un certain zénith. On pouvait tourner entre trois et cinq clips pour le même album. C’était énorme. Je pense au groupe Noir Silence pour lequel SPYKEFILM avait produit quelque 11 clips pour leurs deux premiers albums. Je me souviens de semaines où nous pouvions tourner près de 10 clips plus ou moins en même temps. On avait faim et on avait des couteaux entre les dents. On roulait sur l’énergie de la vingtaine. 

On avait de tout petits budgets. On multipliait les demandes de subventions et on était plutôt créatifs avec les locations d’équipement et les valeurs de certains clips. Un vidéo pouvait être tourné de jour avec le même équipement d’un autre clip qui lui était tourné de nuit, on recyclait des décors et accessoires, ce genre de créativité. Mon premier vrai gros budget était pour un clip de Nancy Dumais en 1998. 11 000 $ pour un tournage de deux jours en 16 mm. J’ai capoté ma vie…

Le mouvement Kino n’existait pas encore, financer du court métrage était très difficile et le seul endroit pour se faire remarquer était probablement la série LA COURSE AUTOUR DU MONDE. Il était donc important de tourner des clips pour se faire remarquer et se faufiler dans l’industrie. Ça nous permettait de développer notre métier tout en vivant dans un monde souvent imaginaire et de bénéficier d’une diffusion pour notre travail. C’était beau de voir cette scène s’éclater dans toutes les directions, de Me Mom and Morgentaler à Bran Van 3000, de Nancy Dumais à Banlieue Rouge et de Muzion à Dubmatique. Musicalement, cette diversité était belle à voir et c’était une belle époque pour évoluer dans ce métier.

Vous êtes la fille de Reynald Bouchard. Plus qu’un acteur, votre père était un poète, un clown et aussi un artiste de cirque. Est-ce que le goût de la narration, de raconter des histoires et partager du merveilleux vient de vos souvenirs d’enfance à le regarder travailler ?

Miryam Bouchard — C’est certain que j’ai longtemps pensé que j’avais une enfance normale, mais j’ai dû éventuellement réaliser que non. Aux yeux de bien des gens, ça peut sembler excentrique ; mais pour moi, c’était mon quotidien. C’est certain que j’ai grandi dans une succession de spectacles impromptus en guise de mode d’expression. Dans cet univers particulier, j’étais du genre timide et réservé. Je n’étais pas une enfant qui chérissait le désir d’être sous les projecteurs. J’étais la présentatrice des spectacles de mon père, mais après quoi, je m’assoyais en coulisse pour le regarder. J’aime beaucoup les coulisses de spectacle, regarder les artistes dans la lumière et être là, à leur écoute. Réaliser pour moi, c’est un peu ça. Tu mets en scène dans la lumière des acteurs et des interprètes alors que tu restes à l’arrière-scène. La réalisation me ramène à ce bien-être-là que je ressentais en coulisse. Jouer fait partie de ma vie. Jouer avec des costumes, des maquillages, des décors, des accessoires, des lentilles et des éclairages. On avait un énorme atelier de 5 000 pieds carrés dans lequel je pouvais faire du vélo pendant que mon père pratiquait sur son unicycle. 

 

Durant mes études au collège Brébeuf, j’ai commencé à réaliser des courts métrages et des photo-montages. Mon père était dans tous mes films, il était de tous mes tournages. On a fini par tourner des vidéoclips ensemble. On le voit entre autres sur des échasses dans un clip de Nancy Dumais. Le mari de ma mère a aussi joué dans certains de mes clips. J’ai donc plongé dans ce métier, entourée des gens que j’aime. Un tournage, c’est aussi créer une famille autour d’un projet et je tentais de reproduire ainsi ce que j’ai connu. 

Votre premier vidéoclip était une proposition non officielle sur une chanson de Tom Waits ? Pourriez-vous revenir sur cette initiative ?

 

Miryam Bouchard — Je sortais à peine de l’université Concordia quand j’ai joint SPYKEFILM. À mes débuts, je faisais un peu de tout, de l’assistance à la réalisation jusqu’au maquillage. Personne ne m’engageait comme réalisatrice, car je n’avais pas d’expérience en clip. J’avais fait des courts métrages à l’université. Certains de ces courts ont gagné des prix, qui me permettaient de profiter de la location d’équipement et de la pellicule. Je me suis donc créé une première expérience. J’ai tourné par moi-même un faux vidéoclip sur une chanson de Tom Waits, YESTERDAY IS HERE. 

On était deux sur l’équipe, Tamir Moscovici et moi. Tamir est devenu un réalisateur vedette de pub à Toronto et aux États-Unis depuis. On avait plein d’idées, une caméra Bolex à crinque, une lentille de projecteur et toutes sortes de plateformes qu’on avait patentées. Une partie du clip était tournée en campagne chez le deuxième mari de ma mère, un artiste peintre merveilleux du nom de Robert Wolfe que l’on voit brièvement vers la fin et pour qui j’avais énormément d’affection. On s’est ensuite déplacés jusqu’à New York pour filmer des ambiances, des scènes de pauvreté et des files devant des soupes populaires. Un tournage guérilla-style, évidemment. Yvan Thibaudeau, qui est maintenant un monteur établi, travaillait avec nous sur le montage du clip. Aujourd’hui, il œuvre sur les films de Daniel Roby et Ricardo Trogi, mais ce clip était son premier contrat. Nous avons donc découvert ensemble le montage, Yvan, Tamir et moi. 

https://vimeo.com/511766704

Assez fière du résultat, et un peu naïvement, on a envoyé une copie VHS du clip à Tom Waits, via son agente, Kathleen Brennan qui est aussi son épouse. Tamir avait trouvé son contact dans le Blue Book, l’équivalent du guide de l’Union des artistes aux États-Unis. Elle nous rappelle assez rapidement pour nous dire que Tom Waits avait apprécié le clip et avait été touché que nous ayons investi nos économies dans le clip d’une de ses chansons. Il nous a donc permis d’envoyer officiellement le vidéo à MusiquePlus et à Much Music. Le clip a effectivement été accepté et a même joué en faible rotation durant quelques semaines. Et c’est ainsi que SPYKEFILM m’a offert mon premier contrat pour un vidéoclip officiel. 

 

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(N.D.L.R. Le vidéoclip YESTERDAY IS HERE a joué à quelques reprises à sa sortie sur les ondes de MusiquePlus et de Much Music. Malheureusement, le clip est ensuite disparu de la circulation depuis les 25 dernières années.  Pour souligner la publication de cet entretien, nous sommes extrêmement fiers de souligner l’inestimable collaboration de MELS pour la restauration du vidéoclip YESTERDAY IS HERE dont il n’existait malheureusement aucune copie en circulation, avant aujourd’hui.  Grâce à Paul Bellerose, Camille Goulet et leur équipe de chez MELS, vous pouvez enfin admirer une version en haute définition du premier vidéoclip de Miryam Bouchard).

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Vous vous sentiez comment à titre de réalisatrice dans cette industrie à cette époque ?

Miryam Bouchard — Plusieurs de mes modèles étaient féminins. Folle de documentaires, de nombreuses femmes comme Anne-Claire Poirier me fascinaient. J’ai eu Micheline Lanctôt comme professeure, ce qui a été très stimulant pour moi. Je regardais l’œuvre de Lyne Charlebois et je la trouvais tellement inspirante. Je ne vois pas tant cette période comme un truc basé sur le sexe des gens formant nos équipes. Nous avions tous à peu près le même âge, nous étions une génération avec les mêmes aspirations et portée par le même désir de tourner. Un tournage, c’est créer une famille autour d’un projet. Je n’ai pas vraiment subi de commentaires ou de traitements machos ou sexistes sur les tournages de mes clips. La télé et la publicité ont été un peu plus difficiles, car là je devais travailler avec des gens souvent plus âgés que moi, mais mes expériences en clip m’ont permis d’être rusée et de contourner ces attitudes un peu machos. 

 

Est-ce qu’il y a une approche Miryam Bouchard ? Est-ce qu’il y a un fil conducteur ou une signature qui nous permettent de reconnaître vos clips ?

Miryam Bouchard — Quand j’entends de la musique, dès les premières secondes, des images me viennent en tête. Un monde se dresse devant moi. Certains réalisateurs étaient reconnus pour développer des concepts forts et des clips souvent mécaniques. D’autres préfèrent mettre en scène des fictions, ajouter des dialogues même. Je crois que je suis plus lyrique, plus près du fabuleux, des atmosphères et de l’évocation. J’approfondis des ambiances et tente de développer des esthétiques qui se distinguent. Mais nous sommes toujours au service de la chanson, de l’artiste et nous devons garder en tête le public visé. Le clip reste pour l’artiste un outil promotionnel, aussi artistique soit-il. Carmen Campagne et Groovy Aardvark, c’est deux mondes et deux publics. 

Groovy Aardvark

J’ai choisi quelques clips dont j’aimerais que vous nous parliez de la genèse et du tournage. Vous avez notamment travaillé avec une de nos légendes vivantes, Plume Latraverse pour le clip LES PATINEUSES (1995). Parlez-nous un peu de cette rencontre ? 

Miryam Bouchard — Cela a été une très belle rencontre et un tournage simple et sobre. Plume connaissait mon père, et je crois même avoir visité sa résidence durant mon enfance. Il n’était pas du tout grognon avec nous, comme on m’avait pourtant dit qu’il était parfois. Il était arrivé avec un concept assez précis. Il voulait chanter dans le clip, il voulait voir la patineuse et illustrer le béret qui part au vent. C’était un clip très collé sur les textes, contrairement à mes autres clips.  Nous avons opté pour un tournage devant un écran vert. Esthétiquement, c’est réellement différent de mes autres clips. Je m’étais laissée porter par la collaboration, l’idée de lui permettre de faire le clip qu’il avait en tête, car c’est une chanson romantique écrite par un homme plus âgé que moi. Je me suis littéralement mise au service de Plume, de sa chanson et de sa vision. Il agissait pratiquement comme un coréalisateur.

