«La grande noirceur» de Maxime Giroux et l’urgence de tourner

«La grande noirceur» de Maxime Giroux et l’urgence de tourner, regard sur le quatrième long métrage de fiction de Maxime Giroux

Un article de Charles-Henri Ramon 

« La grande noirceur » a pris l’affiche vendredi le 25 janvier 2019 à Montréal et à Québec

À partir d’un scénario qu’il a coécrit avec Alexandre Laferrière (Demain, Jo pour Jonathan) et Simon Beaulieu (réalisateur du documentaire Miron, un homme revenu d’en dehors du monde), Maxime Giroux dresse une fable philosophique profonde et intrigante qui se déploie sous forme de réflexion mystique sur la place du Québec au sein d’une Amérique surpuissante. S’éloignant radicalement de la forme et du fond de Félix et Meira son précédent long métrage, le cinéaste développe une histoire riche en mystère dans laquelle il confie au comédien Martin Dubreuil le rôle d’un imitateur de Charlot qui se retrouve plongé dans un désert peuplé de personnages aux sombres desseins…

Devant la beauté visuelle et la distribution cinq étoiles de La grande noirceur, on peut imaginer que le film a bénéficié d’un important budget. Or il n’en est rien. Rencontré en entrevue peu avant la sortie, le cinéaste nous confiait en effet que le film avait été produit avec peu de moyens, en toute liberté. Une équipe réduite à quelques personnes seulement composée de connaissances et d’amis du cinéaste et des producteurs, et des comédiens qui ont accepté de se prêter au jeu, dans l’immensité des déserts de Californie et du Nevada.

 

Maxime Giroux nous explique : «Nous n’avons pas soumis à la SODEC, car on savait que cela pourrait prendre jusqu’à trois ans de dépôt. Je ne pense pas qu’on l’aurait eu au premier dépôt… c’est un scénario très spécial, qui n’est pas dans la norme. Et en plus, nous ne voulions pas prendre le risque de nous lancer dans le processus, car nous voulions le tourner très rapidement. Je venais de passer trois ans sur un projet qui n’avait pas été subventionné, donc j’avais besoin de tourner.

 

«Aussi, nous sentions que la conjoncture politique était propice, avec l’arrivée au pouvoir de Trump. C’était maintenant qu’il fallait le faire, pas dans cinq ans. Souvent le problème avec ces délais, c’est qu’on écrit des films sur ce qui se passe aujourd’hui, mais lorsque le processus de financement se termine, on est déjà rendu ailleurs. Tout va aujourd’hui tellement vite, qu’on n’est plus dans l’actualité. La grande noirceur, nous voulions que ce soit tourné au plus vite! Ceci étant dit, Téléfilm Canada a embarqué très rapidement dans le projet, de même que le Fonds Harold Greenberg, qui l’a accepté au premier dépôt.

 

«J’ai dit à Simon Beaulieu, faisons ce film comme si nous n’avions qu’une caméra, dans le désert. On a réécrit le scénario original dans l’optique du zéro argent. C’est vraiment comme un film étudiant. Juste la chance d’avoir ces comédiens dans des paysages aussi magnifiques, c’était déjà génial! »

Présenté en première mondiale à Toronto en septembre dernier, La grande noirceur a fait une belle tournée des festivals canadiens au cours de l’automne, lors de laquelle il a mis la main sur le Best Canadian Narrative Feature du Calgary International Film Festival.

Un article de Charles-Henri Ramond

 

La grande noirceur / The Great Darkened Days
Version originale en français et en anglais avec sous-titres en français
Québec, 2019. Durée: 1h34

 

COMÉDIENS
Martin Dubreuil
Sarah Gadon (Helen)
Reda Kateb (Hector)
Romain Duris (Lester)
Soko (Rosie)
Lise Roy, Mike Calchera, Buddy Duress, Cody Fern, Walter T. Radabagh, Eden Sela, Luzer Twersky, Clinton Van Arnam

Réalisateur: Maxime Giroux
Scénaristes : Simon Beaulieu, Maxime Giroux, Alexandre Laferrière
Direction photo : Sara Mishara
Montage : Mathieu Bouchard-Malo
Direction artistique : Sylvain Dion
Costume : Patricia McNeil
Musique originale : Olivier Alary
Son : Frédéric Cloutier Stephen De Oliveira Luc Boudrias
Post-production : Post Moderne
Producteurs : Sylvain Corbeil, Nancy Grant, pour Metafilms
Distributeur (Canada) : Funfilm Distribution
Ventes à l’international : Seville International

Le film est à l’affiche à Montréal au Cineplex Odeon Quartier Latin, au Beaubien, au Cinéma Moderne et en VOSTA au Cinéma du Musée, ainsi qu’au Clap à Québec.

Station Vu : Mardi 29 janvier,19h30; vendredi 1er février, 15h00

À l’affiche le 1er février à La Maison du cinéma, Sherbrooke

 

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