Lauréats des Prix cinéma du 32e Festival international Présence autochtone

Les lauréats des Prix cinéma du 32e Festival international Présence autochtone

Le souvenir d’une femme assassinée semble ne tenir qu’à un fil, mais sur la trame du récit se construit peu à peu, avec les mains des artisanes, une toile mémorielle pour que rien ne soit oublié. Un souffle poétique traverse de part en part ce film dédié aux tisserandes de la nation Amuzgo et à la cause des femmes. Flores de la llanura deMariana X. Rivera (Mexique 2021), mérite le Prix du Meilleur court international.

Pour une œuvre expérimentale bien maîtrisée, d’où émane une grande poésie visuelle et sonore, Spirit Emulsion, réalisée par Siku Allooloo, obtient le Prix de la Relève autochtone décerné par Main Film.

Pour un remarquable film où le dessin animé et le chant inuit se conjuguent dans une évocation des débuts du monde selon la cosmovision inuite, Chanson de l’Arctiquese voit attribuer le Prix Radio-Canada Espaces Autochtones décerné au Meilleur court métrage canadien.

Pour ce portrait d’un homme infatigable qui, seul, entreprend la tâche cyclopéenne de créer sur cassettes une encyclopédie sonore d’une culture ancienne dont quelques survivants gardent encore la mémoire; pour l’hommage qui est rendu à l’acharnement archivistique d’un héros solitaire de la résistance culturelle autochtone; pour la discrète, mais néanmoins implacable condamnation du colonialisme ethnocidaire; Apenas el sol de Arami Ullon (Paraguay 2021) reçoit le Prix du meilleur documentaire.

Narrée avec doigté, humour et cœur, l’histoire d’un jeune homme en quête de son identité. Merveilleux et novateur, romantique et inspiré, faisant progresser à la fois le cinéma autochtone et le cinéma queer, à contrecourant du pessimisme ambiant, Wildhood de Bretten Hannam (Canada 2021), en ces temps troublés, ose montrer l’éclosion d’un amour heureux et obtient ainsi le Prix reconnaissance APTN.

En dénonçant les violences sexuelles qui ont cours dans une communauté autochtone tissée serrée, Marion et Ida ont fait preuve d’un courage exemplaire. Tystnaden i Sápmi (Norvège 2022), de Liselotte Wajstedt, accompagne et documente la démarche difficile mais nécessaire de femmes samies pour briser le carcan oppresseur de l’omerta et entreprendre une reconstruction personnelle suite au trauma de l’agression, et mérite le deuxième Prix Rigoberta-Menchu.

Contre le banditisme écocidaire des multinationales, les peuples autochtones se dressent. Témoin du désastre causé par la Peabody Corporation dans la Black Mesa, la réalisatrice de Powerlands (Canada États-Unis 2022), Ivey Camille Manybeads Tso, va à la rencontre d’autres organisations autochtones en Colombie, au Mexique, aux Philippines et à Standing Rock, menant sur leur propre territoire la même lutte que les Navajos ont eu à soutenir contre une industrie minière destructrice de l’environnement. De ce parcours planétaire, elle a tiré un film mobilisateur qui mérite le Grand Prix Rigoberta-Menchu.

Dans le labyrinthe des rues de La Paz, un mal court à la fois mystérieusement démoniaque et prosaïquement médical. La ville, grande balafre paysagère, devient le théâtre des tourments de Elder qui devra chercher guérison dans la tradition indigène, rejetée vers les marges de la cité, mais qui apparaît comme l’unique planche de salut. Pour un magnifique clair-obscur avec ses sinueux détours, entre réalité et fiction, entre magie ancienne et maux du présent, El gran movimiento(Bolivie 2021) de Kiro Russo, se mérite le deuxième Prix Teueikan accordé par le jury du 32e Festival international Présence autochtone.

Le Prix Meilleure direction photo a été décerné à El gran movimiento.

Pour la dimension épique et écologique que prend l’émouvante histoire d’amour de Virginio et Sisa, vieux couple éleveur d’alpacas dans l’altiplano bolivien, alors que l’esprit de la terre nourricière ne répond plus à l’appel des humains et que la force des anciens rituels semble impuissante face à la dure réalité des changements climatiques ; le jury du 32e Festival international Présence autochtone accorde le Grand Prix Teueikan à Utama (Bolivie 2022), d’Alejandro Loayza Grisi.

BOURSE TRILLION 2022 : Maïlys Flamand

Par la diversité des médiums qu’elle emprunte, par son pas assuré dans l’exploration graphique et sémantique, pour la simplicité pleinement assumée de la ligne droite continue, par son implication communautaire exemplaire dont l’impact de l’illustration réclamant justice pour Joyce Echaquan témoigne éloquemment, Maïlys Flamand se mérite la bourse Trillion 2022.

PRIX DUDE 2022 : Kwahiatonhk!

Le prix Dude, dédié à une démarche innovante et originale dans le domaine le champs des arts et des cultures des peuples premiers, est remis en 2022 à Kwahiatonhk! pour la joyeuse audace dont l’association fait preuve dans la promotion de la littérature autochtone, notamment par la tenue d’un salon du livre des Premières Nations et la création d’un phénoménal bingo littéraire.

Vincent Carelli, Prix d’accomplissement historique exceptionnel, en association avec l’Indigenous Media Initiatives

En tant que documentariste, réalisateur, monteur, ethnologue, activiste, défenseur des droits de la personne, Vincent Carelli a dédié sa vie à la défense et à des peuples autochtones du Brésil. Il a fondé, et dirige toujours, Video nas Aldeias, une association qui a permis de former et d’outiller de nombreux réalisateurs issus des communautés des Premières Nations, aujourd’hui capables, caméra au poing, de témoigner des luttes que mènent courageusement leurs peuples pour la survie des langues, des traditions et des territoires menacés.

À l’occasion de la sortie de Adeus, Capitão, film monumental, qui a lui seul pourrait témoigner de la profondeur des liens d’amitié et de solidarité que Vincent Carelli a noués et maintenus avec les leaders des nations premières de son pays, le Festival international Présence autochtone, en association avec l’Indigenous Media Initiatives, remet à Vincent Carelli et à Video nas Aldeias, un Grand prix d’accomplissement historique exceptionnel pour avoir ouvert la voie à tous les autres cinémas autochtones dans les Amériques et dans le monde qui auront subséquemment suivi l’exemple des Autochtones du Brésil dans la souveraine saisie audiovisuelle de leurs réalités.

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