 

Pour Marie-Denise Pelletier, vous réalisez MON ENFANCE -M’ATTEND (1996). Vous sortez ici du rock et de la musique -alternative pour travailler avec une artiste pop établie.

Ce clip est plus mécanique et repose sur des mouvements de Dolly. Parlez-nous un peu de ce tournage ?

Miryam Bouchard — Je vais t’avouer que j’étais super impressionnée. Marie-Denise, qu’on aime ou qu’on n’aime pas ce genre de musique, c’est une de nos très grandes voix. C’était une artiste inspirante avec qui j’avais le goût d’essayer quelque chose. On avait trouvé un lieu à Lac-Mégantic, un ancien observatoire en décrépitude, un peu comme la mémoire de son enfance qui s’effrite. Pour ce clip, j’ai eu accès à un budget et un confort qui était assez nouveau pour moi. J’ai dû aussi apprendre à travailler avec une équipe qui entoure l’artiste. Marie-Denise avait sa propre styliste, son maquilleur, son coiffeur et son entourage. J’entrais dans un train en marche. J’ai dû avoir un meeting de préproduction avec son styliste. Je n’avais jamais connu ce genre d’expérience avant. 

 

Pour Groovy Aardvark et leur collaboration avec Yves Lambert de la Bottine souriante, vous réalisez le clip BOISSON D’AVRIL de l’album VACUUM (1996). Comment développe-t-on quelque chose autour d’une chanson qui parle du monstre du lac Hertel ?

Miryam Bouchard — J’ai eu un plaisir fou avec ce tournage. J’adorais le mariage improbable de ces deux styles musicaux, le punk et la musique traditionnelle. À cette période, je filmais des reportages sur des soucoupes volantes pour le pilote d’une série pour TQS. J’étais dans un trip ovni. On était allé tourner à l’Île Sainte-Hélène. On s’était patenté une espèce d’aquarium pour pouvoir mettre la caméra sous l’eau. Tout le monde a été généreux pour ce tournage. En postproduction, on avait quelque 400 plans et coupes, c’était malade. Ça a été réellement monstrueux comme travail. Je me rappelle avoir passé deux nuits blanches sur ce montage. 

 

Vous avez travaillé à deux reprises avec Nancy Dumais, PARLER AUX ANGES qui fut un grand succès et SOUDÉ À JAMAIS (1997). Dans les deux cas, vous aviez choisi une approche esthétisée. Parlez-nous de cette collaboration ?

Miryam Bouchard — Nancy et moi avions d’abord travaillé sur le clip de SOUDÉ À JAMAIS. Nancy portait des lunettes et elle ne voyait pas grand-chose sans celles-ci. Nous avons dû travailler sur les reflets en fonction de ses lunettes. On travaillait avec de la pellicule et on pouvait plus difficilement faire des tests compte tenu du budget restreint et des limites de temps imposées. Pour SOUDÉ, on avait développé un concept sur et sous la terre. Sous la terre, c’était un peu comme une ruelle de bidonville sur la terre battue avec une église au bout du chemin. Nancy pouvait dans cette fiction passer d’un monde à l’autre. Je suis très attaché à ce clip. Mon père et moi, on adorait les films LE TEMPS DES GITANS (1988) et UNDERGROUND (1995), et je m’en suis librement inspiré. 

Pour PARLER AUX ANGES, j’avais trouvé une piscine intérieure vide et je trouvais le lieu très beau. Le lieu était naturellement bleuté et très moody. Les musiciens portaient des vêtements noirs très sobres et on travaillait avec diverses vitesses de ralentis. J’ai une obsession pour les parapluies et ce clip en contient plusieurs. Je crois que ça reste mon tournage favori d’entre tous. Pas nécessairement mon clip favori, mais un de mes plus beaux souvenirs de tournage.

Aujourd’hui en 2020, je ne sais pas si je réaliserais ce clip de la même manière avec des scènes avec des gens à genoux pour prier, mais à l’époque, ça passait bien. Le clip et la chanson ont été de gros succès. Tellement qu’après ce clip, on me demandait souvent de refaire un clip comme PARLER AUX ANGES. Je refusais, évidemment. Pourquoi refaire la même chose deux fois ?

Pourriez-vous nous parler du clip MYRIAM, chanson extraite de l’album LE FOETUS DE L’HORLOGER (1998) du groupe Les Mauvais quarts d’heure ?

Miryam Bouchard — La formation m’avait approché prétextant que je m’appelais Miryam, comme la chanson. J’ai écouté la pièce et j’ai eu des flashs de la série TWIN PEAKS. Il y a deux Myriam, celle de la chanson et moi, une dualité comme dans la série. Le bien et le mal, le black lodge et le white lodge, un peu comme un monde parallèle à celui qu’on voit. J’ai donc filmé la chanson dans cette ambiance. Comme TWIN PEAKS, on tournait à l’endroit, on tournait à l’envers. Il a fallu que le chanteur apprenne ses paroles à l’envers. Par la suite, les bandes sont jouées dans l’autre sens et l’inversion crée un rendu insolite. Pour ce clip, on a essayé divers essais de jeux de vitesse et créé un univers clos qui n’existe que dans ces trois minutes de chanson. 

https://vimeo.com/499370397/9099576a44

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Lien vers Les Mauvais quart d’heure :

https://vimeo.com/499370397/9099576a44

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Une curiosité dans votre vidéographie, un clip hip-hop avec la chanson DON ONE (1999) de Don Karnage. Que gardez-vous de cette expérience ?

Miryam Bouchard — J’ai tellement eu de plaisir à tourner ça. L’artiste et son équipe étaient réellement sympathiques. Le film THE MATRIX (1999) venait de sortir et on trippait tous sur les longs manteaux de cuir noir. La gérante de Don possédait un véhicule T-Rex à trois roues. SPYKEFILM venait tout juste d’acquérir le logiciel Avid After FX et on pouvait donc faire exploser le T-Rex en post-production. C’était long à l’époque, des heures et des jours, pratiquement, mais on avait tellement de plaisir. On avait tourné les silos à grains sous l’enseigne Farine Five Roses, un terrain de jeu extraordinaire. Jean-Pierre Gauthier, l’un des fondateurs de SPYKEFILM était le directeur photo sur ce clip. On s’était offert un plan en hélicoptère libellule pour la fin du clip. 

 

Pour Vincent Vallières, vous réalisez FAUT QU’TU FESSES FORT DANS VIE de l’album TRENTE ARPENTS (1999). Le clip est tourné dans un centre commercial. Parlez-nous de l’approche artistique choisie pour cette chanson ?

Miryam Bouchard — Vincent Vallières et ses musiciens formaient littéralement un groupe à cette époque et tous les membres avaient brainstormé et on était arrivé avec cette idée. Vincent était vraiment jeune, il avait 19 ans et demi, genre. Je ne me souviens plus précisément pourquoi on avait choisi un centre commercial. Probablement parce qu’on tournait l’hiver et qu’on voulait éviter la neige et un tournage extérieur. Je crois qu’on avait développé un délire de Père Noël et de train de centre commercial. Le produit final servait bien la chanson, je crois, mais tu m’en parles et je n’ai pas revu ce clip depuis cette époque.

Vous avez réalisé plusieurs clips pour Carmen Campagne, LA diva des tout-petits dans les années 90. Parlez-nous un peu de cette autre collaboration ?

Miryam Bouchard — Carmen était une STAR pour les enfants, le marché était énorme et la demande était forte et pressante. J’ai réalisé une demi-douzaine de clips qui étaient dédiés à être distribués sur la cassette vidéo LA SOUPE A MON AMI sortie en 1997. Ce qui représente près de la moitié du contenu de cette VHS. La vache était omniprésente dans plusieurs clips de Carmen. J’ai développé une amitié avec PODZ à brainstormer avec lui des idées de mises en scène mettant en vedette ou en valeur des vaches… On a eu vraiment beaucoup de plaisir. Cependant, j’ai réalisé que de travailler avec des enfants était différent avec des défis distincts. Je n’avais pas encore d’enfant à l’époque. L’idée de travailler avec des animaux, des enfants et des décors permettait beaucoup de folie à l’écran. En guise d’exemple, j’ai travaillé avec une belette pour la chanson COLETTE LA BELETTE ou une version Beatles de la chanson PAS CAPABLE DE TIRER MA VACHE. C’était un autre modus operandi. C’était un gros budget avec trois semaines de tournage, un bon salaire, de bonnes conditions, trois réalisateurs qui se partagent deux monteurs qui roulent en parallèle. J’ai acheté mon premier ensemble de laveuse et sécheuse grâce à ce contrat.  

Y a-t-il eu une chanson que vous auriez aimé réaliser à l’époque ou un artiste avec lequel vous auriez aimé travailler à cette période, mais que la rencontre n’a finalement pas eu lieu.

Miryam Bouchard — Martine St-Clair. Elle préparait une sorte de comeback après cinq ou six ans d’absence. En 1990, elle avait eu un gros succès en France et ici avec LAVEZ, LAVEZ et en 1996, elle sortait enfin son album suivant, UN LONG CHEMIN. Je crois que ma proposition était un peu trop rock and roll. Finalement, le clip tourné était très simple et très sobre avec Martine assise dans un fauteuil et j’ai alors compris qu’elle était une personne réservée et que mon concept ne collait peut-être pas à sa personnalité. J’avais le goût de faire éclater l’image sage qui lui collait à la peau et la sortir de sa zone de confort.

 

 

 

Une entrevue de Marc Lamothe parue dans La Quotidienne CTVM  # 6783 datée mercredi 17-Jeudi 18 février  2021 © CTVM.info

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Une entrevue avec Érik Canuel réalisée par Marc Lamothe dans le cadre de la série CES ARTISTES QUI ONT FAIT DES VIDÉOCLIPS

Avec une carrière très productive, un actif imposant de nombreux longs-métrages, de films publicitaires, de vidéoclips et d’épisodes de télé-épisodique, Érik Canuel a toujours revendiqué fièrement qu’il est réalisateur de films de genre.

