Entrevue avec Ziad Touma, producteur du film « Répertoire des villes disparues »

« Répertoire des villes disparues » de Denis Côté. Une œuvre hors norme.

Une entrevue avec son producteur, Ziad Touma par Charles-Henri Ramond

Onzième long métrage de Denis Côté, Répertoire des villes disparues a pris l’affiche vendredi le 16 février après avoir foulé le tapis rouge de la 69e édition de la Berlinale, où le film était présenté en compétition officielle. Acclamé par la critique québécoise et internationale, le film est une proposition hors norme offrant au spectateur un vaste champ exploratoire, dans laquelle on retrouve des thèmes chers au réalisateur de Curling (l’hiver, la région, la marginalité…).

Cependant, et sans doute pour la première fois de sa carrière, Denis Côté offre une présence importante à l’exploration de quelques sujets d’actualité, qui marquent la société québécoise d’aujourd’hui, telles la peur de l’autre ou la disparition progressive des villages ruraux. En ressort une œuvre aussi puissante qu’intime, qui ne laissera personne indifférent. Avant que l’équipe du film ne se rende en Allemagne, nous avions rencontré le comédien Robert Naylor et le producteur Ziad Touma de Couzin Films qui nous a raconté brièvement les origines du projet.

« Denis m’a écrit un courriel de trois lignes… « Je suis cinéaste, tu es producteur… lis ce roman »… rires … J’ai évidemment été le chercher en librairie; j’ai découvert un texte très beau, très poétique; mais en même temps, c’est un récit très troué qui ne donne qu’une ambiance générale d’un petit village. C’étaient comme des scènes de vies… J’ai demandé à Denis comment il allait raccorder une histoire avec autant de personnages.

 

«On a eu plusieurs rencontres, dès le début du projet, lors desquelles on parlait beaucoup du récit, de ses intentions, de ce qu’il voulait faire et de comment il voyait son cinéma évoluer. Il venait de terminer Ta peau si lisse avec François Messier-Rheault à la caméra [également directeur photo de Répertoire des villes disparues, NDLR]. Il souhaitait poursuivre dans une démarche plus légère, une ambiance moins stricte.

 

«Et comme il écrit très vite… trois mois plus tard j’ai reçu une première version que l’on a un peu retravaillée, et en un an, on a eu un scénario, que l’on a réussi à financer très rapidement aussi. On est parti du roman, avec une lettre d’intention de Denis qui expliquait ses personnages, les thématiques dont il voulait parler. Finalement, ça s’est financé facilement à toutes les étapes [SODEC, Téléfilm Canada, NDLR]. »

Sur le travail avec Denis Côté

« Pour moi chaque film est une aventure. C’est un processus qui nous amène à développer beaucoup plus de projets que ceux que l’on produit en réalité. Pour chaque film qui sort, il y en a peut-être cinq ou six qui ne sont pas nés. J’ai un attachement pour chacun des films, des scénarios et des cinéastes. À leurs démarches aussi. Ce qui m’a le plus impressionné avec Denis, c’est qu’il a fait son casting et sa recherche de lieux tout seul. Il a construit son film en fonction de ses acteurs et de ses lieux de tournage. Ça m’a vraiment étonné. »

Sur la présence du film à Berlin

Interrogé sur la présence de Répertoire des villes disparues à Berlin, une cinquième participation pour le cinéaste, Ziad Touma ne cache pas sa joie d’être dans une compétition aussi prestigieuse et gratifiante.

Il précise également : « Ce que je trouve intéressant à Berlin c’est l’engagement des programmateurs et du public. Au Québec, on s’est donné comme mission de faire connaître son cinéma et j’espère que le rayonnement de Berlin aura un impact ici au Québec, d’où notre choix de programmer la sortie en salle immédiatement après la présentation en première mondiale. »

 

Et aussi…

Le comédien Robert Naylor, qui joue le frère du défunt, partage également la passion de la musique, comme en atteste la trame sonore du film d’Ara Ball (Quand l’amour se creuse un trou) qu’il a cosignée l’an dernier. Sur les plateaux de tournage, l’acteur de 10 1/2 et de 30 vies y trouve un accompagnement indispensable pour rester concentré sur son jeu et ses personnages. Voici ce qu’il écoutait durant le tournage de Répertoire…

  • Radiohead, plus particulièrement la pièce “Everything in its Right Place” qui se retrouve sur l’album Kid A
  • Jon Hopkins, un producteur de musique électronique londonien
  • Alphex Twin, l’un des artistes majeurs de la scène électronique anglaise

Entrevues réalisées par Charles-Henri Ramond, à Montréal, lors du junket du 29 janvier 2019

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