Une entrevue de Marc Lamothe dans le cadre de la série CES ARTISTES QUI ONT FAIT DES VIDÉOCLIPS (3) avec Érik Canuel

Avec une carrière très productive, un actif imposant de nombreux longs-métrages, de films publicitaires, de vidéoclips et d’épisodes de télé-épisodique, Érik Canuel a toujours revendiqué fièrement qu’il est réalisateur de films de genre. En l’industrie naissante du vidéoclip québécois, Canuel a rapidement vu une brèche s’ouvrir pour se faufiler et faire connaître et reconnaître son travail. En effet, la chaîne MusiquePlus a été fondée le 2 septembre 1986.  Gardons en tête qu’à son ouverture, MusiquePlus n’avait que 24 clips québécois dans sa vidéothèque. En 1987, Canuel fonde donc avec des amis la compagnie KINO, une maison de production qui se spécialisait dans le clip, l’une des seules du moment avec PUBLIC CAMÉRA fondée par François Girard et Bruno Jobin ainsi que QUAI 32, née d’une initiative de Nicolas Valcourt et Diane Lambin. Nous avons voulu en savoir plus sur le cheminement du plus rock and roll des réalisateurs québécois qui a pourtant fait ses débuts à titre de vidéaste. Revenons un peu sur cette période folle.

CTVM — Peux-tu retracer l’origine de ta passion pour le cinéma ?

Érik Canuel — J’ai grandi dans une famille de comédiens. Mon père, le comédien Yvan Canuel, m’amenait souvent à Radio-Canada sur les plateaux d’émissions pour enfants tels que LE PIRATE MABOULE, SOL ET GOBELET, LA BOÎTE À SURPRISE et LA RIBOULDINGUE. J’y voyais toute la magie qui s’y révélait devant la caméra comme derrière. J’avais parfois de la difficulté à différencier le tournage de l’émission elle-même. Une production qui m’avait fortement marqué, c’est la pièce ATELIER 72, mise en scène par mon père à la Nouvelle Compagnie Théâtrale (1972) sur une musique de Robert Charlebois. Conceptuellement parlant, ça avait quelque chose à la 2001, L’ODYSSÉE DE L’ESPACE (que j’avais vu quelques années avant, mais sans en comprendre la vision), mais créé pour la scène avec des hommes préhistoriques et il y avait un vaisseau spatial qui traversait la salle en direction de la scène à un certain moment donné. Ça m’a fortement donné le goût de la magie, de l’imaginaire et du spectaculaire.

En plus, tous les week-ends, je courrais voir des films au Manoir Notre-Dame-de-Grâce pour 25 cents. Et puis, pour un autre 25 cennes, j’avais des chips et une liqueur. J’y ai découvert le goût du voyage cinématographique avec des classiques du cinéma d’horreur, de fantastique, de science-fiction et de Sinbad, un de mes héros d’enfance. En attendant les films, je lisais le magazine Famous Monsters of Filmland. J’étais dans un autre monde. 

 

Quel a été ton cheminement vers le métier de réalisateur ?

Érik Canuel — J’ai un parcours qui a pas mal bifurqué. Au début, je m’intéressais aux beaux-arts (graphisme, bandes dessinées et sculpture) tout en étant bassiste dans quelques groupes rock, dont un avec certains membres de la formation qui allait devenir Vilain Pingouin. À 20 ans, mon principal partenaire musical s’avère atteint d’un cancer virulent. Il me disait toujours : « Un jour, c’est toi qui réaliseras nos clips. ». Après son décès, j’ai vendu tous mes instruments pour me procurer une caméra Super 8 et l’équipement nécessaire pour faire le montage. J’ai réalisé mon premier court-métrage à 21 ans, « MON AMI, MON FRÈRE », une histoire d’horreur et de sorcellerie — pour le fun, juste pour voir si le médium m’intéresserait… Je n’ai plus jamais regardé en arrière depuis.

Je suis allé faire des stages à Los Angeles et, à mon retour en 1984, j’ai eu la chance d’être assistant de production sur LE MATOU. J’y ai beaucoup appris, mais j’ai aussi compris qu’il me faudrait des années à ce rythme pour devenir réalisateur. J’ai pensé gagner du temps en allant à l’université. Je suis tombé sur une bonne année, puisque j’ai entre autres rencontré Manon Briand, Alain Desrochers, Pierre Gill, Podz, Patrice Sauvé et André Turpin, pour ne nommer que ceux-là. En 1988, j’ai quitté Concordia et fondé KINO FILMS avec Pierre Gill. Marie-France Lemay s’est vite jointe à nous. On a réalisé de nombreux clips ensemble et des spots publicitaires. J’ai dû réaliser près de 50 vidéoclips et quelque 250 publicités durant cette folle période. 

Tu réalises ton premier clip alors que tu étudies encore en cinéma à l’Université Concordia. C’est KISS THE BEAUTY (1988), un clip pour le chanteur new wave québécois Norman Iceberg, que tu tournes au défunt bar Thunderdome (rue Stanley, dans le même édifice qui abritait le mythique club disco montréalais, le Lime Light). Que peux-tu nous dire sur ce premier clip ?

Érik Canuel — Tout ceci est un peu un concours de circonstances. C’est le reflet de cette époque. Mon travail est de raconter des histoires en images en servant un scénario et une intention. Le vidéoclip, c’est ça aussi, mais tu es au service d’une chanson et d’un compositeur-interprète. J’étais au bon moment et à la bonne place quand cette industrie a pris son essor. Je voyais les vidéoclips comme de petits films et une opportunité de faire connaître mon travail, car je visais évidemment le long métrage. 

À mes débuts à Concordia, j’ai réalisé un court métrage avec une gang de chums qui étudiaient avec moi, dont Patrice Sauvé, Jean-François Pothier, Alain Desrochers, André Turpin, Éric Parenteau et Daniel PODZ Grou. C’était un film à la proposition visuelle très forte dans un style entre BLADE RUNNER et MAD MAX. Le film s’est retrouvé sur Canal Famille, et Norman Iceberg m’a contacté après y avoir vu le court pour me demander de lui concevoir un vidéoclip. Nous nous sommes alors tournés vers le programme « Jeunes volontaires » du gouvernement du Québec et nous avons reçu une bourse de 5000 $ pour réaliser le clip qui se voulait une sorte de parodie sociétale. 

Nous étions une équipe formée de gens qui venaient principalement de Concordia et d’autres qui y étaient encore. C’était la première fois que je travaillais avec Pierre Gill comme directeur photo, et PODZ était venu aider Mario Lord qui était le directeur artistique. C’est comme ça que j’ai rencontré PODZ qui n’avait que 17 ans. Pierre et moi avons tout de suite su qu’il avait le talent et la volonté de faire ce dur métier. On l’a aussitôt recruté dans notre équipe.  

Tu marques un gros coup avec TELL SOMEBODY (1988) de Sass Jordan réalisé avec la collaboration de Pierre Gill et François Valcourt, vidéo qui allait remporter le prix du meilleur clip canadien à l’époque. Que peux-tu nous dire de ce vidéo tourné en un week-end avec tes amis étudiants à Concordia ? 

 

Érik Canuel — Sass Jordan avait été choriste professionnelle pour plusieurs artistes locaux et elle préparait alors son premier disque solo pour les disques AQUARIUS. Le label avait produit un vidéoclip pour la chanson-titre de l’album, mais Sass n’était pas à l’aise avec le produit fini. Elle avait contacté François Valcourt pour tourner des bouts de la chanson à travers la ville. Il a alors contacté Pierre Gill pour faire la photo et Pierre lui a vendu mes mérites après que l’on ait réalisé deux clips ensemble. On a suggéré à François de lui revenir avec une proposition. On a alors passé une nuit blanche à lancer plein d’idées et accoucher d’un concept. Aquarius nous a alors débloqué un budget de 9000 $ pour tourner, monter et livrer un clip en quelques jours à peine, car le vidéo de la chanson devait être livré immédiatement à Much Music, Musique Plus et diverses émissions consacrées à la diffusion de clips. 

Le concept était simple et dynamique, on voyait le clip proprement dit et aussi le processus « making of » du film. Pour l’équipe, j’ai fait appel à tous les étudiants que je connaissais à Concordia. On a tourné sur 2 ou 3 jours. Le dernier jour de tournage, on a travaillé 21 heures, puis je me suis tout de suite isolé avec Pierre Gill en salle de montage pour de nombreuses heures supplémentaires. Non seulement nous avons respecté un échéancier quasiment impossible, mais le clip s’est avéré être un grand succès à travers tout le pays. 

Tu enchaînes avec DANS LA JUNGLE DES VILLES de Michel Robert dans lequel tu fais un caméo. Parle-nous de ce tournage au Venezuela ?

 

Érik Canuel — J’aimais beaucoup Michel Robert qui endisquait pour les disques Justin Time. Malheureusement, Michel n’est plus des nôtres aujourd’hui. La chanson s’appelait DANS LA JUNGLE DES VILLES, alors on s’est dit il faut aller filmer dans la forêt Amazonienne au Venezuela… On a tourné ce clip guérilla style, on avait reçu une aide financière de Videofact. On avait juste assez d’argent pour acheter quatre billets d’avion aller-retour et on est allé tourner là-bas dans la jungle. Je regarde ce clip maintenant et je me dis que ça ne passerait sûrement pas aujourd’hui. On se ferait accuser d’appropriation culturelle avec ce personnage/saxophoniste s’exhibant dans la forêt Amazonienne interprété par votre humble serviteur. On tournait vite, avec la volonté de divertir notre public tout en racontant une histoire, et ce, sans avoir l’intention de blesser ou froisser qui que ce soit. C’était tourné de bonne foi. D’ailleurs, il n’y avait eu aucune objection à l’époque ; alors qu’aujourd’hui « on passerait au cash » comme diraient certains. Nous étions jeunes et naïfs. Je pourrais même dire : maladroit. Ça reste, je crois,un moment fort du clip Dans la jungle des villes.

Arrivent ensuite Vilain Pingouin et son premier clip FRANÇOIS dans lequel tu incarnes ledit François. Tu allais d’ailleurs réaliser plusieurs clips pour le groupe. Comment cette relation a-t-elle commencé ?

 

Érik Canuel — À l’époque où je souhaitais encore faire de la musique, j’ai fait partie d’un groupe avec Claude Samson et Michel Vaillancourt avant Vilain Pingouin. Moi, j’ai délaissé la musique pour le cinéma, mais eux ont persévéré et on s’est retrouvé pour le clip de François. Encore un clip tourné avec peu de moyens. Nous avions un budget de 5000 $ pour ce clip [en guise de comparaison, AMÈRE AMÉRICA réalisée à la même époque par Gabriel Pelletier pour PUBLIC CAMÉRA bénéficiait d’un budget de 30 000 $. NDLR]. À un moment donné dans la vidéo, on me voit être livreur de pizza. Le gars à qui je livre une pizza, c’est PODZ, et l’appartement qu’on voit dans le clip est celui qu’on habitait à l’époque lui et moi. 

 

C’était la belle époque des programmes comme Videofact et Musicaction. Chaque trimestre, on soumissionnait sur une vingtaine de vidéoclips et on finissait toujours par obtenir quelques aides financières ; c’est comme ça que je me suis embourbé pendant longtemps dans la production de clips et de pubs. Alors que d’autres réalisateurs de ma génération sont passés plus rapidement à la fiction au grand écran, je me suis retrouvé dans l’engrenage d’une compagnie avec des employés à payer, des frais fixes à couvrir et une succession de contrats à respecter.

Mais je ne regrette rien, car c’est cette période qui m’a permis de réseauter et de finalement faire les bons contacts pour tourner des séries télé comme THE HUNGER et BIG WOLF ON CAMPUS. Parmi mes idoles du moment, il y avait les frères Ridley et Tony Scott, tous deux issus du monde de la publicité. Je suivais quelque part leur cheminement pour me rendre, moi aussi, vers la fiction. D’ailleurs, la série « THE HUNGER » était produite par les frères Scott en partenariat avec Téléscène (de Montréal) et le producteur Robin Spry. Un grand homme qui m’a beaucoup aidé dans ma carrière. Je lui dois beaucoup.

En 1989, tu réalises CATCH ME IN THE ACT pour le groupe Paradox, ta première rencontre avec Sylvain Cossette qui en était alors le chanteur. Tu as réalisé aussi deux clips solo avec Sylvain… COMME L’OCÉAN et TU REVIENDRAS. Ce dernier met en vedette ton frère à un jeune âge, ta première fille et même ton père, Yvan Canuel. Quels souvenirs gardes-tu de ce clip, disons familial ?

Érik Canuel — Mon père avait joué dans mon premier film et j’en étais très fier, car jeune, je le regardais jouer et j’espérais déjà faire des choses avec lui un jour. Quand Sylvain m’est arrivé avec la chanson, j’ai eu l’idée de ce clip qui jouerait avec deux ou trois générations. Très vite, mon père Yvan et mon frère Nicolas (lui aussi comédien) se sont greffé au projet ainsi que ma jeune fille, pour en faire un conte métaphorique guidé par un ange aveugle.  

Tu as flirté aussi avec la musique métal avec le groupe Sword, l’ancien groupe de Rick Hugues et leur clip THE TROUBLE IS (1989). Changes-tu ton approche ou ton style de mise en scène selon le genre musical du clip ?

Érik Canuel — Non, je ne crois pas. On est toujours au service de la chanson et de l’artiste. On propose des idées aux artistes et aux labels, parfois ça passe, des fois c’est refusé… L’idée est de bien savoir ce que tu souhaites raconter ou ce que l’artiste souhaite communiquer. La limite ultime reste toujours combien de sous et de temps tu as pour mettre ces images à l’écran. J’ai toujours eu comme politique de refuser les projets avec lesquels je ne suis pas à l’aise. 

En terminant, tu as déjà dit que STRANGER THAN PARADISE réalisé pour Sass Jordan était l’un de tes clips favoris. Pourquoi ?

Érik Canuel — En partant, j’aimais profondément la chanson. C’était notre 3e clip ensemble et j’avais en tête une vision de paradis métaphysique en quelques tableaux alliant étrangeté, beauté et émotions. Une série de flashes présentant une réalité onirique. Je garde un bon souvenir des images créées, dont celle de Sass assise dans le lobby du Musée des Beaux-Arts avec le plancher couvert d’eau pour créer un miroir. Je voulais créer un trip, à la fois beau et touchant. C’est peut-être la réalisation la plus complexe de cette période et je suis fier de tous les éléments, les costumes, les maquillages, la D.P., les décors et les effets spéciaux. Je garde de beaux souvenirs de ce tournage et du produit fini. C’est peut-être le clip le plus personnel que j’ai réalisé.

 

 

 

Article paru dans La Quotidienne de CTVM.info  #6781 du jeudi 11 février 2021

 

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Une entrevue avec Gabriel Pelletier réalisée par Marc Lamothe dans le cadre de la série CES ARTISTES QUI ONT FAIT DES VIDÉOCLIPS

Gabriel Pelletier, un réalisateur montréalais dont le parcours oscille entre le cinéma, la télévision, la publicité et le vidéoclip

Une entrevue de Marc Lamothe dans le cadre de la série CES ARTISTES QUI ONT FAIT DES VIDÉOCLIPS (2) avec Gabriel Pelletier

LE PARCOURS DU RÉALISATEUR GABRIEL PELLETIER oscille entre le cinéma, la télévision, la publicité et le vidéoclip. Il enchaîne rapidement des études en production cinématographique avec un baccalauréat au Mel Hoppenheim School of Cinéma de l’université Concordia en 1982 et une maîtrise à l’University of Southern California complétée en 1986.

Il s’impose dans l’industrie de la publicité en collaborant avec Films Traffik, Jet Films, Films 24 et Productions du Verseau. En 1988 et 1989, il réalise une douzaine de vidéoclips marquants. Il réalise son premier long métrage, L’AUTOMNE SAUVAGE en 1991. Il enchaîne ensuite quelques épisodes de la série SIRENS et deux films réalisés directement pour la télé.

En 1996, KARMINA s’impose comme l’un des tout premiers longs métrages québécois de vampire et se mérite les accolades de nombreux festivals internationaux. Il enchaîne rapidement les projets, dont de nombreuses séries télévisées et les films LA VIE APRÈS L’AMOUR (1999), KARMINA II (2001), MA TANTE ALINE (2007) et LA PEUR DE L’EAU (2011). Depuis mars 2014, il assure la présidence de L’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ).

Une série d’entrevues réalisée par Marc Lamothe

 

 

CTVM — Musique Plus est né le 2 septembre 1986. Elle est la toute première chaîne spécialisée francophone en musique. Vous avez réalisé de nombreux vidéoclips à la fin des années 80. Que signifie pour vous cette période de votre carrière?

Gabriel Pelletier — On tournait avec peu de budget, mais on apprenait notre métier dans une période où les clips avaient un très grand rayonnement. Je n’avais pas l’ambition de m’imposer dans ces productions, mais bien de servir les artistes et la musique sans me coller littéralement aux paroles. Je voyais ça comme de l’apprentissage et j’utilisais ces productions que j’aimais beaucoup réaliser comme autant de cartes de visite.

 

Quel a été votre tout premier clip?

Gabriel Pelletier — Mon premier clip ? (pause). Mon tout premier était pour une chanson de Marie Philippe, JE RÊVE ENCORE. Une esthétisme un peu post-apocalyptique, il me semble. Marie Philippe a connu un très beau succès avec son premier album mais, malheureusement, elle a abandonné la scène dans les années 90.

https://www.youtube.com/watch?v=9L-nbjYmcIY

Je vais vous nommer quelques artistes québécois et vous nous direz quels clips vous avez conçus pour eux.

Gerry Boulet

Gabriel Pelletier — Oh mon dieu! (pause) Tu me fais réaliser que j’ai réalisé LA FEMME D’OR. J’avais complètement oublié. Le concept était que Gerry perdu dans le désert rencontre au hasard de sa marche divers personnages de cirque et de foires ambulantes. Nous avions tourné ce clip à l’été 1988 dans une sablonnière près de Joliette, dans Lanaudière. Gerry était malade et faible durant le tournage. La maladie qui l’affligeait le rattrapait déjà. La chaleur lui pesait particulièrement. Je me souviens que le tournage a été très éprouvant pour Gerry, mais il tenait absolument à le faire avec nous et à être présent à chaque instant sur le plateau. Nous avions eu un plaisir fou et je garde un très beau souvenir de ce clip.

https://www.youtube.com/watch?v=dmDYmejtgf0

Luc de Larochellière?

Gabriel Pelletier — Avec Luc, nous avons conçu ensemble son tout premier vidéoclip, AMÈRE AMERICA. J’avais eu des cours d’animation et de stop motion à l’Université Concordia. Luc et moi avons fouillé dans une tonne de magazines et de journaux et j’ai animé ces coupures de journaux et de magazines de même que de menus objets.

Le clip s’est tourné en une seule journée avec Luc, mais dieu, que j’ai passé du temps sur ces animations image par image, car je n’avais pas les moyens d’engager une équipe pour m’aider avec ce processus. AMÈRE AMERICA s’est finalement mérité un Félix en 1989. J’en suis très fier et ça a été une vraie belle collaboration.

https://www.youtube.com/watch?v=IU1G35KaPbk

Richard Séguin?

Gabriel Pelletier — Nous avons tourné ensemble le fameux clip pour JOURNÉE D’AMÉRIQUE. Richard travaillait alors à la production de son nouvel album AUX PORTES DU MATIN aux fameux studios Victor situés sur la rue Lacasse. Il ne souhaitait pas trop s’éloigner des studios d’enregistrement, alors on a filmé le clip en deux temps.

On a dabord tourné rapidement dans des ruelles près des studios à Saint-Henri. Richard voulait du « vrai monde » derrière et autour de lui pour cette section du clip. On s’est ensuite déplacé au Saguenay pour filmer une partie de la chanson en spectacle mettant en opposition la rue et la scène. Richard savait exactement ce qu’il voulait avec ce tournage. Il souhaitait créer un clip près du monde et qui sert le propos de la chanson.

https://vimeo.com/22722983

Pierre Flynn?

Gabriel Pelletier — En fait, j’ai travaillé sur deux clips avec Pierre Flynn. Tous deux provenaient de son premier disque solo, LE PARFUM DU HASARD. Le premier est un clip nocturne, très « dark » pour la chanson POSSESSION tournée en plein centre-ville.

https://vimeo.com/23191304

Pour notre seconde collaboration, je suis particulièrement fier du clip de la chanson CATALINA qui se présente comme un long plan unique, mais qui est en fait composé de 5 ou 6 plans séquences mis bout à bout pour simuler un long plan continu. CATALINA est un clip rès festif et aux antipodes de notre première collaboration.

https://vimeo.com/23190776

 

En 1988 à l’ADISQ, Pierre Flynn a reçu plusieurs nominations à la suite de cet album. Découverte de l’année, interprète masculin de l’année, meilleure performance sur scène, premier album, meilleur album – catégorie rock et plusieurs autres.  Dans la catégorie « meilleur vidéoclip de l’année », j’avais deux clips en nomination, JE RÊVE ENCORE de Marie Philippe et POSSESSION de Pierre Flynn. C’est finalement TOURNE LA PAGE qui a remporté le grand prix.

 

Parlons maintenant de René et Nathalie Simard, tu as aussi travaillé avec eux, je crois?

Gabriel Pelletier — J’ai tourné avec René et Nathalie la chanson TOUT SI TU M’AIMES. On s’est bien amusé à recréer des extraits de vieux films muets tels que THE SHEIK (1921) avec Rudolph Valentino, THE BLACK PIRATE avec Douglas Fairbanks et DER BLU ANGEL avec Marlene Dietrich. Un bel exercice de style et un tournage réellement agréable. On s’est beaucoup amusé sur le plateau.

https://www.youtube.com/watch?v=WFaWuHIPlUw

Daniel Lavoie?

Gabriel Pelletier — J’ai tourné le clip nocturne de la chanson QUI SAIT ? avec Daniel Lavoie. On n’avait pas beaucoup de budgets, alors certains effets ont peut-être mal vieilli, mais l’ambiance sert bien la chanson. Personnellement, je crois que c’est un de mes clips favoris.

https://www.youtube.com/watch?v=GsWaGPZHHkU

Et Marie-Denise Pelletier?

Gabriel Pelletier — Chère Marie-Denise, on a fait deux clips ensemble. Je me souviens notamment de TOUS LES CRIS LES S.O.S. qu’on a tourné aux Îles de La Madeleine. Un vrai cauchemar, car on avait décidé de tourner aux heures magiques, soit entre 5 h 30 et 8 h 30 le matin et avant le coucher du soleil en fin de journée. On n’a pratiquement pas dormi durant ces 6 jours et Marie-Denise s’était malencontreusement foulé la cheville durant le tournage. Plusieurs des plans lointains et particulièrement ceux tournés de profil en ombrage à la fin du clip ont dû être réalisés avec une doublure, car elle tenait difficilement sur sa cheville.

https://www.youtube.com/watch?v=yDPC8kSJUsY

https://www.youtube.com/watch?v=yDPC8kSJUsY

 

Nous avons aussi tourné ensemble le clip de POUR UNE HISTOIRE D’UN SOIR. Elle était très nerveuse d’avoir à jouer la comédie dans le clip. J’ai donc montré à Marie-Denise des performances de Aretha Franklin et lui ai dit d’approcher le rôle un peu comme Aretha l’aurait fait.

https://www.youtube.com/watch?v=RbO7J5Q7PmY

 

On conclut ce tour d’horizon des vidéoclips réalisés par Gabriel Pelletier avec ces photographies de Lyne Charlebois (qui font suite à la photo de la page couverture) du tournage du vidéoclip Journée d’Amérique avec Richard Séguin. Tourné dans le quartier Saint-Henri en août 1988.

© Lyne Charlebois

 

Résidence de création du 50e de Vidéographe

Dans le cadre de son 50e anniversaire, Vidéographe propose une résidence au cours de laquelle des artistes établis/mi-carrière et des artistes émergents seront jumelé.e.s pour produire de nouvelles œuvres.

En 2021, Vidéographe fêtera 50 ans d’engagement continu envers la recherche, le rayonnement, le partage et la communauté de la vidéo et des pratiques expérimentales de l’image en mouvement. Sans cesse animé par le feu légué par ses fondateurs et fondatrices, Vidéographe poursuit et développe des initiatives afin de demeurer un centre d’artistes foisonnant où se rassemblent, expérimentent, s’entraident et se forment des artistes de générations et d’horizons variés.

Dans le cadre de son 50e anniversaire, Vidéographe propose une résidence au cours de laquelle des artistes établis/mi-carrière et des artistes émergents seront jumelé.e.s pour produire de nouvelles œuvres. Nous espérons ainsi susciter des rencontres et contribuer à établir des ponts intergénérationnels au sein de notre communauté.

Nous invitons les artistes québécois.e.s et canadien.ne.s à soumettre une proposition indiquant la manière dont ils et elles envisagent ce travail collaboratif ainsi que ce qui les intéresse dans ce processus. Les artistes sélectionné.é.s seront invité.e.s à une rencontre de groupe au cours de laquelle les jumelages seront déterminés collectivement.

Cette résidence vise la création de monobandes qui pourront prendre différentes formes parmi lesquelles : art vidéo, animation, arts numériques, essai vidéo, documentaire, vidéo danse. Nous envisageons des œuvres de 5 à 20 minutes afin d’en faciliter la circulation, mais sommes ouvert.e.s à d’autres durées.

Vidéographe reconnaît la richesse de la diversité culturelle, sexuelle, identitaire et linguistique québécoise et canadienne. Nous encourageons ainsi les personnes issues de groupes traditionnellement sous-représentés, de minorités ou de groupes marginalisés à proposer des projets.

Consultez le détail de l’appel [+]

Conditions de réalisation

Chaque artiste recevra des honoraires de production de 5 000 $. Un budget de production pour la location d’équipements et d’experts externes (ex : mixage sonore, étalonnage) sera également alloué à chaque duo. Les œuvres seront produites en 2021-2022. Elles seront par la suite mises en circulation via notre service de distribution et intégrées à la collection. Les artistes conserveront les droits sur leur œuvre.

Veuillez noter que ce projet fera l’objet d’une demande de subvention. Sa réalisation est tributaire de l’obtention de cette dernière.

DATE LIMITE DE SOUMISSION

22 novembre 2020

SOUMETTRE UNE PROPOSITION

Vous pouvez faire parvenir votre proposition en français (écrit), ou anglais (écrit), LSQ ou ASL (vidéo).

Pour soumettre votre dossier, veuillez nous faire parvenir :

  • Une proposition expliquant votre intérêt pour le projet et votre approche de la création en collaboration (1 000 mots ou 5 minutes maximum);
  • Votre curriculum vitae;
  • De la documentation visuelle ou textuelle de projets antérieurs ou permettant d’illustrer votre proposition, maximum 15 images (max : 1024 px de large, 72 dpi) ou 10 minutes de vidéo.
    Si vous envoyez des vidéos, veuillez nous envoyer un lien URL vers la ou les vidéos. N’oubliez pas d’indiquer le mot de passe s’il y a lieu.

Seuls les dossiers envoyés par courriel seront acceptés. Merci d’indiquer RÉSIDENCE 50e dans l’intitulé de votre courriel et d’envoyer votre dossier à Charlie Carroll-Beauchamp à info@videographe.org.

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Les Rencontres internationales du documentaire de Montréal dévoilent la programmation 2020

Les Rencontres internationales du documentaire de Montréal dévoilent la programmation de sa 23e édition 

3 semaines de cinéma documentaire et d’échanges du 12 novembre au 2 décembre 2020

Montréal, le mercredi 21 octobre 2020Les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) sont fières de dévoiler la programmation complète de leur 23e édition, qui se déroulera exceptionnellement sur 3 semaines, du 12 novembre au 2 décembre.

 

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109 films issus de 45 pays, incluant 48 longs métrages, et de nombreuses discussions et ateliers virtuels transformeront plus que jamais le mois de novembre en grande fête du cinéma documentaire.

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Cette année, la programmation sera disponible en ligne à travers tout le Québec sur enligne.ridm.ca, notre plateforme de diffusion propulsée par CineSend. Afin de profiter de la flexibilité du web tout en favorisant une expérience festivalière qui cherche à faire dialoguer les œuvres entre elles, chaque semaine du festival proposera une partie de la programmation, entièrement organisée selon 8 sections thématiques dans lesquelles longs, moyens et courts métrages ont autant de place. Outre les films, les sections seront enrichies de contenus additionnels (discussions vidéo, émissions de balado).

La totalité de la programmation sera accessible grâce à des passeports et abonnements à coûts réduits. Issus de 45 pays différents, les films de la sélection soulignent à nouveau la richesse de la création féminine puisque les réalisatrices composent 52% de la sélection. Lieu de découverte des nouvelles voies documentaires, le festival présentera pas moins de 18 premiers longs métrages aux côtés d’habitué.e.s du festival comme Frederick Wiseman, Claire Simon, Dieudo Hamadi, Laura Huertas Millán ou Kazuhiro Soda.

 

 

Face à l’année 2020, les RIDM ont conçu les sections comme autant d’enjeux et de réponses à notre réalité actuelle.

 

DU 12 AU 18 NOVEMBRE, les RIDM proposent de :

 

CONFRONTER L’HISTOIRE : 11 films qui utilisent le cinéma pour dévoiler des pans méconnus de l’Histoire, critiquer les récits officiels ou encore réfléchir à l’impact présent de figures marquantes. Essais, pamphlets, performances et explorations d’archives forment un corpus passionnant qui, du Canada à l’Afghanistan, en passant par la Colombie et le Nigéria, nous invite à repenser notre rapport au passé :

 

84 de Daniel Santiago Cortés

499 de Rodrigo Reyes

A Bright Summer Diary de Lei Lei

The American Sector de Courtney Stephens et Pacho Velez

Bicentenario de Pablo Alvarez-Mesa

Histoire d’un regard de Mariana Otero

L’histoire interdite de Ariel Nasr

L’Indien malcommode de Michelle Latimer

the names have changed, including my own and truths have been altered de Onyeka Igwe

Ouvertures de Louis Henderson et Olivier Marboeuf

Une image, deux actes de Sanaz Sohrabi

 

EXPLORER LA NATURE : 11 films pour explorer notre rapport à la nature et à l’environnement sous toutes ses formes : impact des changements climatiques, rapport spirituel et mystique au monde naturel, résistance de traditions, perspectives à hauteur d’animaux et observation des impacts socio-culturels de notre vie naturelle :

 

À perte de vue de Marie-Chloé Racine et Sarah Salem

Cenote de Kaori Oda

Icemeltland Park de Liliana Colombo

Jiíbie de Laura Huertas Millán

Lichen de Lisa Jackson

maɬni – towards the ocean, towards the shore de Sky Hopinka

Piedra Sola de Alejandro Telémaco Tarraf

Stray de Elizabeth Lo

The Magnitude of All Things de Jennifer Abbott

The Two Sights de Joshua Bonnetta

Un fleuve l’hiver de Félix Lamarche

 

TROUVER SES COMMUNAUTÉS : 11 films qui observent le monde de la politique, des enjeux identitaires ou de réinsertion sociale. Du grand récit d’observation au témoignage autobiographique, la rencontre de l’autre est au cœur de cette section :

 

City Hall de Frederick Wiseman

Clean With Me (After Dark) de Gabrielle Stemmer

Communicating Vessels de Maïder Fortuné et Annie MacDonell

Dark City Beneath The Beat de TT The Artist

Film About a Father Who de Lynne Sachs

Home, and a Distant Archive de Dorothy Cheung

In the Shadow of the Pines de Anne Koizumi

Les libres de Nicolas Lévesque

Merry Christmas, Yiwu de Mladen Kovacevic

Monologues du Paon de Matthew Wolkow

Ndagukunda déjà de Sébastien Desrosiers et David Findlay

 

Présenté en collaboration avec Radio-Canada.

 

DU 19 AU 25 NOVEMBRE, les RIDM cherchent à :

 

RÉFLÉCHIR LA DYSTOPIE : 12 films pour plonger dans l’étrangeté du monde. D’un road movie improbable avec un porte-parole de secte meurtrière à l’imaginaire d’un monde sans humains en passant par les aléas de l’architecture futuriste ou de multiples odyssées nocturnes. Des films créatifs qui recadrent notre réalité :

 

A Machine to Live In de Yoni Goldstein et Meredith Zielke

A Shape of Things to Come de Lisa Malloy et J.P. Sniadecki

Armour de Sandro Aguilar

Bile de Ira A. Goryainova

FREM de Viera Cákanyová

Hole de Jaakko Pallasvuo

Los Conductos de Camilo Restrepo

Me and the Cult Leader de Atsushi Sakahara

Shānzhài Screens de Paul Heintz

Signal 8 de Simon Liu

Tension Structures de Adrian Duncan et Feargal Ward

The Foundation Pit de Andrey Gryazev

 

DEVENIR SOI-MÊME : 12 films comme autant de portraits ou d’autoportraits sur notre rapport au monde. Des quêtes existentielles inspirantes et poétiques qui affirment de multiples définitions de soi :

 

Lointain de Aziz Zoromba

Mazzarello de Carmen Rachiteanu

Métamorphoses de Nicolas Renaud

My Mexican Bretzel de Nuria Giménez

No Ordinary Man de Aisling Chin-Yee et Chase Joynt

Passage de Sarah Baril Gaudet

Petite Fille de Sébastien Lifshitz

Prière pour une mitaine perdue de Jean-François Lesage

Six Pieces in Stargazer Album de Jiyang Zhang

The Plastic House de Allison Chhorn

Trees in Summer de Suyu Lee

Wintopia de Mira Burt-Wintonick

 

CONTESTER LE POUVOIR : 12 films qui, du cinéma militant aux approches plus expérimentales, confrontent les injustices actuelles et passées, tout en rendant hommage à de multiples figures engagées et courageuses :

 

Apatrides de Michèle Stephenson

En route pour le milliard de Dieudo Hamadi

Impardonnable de Marlén Viñayo

Invasion de Michael Toledano et Sam Vinal

Landfall de Cecilia Aldarondo

Les femmes du soleil: une chronologie du regard de Hamed Zolfaghari

Mother-Child de Andrea Testa

Nardjes A. de Karim Aïnouz

Oil & Water de Anjali Nayar

Peugeot pulmonaire de Samy Benammar

Quelque chose brûle de Victoria Maréchal, Nicolás Tabilo et Macarena Astete

Softie de Sam Soko

 

Présenté en collaboration avec la CSN – Confédération des syndicats nationaux.

 

DU 26 NOVEMBRE AU 2 DÉCEMBRE, les RIDM veulent :

 

REPENSER L’INTIMITÉ : 13 films qui proposent un cinéma intimiste, sensible aux rapports familiaux, aux relations amoureuses et à l’état des soins de santé. Des parcours très personnels qui questionnent le rapport de l’individu à sa société et à son époque :

 

CHSLD de François Delisle

CHSLD, Mon Amour de Danic Champoux

Goodnight Goodnight de Mackenzie Reid Rostad

Le Fils de l’épicière, le Maire, le Village et le Monde de Claire Simon

Life of a Dog de Danae Elon et Rosana Matecki

Mon Amour de David Teboul

Sayōnara de William Andreas Wivel

Southern Sorceresses de Beto Amaral, Carla Caffé et Eliane Caffé

Tandis que je respire encore de Laure Giappiconi, Elisa Monteil et La Fille Renne

Teeth de Jennifer Martin

Thanadoula de Robin McKenna

The Metamorphosis of Birds de Catarina Vasconcelos

Zero de Kazuhiro Soda

 

SURVIVRE À LA VIOLENCE : 12 films profondément engagés qui témoignent avec puissance des multiples violences contemporaines : de l’exploitation des Autochtones au destin tragique des migrants, en passant par les états en guerre, la répression d’État et la violence persistante faite aux femmes :

 

3 Logical Exits de Mahdi Fleifel

Ankebût de Ceylan Özgün Özçelik

Aswang de Alyx Ayn Arumpac

Errance sans retour de Mélanie Carrier et Olivier Higgins

Extractions de Thirza Cuthand

La Maison Bleue de Hamedine Kane

La mort blanche du sorcier noir de Rodrigo Ribeiro

Night Shot de Carolina Moscoso

Purple Sea de Khaled Abdulwahed et Amel Alzakout

Sous un même soleil de François Jacob

The Earth Is Blue as an Orange de Iryna Tsilyk

Unarchive de Cecilia Araneda

 

BANDE-ANNONCE 2020 : vimeo.com/470252359

 

 

PRIX ET JURYS

 

Les RIDM conservent toutes leurs sections compétitives, seuls le prix des étudiants et le prix des détenues ne pourront être remis cette année.

 

Grand prix de la compétition internationale longs métrages – présenté par TV5

Prix spécial du jury de la compétition internationale longs métrages

Grand prix de la compétition nationale longs métrages – présenté par Studios Saint-Antoine

Prix spécial du jury de la compétition nationale longs métrages – présenté par PRIM

Prix Nouveaux Regards – présenté par la SCAM et Post-Moderne

Prix du meilleur court ou moyen métrage international

Prix du meilleur court ou moyen métrage national – présenté par Télé-Québec et SLA location

Prix Magnus-Isacsson – présenté avec la participation de l’ARRQ, DOC Québec, Funambules Médias, Cinema Politica et Main Film

Prix du public – présenté par le Fonds des médias du Canada (NOUS | MADE).

 

INTERSECTIONS

Cette année encore, les RIDM proposent de nombreuses discussions, tables rondes et activités qui enrichissent et accompagnent la programmation.

 

PROGRAMMES SPÉCIAUX

La soirée de la relève Radio-Canada sera à nouveau l’occasion de découvrir les premières réalisations de nouveaux talents. Retransmise par Radio-Canada dans le cadre d’une webdiffusion le 22 novembre à 17h, les films seront ensuite disponibles sur ICI TOU.TV.

 

8 x Wapikoni mobile : les RIDM et le Wapikoni mobile s’associent de nouveau cette année afin de proposer 8 courts métrages présentés alternativement en ligne avant tous les films de la compétition nationale.

 

Cette année encore, La Séance d’écoute publique offrira aux festivalier.ère.s une plongée dans l’intime sonore. Les trois courts métrages gagnants du concours Le Réel à l’écoute ainsi qu’un long métrage seront au programme. Un événement organisé par les Soirées d’écoute publique et CHOQ.ca, présenté par le centre PRIM.

 

TABLES RONDES ET DISCUSSIONS

 

Diversité de la production francophone : présentée avec le soutien du Consulat général de France à Québec, cette table ronde animée par Yanick Létourneau et rassemblant les cinéastes Amandine Gay et Miryam Charles, ainsi que le producteur et programmateur Hicham Falah présentera les enjeux de production de documentaires francophones face à la diversité des voix.

 

Cinéma et théâtre – La création en temps de pandémie : présentée en collaboration avec Espace libre, Wapikoni mobile et le Cinéma Moderne, cette table ronde animée par Aude Renaud-Lorrain, rassemblant François Bernier et Hubert Lemire (DuBunker), ainsi que Marie-Kristine Petiquay (Wapikoni), soulèvera leurs expériences et défis créatifs et logistiques rencontrés en temps de pandémie.

 

Nouvelles écritures du réel – Bilan de santé : présentée en collaboration avec L’inis et le labdoc (laboratoire de recherche sur les pratiques audiovisuelles documentaires) de l’UQÀM, cette table ronde animée par Matthieu Dugal présentera un bilan de santé de l’écosystème des médias numériques et des nouvelles écritures documentaires.

Les dialogues RIDM : discussions vidéo entre des cinéastes de la sélection.

 

Le Balado RIDM : émissions de balado à la rencontre des cinéastes québécois.es. Produit en partenariat avec la revue 24 images.

 

TARIFS ET MISE EN VENTE DES PASSEPORTS ET ABONNEMENTS

Cette année, la billetterie des RIDM est uniquement en ligne, accessible via le site web du festival. Afin de permettre un accès abordable et simple à toute la programmation, deux options d’achat sont possibles :

 

Passeport RIDM – 70$ +tx : le passeport donne un accès à toute la programmation du festival

Abonnement à une section thématique – 15$ +tx : l’abonnement donne accès à la totalité d’une section thématique

 

Tous les films de la sélection sont disponibles en tout temps sur enligne.ridm.ca, pendant la durée des semaines de diffusion prévues. La plateforme de visionnement sera accessible à partir du 9 novembre et les films seront disponibles dès le 12 novembre à 8h00.

 

À noter que si les conditions sanitaires le permettent, certaines séances en salles pourraient être annoncées au début du mois de novembre. Dans ce cas, des billets individuels seront mis en vente sur le site web des RIDM.

 

 

MERCI AUX PARTENAIRES DES RIDM

En cette période indécise, les RIDM veulent souligner l’appui et le soutien remarquable de nos partenaires : un signe de confiance qui témoigne de la résilience de nos institutions et de notre communauté. Merci au ministère de la Culture et des Communications, à la SODEC, au Secrétariat à la région métropolitaine, au Conseil des arts du Canada, à la Ville de Montréal, à Téléfilm Canada, au Conseil des arts de Montréal, au Consulat général de France à Québec, à Bell Média, Canal D, au Fonds des médias du Canada, à Télé-Québec, la CSN, TV5, Radio-Canada, Post-Moderne, la Société civile des auteurs multimédia (SCAM), aux Studios Saint-Antoine, à PRIM, BDO, la Cinémathèque québécoise et au studio Chop Chop.

À propos des RIDM

Seul festival au Québec entièrement dédié au documentaire, les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) offrent au public le meilleur du cinéma du réel en rassemblant les grand.e.s cinéastes et les nouveaux talents à découvrir.

 

 

La 23e édition des RIDM se déroulera du 12 novembre au 2 décembre 2020.

Informations : ridm.ca | info@ridm.ca

FacebookTwitterInstagram

 

Bulletin PRIM – Octobre 2020

PRIM – Appel à projets et nouveau programme !!!

En plus de nos deux programmes habituels Aide à la création et Doc à risque, PRIM est très heureux aujourd’hui d’annoncer le lancement d’un nouveau programme d’aide : Recherche et exploration!

Ce nouveau programme a pour objectif de soutenir les artistes ayant une démarche de recherche qui vise à favoriser l’innovation en art et l’exploration de nouvelles voies contribuant au développement des disciplines.

Quel que soit le programme, vous avez jusqu’au  4 novembre 2020 à 23h59 pour nous faire parvenir votre projet (soumission en ligne)

Tous les détails sont sur notre site web!

Recherche et exploration

Aide à la création

Doc à risque

RÉSIDENCE DE PRODUCTION DIFFUSION – PRIM-DAZIBAO

APPEL À PROJETS

Dazibao et PRIM s’unissent, depuis 2005, pour offrir à un·e artiste une occasion exceptionnelle de produire et de diffuser une œuvre. La proposition retenue tient compte des spécificités respectives des deux organismes et doit par conséquent soulever des problématiques formelles et conceptuelles propres aux pratiques de l’image tout en n’ayant crainte d’y confronter l’audio, la vidéo et le traitement numérique.

Date limite :  15 octobre 2020

En savoir plus et soumettre un projet

RETOUR PROGRESSIF AU CENTRE

Après près d’un an de travaux, nous sommes enfin de retour au centre de la rue Fullum.

Nous reprenons progressivement possession de nos nouveaux locaux et nous espérons que la situation sanitaire nous permettra rapidement de vous accueillir sur place. Plus que quelques coups de marteaux et nous vous dévoilerons très bientôt le nouveau centre!

Un premier projet de colorisation s’est complété sur place la semaine dernière.
Si la tendance se maintient, d’ici quelques semaines, nous devrions être pleinement opérationnel! On touche du bois car on a vraiment hâte!

COVID 19 – MESURES MISES EN PLACE

Le centre PRIM a mis en place des mesures afin d’assurer la sécurité de ses membres et employés. Nous sommes ouvert et travaillons sur la rue Fullum sur rendez-vous seulement.

  • L’accès au centre se fait uniquement sur rendez-vous.
  • Sur place, vous devez remplir un formulaire pour savoir si votre état de santé répond aux critères énoncés par la Direction générale de la santé publique
  • Lavage des mains obligatoire à l’entrée du centre (station de nettoyage).
  • Le port du couvre visage est obligatoire partout à l’intérieur du centre.
  • Il est également demandé de respecter la distanciation de 2 mètres.
  • Une désinfection des équipements et des points de contact sera effectuée par PRIM plusieurs fois par jour.
  • Nous nous réservons le droit de vous refuser l’accès au centre si vous présentez des symptômes.

Voir toutes les mesures

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Les artistes émergents du Canada reçoivent un soutien essentiel grâce à la quatrième ronde du projet Production de vidéoclips

Les artistes émergents du Canada reçoivent un soutien essentiel grâce à la quatrième ronde du projet Production de vidéoclips (PDV)

RBC et l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision accordent 13 bourses à des artistes canadiens émergents et lancent la cinquième ronde 

RBC et l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision ont annoncé ce mercredi les noms des 13 lauréats d’une bourse au terme de la quatrième ronde du projet PDV. Le programme, une initiative conjointe de RBCxMusique et du prix Prism, offre à des musiciens et à des cinéastes canadiens émergents le soutien nécessaire pour créer et produire des vidéoclips.

C’est aujourd’hui également que s’ouvre la cinquième ronde. Du 1er octobre au 1er novembre 2020, les artistes émergents admissibles peuvent soumettre une demande en ligne à MVPProject.ca.

 

Bourses

Les bourses de la quatrième ronde arrivent à point nommé pour les artistes qui ont été durement touchés par la pandémie de COVID-19. En raison de l’interruption des spectacles sur scène et des productions, lesquelles viennent tout juste de reprendre, les artistes et les cinéastes émergents ont vu disparaître leur principale source de revenus, ce qui les a forcés à revoir la façon dont ils créent et font la promotion de leur art.

Mentorat

En plus de bénéficier d’un financement au moyen des bourses du projet PDV, les artistes peuvent profiter de possibilités de mentorat et de réseautage avec des professionnels de l’industrie. Axé sur la croissance du milieu canadien du vidéoclip, le projet PDV offre des occasions supplémentaires de mentorat et de réseautage aux candidats et aux lauréats tout au long de l’année. Les derniers ateliers comportaient des séances poussées avec les équipes de production responsables des vidéoclips Virtuous Circle de Jordan Klassen, 24 Remix de TOBi et Mustang de Harrison, ainsi que des occasions de mentorat individuel avec certains des créateurs de vidéoclips les plus en vue du pays.

« Au cours des deux dernières années, nous avons observé la concrétisation des projets de ce programme de la conception jusqu’à la production, dans certains cas, d’un vidéoclip internationalement reconnu, a déclaré Matt McGlynn, vice-président, Marketing de la marque, RBC. Chaque ronde du projet PDV donne naissance à des concepts créatifs et uniques qui racontent une histoire, et nous avons hâte de voir les histoires de la quatrième ronde prendre vie. »

Depuis sa création en 2018, le projet PDV a reçu près de 1 400 projets de vidéoclip d’artistes de tout le Canada et a accordé 41 bourses à des artistes émergents, ce qui a contribué à la création de 20 vidéoclips. D’autres vidéoclips seront lancés plus tard cette année. La critique a encensé de nombreux vidéoclips financés par le projet PDV, notamment Virtuous Circle de Jordan Klassen, pour lequel le réalisateur Farhad Ghaderi a gagné l’or aux prix Young Director Award 2020 dans la catégorie vidéoclips. Virtuous Circle était également en nomination aux Music Video Awards du Royaume-Uni en 2019.

« Les dernières années ont été marquées par une prolifération de courts vidéoclips, de mèmes, de GIF et de courtes vidéos promotionnelles, chaque artiste s’efforçant de partager le plus de contenu possible, a indiqué Said the Whale, un groupe de rock indépendant de Vancouver et lauréat d’une bourse de la deuxième ronde du projet PDV. Ce projet est différent : il fait la promotion du vidéoclip en tant que forme d’art. Les œuvres d’art uniques issues du projet PDV n’existeraient pas sans cet extraordinaire organisme de financement. Pour ma part, j’avais presque oublié le pouvoir d’un excellent vidéoclip, mais le projet PDV m’a totalement redonné confiance. »

Le vidéoclip Record Shop de Said the Whale, réalisé par Johnny Jansen et produit par Josh Huculiak, s’est distingué plus tôt cette année lorsqu’il a été mis en nomination pour le vidéoclip de l’année aux prix Juno 2020.

« Nous sommes extrêmement fiers de permettre à 13 équipes créatives de concrétiser leur vision, a déclaré Louis Calabro, vice-président, programmation et prix, Académie canadienne du cinéma et de la télévision. Le fait d’être associé à des collaborations importantes, comme le classique instantané 24 (Remix) de Kit Weyman et TOBi ainsi que la célébration de l’excellence autochtone dans Mehcinhut de Chandler Levack et Jeremy Dutcher, est un honneur et une véritable inspiration pour l’équipe de l’Académie canadienne. »

La liste des lauréats de la quatrième ronde couvre une grande variété de genres musicaux et de styles cinématographiques. Ces lauréats, sélectionnés par un jury de professionnels de l’industrie, sont les suivants :

 

« Le projet PDV est l’un des rares programmes au Canada qui reconnaît le pouvoir de l’union de la musique et du cinéma pour raconter une histoire, a indiqué Breagh Isabel, auteure-compositrice-interprète de la Nouvelle-Écosse et lauréate d’une bourse de la quatrième ronde du projet PDV. Le soutien du programme m’a permis de collaborer avec une productrice et une réalisatrice incroyables pour donner vie à ma musique. »

Le projet PDV s’inscrit dans le cadre du projet Artistes émergents RBC, qui contribue à épauler aujourd’hui les talents de demain et appuie des organismes qui offrent aux artistes canadiens les meilleures chances de faire avancer leur carrière. Depuis 2015, plus de 13 000 artistes ont reçu du soutien par l’intermédiaire de ces programmes.

La cinquième ronde commence aujourd’hui. Pour en savoir plus, allez au www.projetpdv.ca.

RBC

La Banque Royale du Canada est une institution financière mondiale définie par sa raison d’être, guidée par des principes et orientée vers l’excellence en matière de rendement. Notre succès est attribuable aux quelque 86 000 employés qui concrétisent notre vision, nos valeurs et notre stratégie afin que nous puissions contribuer à la prospérité de nos clients et au dynamisme des collectivités. Selon la capitalisation boursière, nous sommes la plus importante banque du Canada et l’une des plus grandes banques au monde. Nous avons adopté un modèle d’affaires diversifié axé sur l’innovation qui nous permet d’offrir des expériences exceptionnelles à nos 17 millions de clients au Canada, aux États-Unis et dans 34 autres pays. Pour en savoir plus, visitez le site rbc.com.‎

Nous sommes fiers d’appuyer une grande diversité d’initiatives communautaires par des dons, des investissements dans la collectivité et le travail bénévole de nos employés. Pour de plus amples renseignements, visitez le site rbc.com/collectivites-impact-social.

L’Académie canadienne du cinéma et de la télévision

L’Académie canadienne du cinéma et de la télévision est la plus importante association professionnelle nationale sans but lucratif au Canada. Elle est vouée à la promotion, à la reconnaissance et à la célébration des talents canadiens dans les secteurs du cinéma, de la télévision et des médias numériques. Elle compte plus de 4 000 membres, dont des figures emblématiques et des professionnels chevronnés, ainsi que des artistes émergents et des étudiants. Elle offre des programmes de perfectionnement professionnel et des occasions de réseautage qui favorisent la croissance, l’inclusion et le mentorat au sein du secteur.

L’Académie canadienne du cinéma et de la télévision est fière de souligner l’appui de son partenaire médiatique principal, CBC ; de son premier partenaire, Téléfilm Canada ; de son partenaire platine, CTV ; de son partenaire principal, Netflix, et de ses grands partenaires : le Fonds des médias du Canada, Cineplex et le Fonds Cogeco.

Pour en savoir plus sur l’adhésion et la programmation, allez à academie.ca.

 

 

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Offre d’emploi – Incendo recherche coordonnateur-trice post-production

Incendo recherche présentement un(e) coordonnateur-trice post-production

Sous la supervision du producteur et de la directrice de postproduction, le / la titulaire du poste aidera à la postproduction de divers projets télévisuels. Il / elle assumera les responsabilités suivantes :

-La préparation des contrats des chefs de départements

-La préparation et l’envoi de documents à diverses associations

-Le suivi de la postproduction

-Suivi et modifications des horaires

-Organisation de rencontres et sessions

-Soutien administratif

-La préparation et le regroupement de divers documents de livraison

 

Exigences :

-Excellente maitrise du français et de l’anglais (parlé et écrit)

-Formation collégiale et / ou universitaire pertinente

-Expérience en production et/ou en postproduction d’un minimum de 2 ans.

-Excellente connaissance des logiciels de la suite office sur MAC

-Bonne connaissance des outils de travail et de collaboration en-ligne

Qualités requises :

-Bon sens de l’organisation et de l’initiative

-Capacité à gérer plusieurs dossiers simultanément

-Autonomie et dynamisme

 

Conditions de travail :

-Poste d’une durée de 7 mois, possibilité de prolongation

-Entrée en fonction : Fin Août

-40h/sem

 

Merci de nous faire parvenir votre candidature à : incendopost@gmail.com avant le 8 août 2020.

 

Notez que seuls les candidats retenus seront contactés.

 

 

Incendo est une entreprise canadienne qui se spécialise dans la production et la distribution internationale d’émissions de télévision de grande qualité, destinées au marché mondial. Depuis sa création, en 2001, Incendo a produit des films, des téléséries ainsi que des documentaires qui ont été vendus dans le monde entier. Incendo est également responsable de la distribution cinématographique en salle de la Paramount Pictures au Québec. Depuis avril 2019, Incendo fait partie du Groupe TVA. Pour des renseignements complémentaires, consultez le site Web : www.incendo.ca.

 

Le portail_PHI : se connecter sans frontières

En première canadienneportail_PHI, une installation collaborative gratuite rassemblant des curateurs culturels à travers le monde 

Grâce à une programmation diversifiée, le portail_PHI offre au public montréalais une série sans précédent qui examine la culture et crée des opportunités de réflexion collective.

Le portail_PHI est une installation d’art public immersive et une initiative participative à long terme qui met le public montréalais en relation avec les communautés de 50 villes à travers le temps et l’espace – de Kigali à Milwaukee en passant par Gaza. Grâce à une technologie immersive en direct, l’entrée dans l’espace de l’exposition du portail_PHI s’apparente à partager le même espace physique qu’une personne se trouvant de l’autre côté de l’écran, en faisant appel à l’ensemble du corps et à son langage. Grâce à un partenariat avec Shared_Studios, le portail_PHI s’inscrit dans un réseau de réalités géopolitiques variées qui facilitent l’émergence d’un troisième espace – une zone hybride où des contextes spécifiques convergent pour permettre la connexion.

Le portail_PHI est l’internet dans lequel vous pouvez entrer.

Bien plus qu’une simple installation, le portail_PHI est une porte vivante qui permet d’établir des liens intimes inédits et de créer une nouvelle communauté à travers la planète. Premier et unique portail de ce type au Canada cette année, le portail_PHI offrira un accès sans précédent à la communauté mondiale de curateurs culturels Shared_Studios.

De juillet 2020 à juillet 2021, le portail_PHI mettra en relation les communautés locales et internationales par le biais de séries de programmes transdisciplinaires centrés sur la musique, le design, les arts visuels et médiatiques, afin de susciter un dialogue au cœur de notre connectivité mondiale. Le portail_PHI sera catalyseur d’échanges artistiques et de connexions humaines transcendant les frontières et les langues.

La programmation du portail_PHI va des artistes établis aux artistes émergents en facilitant une conversation ouverte sur l’époque géo-politico-culturelle que nous vivons avec des musiciens, des conservateurs, des écrivains, des leaders de mouvements et des artistes.

À une époque où l’établissement de connexions mondiales est plus recherché que jamais, le portail_PHI honore le pouvoir d’être ensemble dans la différence.

Le portail_PHI exploitera le potentiel de transformation de la production culturelle pour combler les fossés entre les communautés et favoriser des relations durables qui reflètent notre responsabilité d’amplifier l’humanité, l’équité, la beauté et la dignité.

Ce fut une joie de collaborer avec PHI. Notre partenariat met en évidence l’importance de l’art dans le rapprochement des différences culturelles et son pouvoir de transformation pour créer un lien humain significatif. Shared_Studios

L’opportunité du portail_PHI est devenue vitale dans notre paysage social actuel. Notre message d’interconnectivité consistera à permettre à ceux qui le peuvent de raconter leur histoire face à face. Cet échange humain, non censuré, aura lieu dans l’installation du portail et sera diffusé sur plusieurs écrans au Centre PHI. Nos conservateurs, ici et à l’étranger, susciteront des conversations significatives à travers le prisme de l’art. Phoebe Greenberg, fondatrice et directrice de PHI

Programmation de la saison 1

D’autres connexions s’ajouteront au cours de la saison

Black on Both Sides: un échange culturel avec Rito Joseph
Portail: Milwaukee
Une fois par semaine jusqu’au 29 août, en anglais

Les sessions sont modérées par un de nos conservateurs et sont accessibles au public par le biais de vidéos diffusées sur les écrans du Centre PHI. Vous pouvez réserver un billet gratuit pour assister à ces connexions.

Sessions d’écoute NBS (No Bad Sound Studios)
Portail: Milwaukee
Trois saisons au cours de l’été, en anglais

Work in Progress: lectures avec Lewis Lee
Portail: Milwaukee
Une fois par semaine du 25 juillet au 29 août, en anglais

Liens associés

Centre PHI
centre-phi.com | Facebook | LinkedIn

Fondation PHI
fondation-phi.org | Facebook | Twitter

Plus d’informations sur Shared_Studios

Shared_Studios existe pour créer des liens humains significatifs entre des personnes séparées par la distance et la différence. Nous concevons des conversations transformatrices dans des environnements virtuels et immersifs pour aider les gens à s’épanouir dans un monde interconnecté en ouvrant les esprits, en remettant en question les hypothèses et en inspirant l’action.

PHI

Fondé et dirigé par Phoebe Greenberg à Montréal, PHI est un pôle artistique multidisciplinaire situé au croisement de l’art, du film, de la musique, du design et de la technologie. Tourné vers l’art et les publics de demain, l’organisme couvre le spectre des idées radicales en misant sur l’expérience collective, la responsabilité sociale et la participation de l’auditoire.

PHI englobe le Centre PHI, le Studio PHI, des programmes d’artistes en résidence et la Fondation PHI pour l’art contemporain. Grâce à une programmation éclectique et une prédilection pour la création de contenus, PHI favorise les rencontres imprévues entre artistes et publics.

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