Les distributeurs de films sur la Colline parlementaire

Le Regroupement des distributeurs indépendants de films du Québec invité à partager son mémoire sur la Colline

Andrew Noble, président du Regroupement des distributeurs indépendants de films du Québec (RDIFQ), annonce qu’un mémoire abordant l’industrie du long métrage est actuellement présenté au Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes. Lors d’une table ronde, les représentants du RDIFQ partagent leurs suggestions concernant l’aide accordée à l’industrie cinématographique canadienne par le gouvernement fédéral.

Ce mémoire trace d’abord un bilan de la situation actuelle : le paysage de la distribution, de l’exploitation et de la diffusion de films au Québec a considérablement changé ces dernières années. La consolidation des grandes sociétés de distribution et d’exploitation à travers différentes fusions/acquisitions, de même que différents bouleversements technologiques ont nettement accéléré ce phénomène qui laisse de moins en moins de place au cinéma d’auteur. Pourtant, ce type de cinéma, financé par l’État québécois à travers divers programmes, connaît un succès retentissant à l’étranger alors même qu’il est porté à disparaître de nos écrans, particulièrement en région. La situation financière des distributeurs indépendants, déjà précaire, s’en trouve grandement fragilisée, ce qui s’avère fort néfaste pour l’ensemble de la chaîne de production et pour la diversité culturelle à l’échelle de la Province.

Le mémoire explore ensuite différentes pistes de solution en formulant cinq propositions :

1) Mise en place d’un système de taxation pour financer l’industrie du cinéma et donner les moyens entre autres de capitaliser les distributeurs indépendants ;

Taxe de seulement 1 % sur le chiffre d’affaires de détail des différents opérateurs de télécommunication par lesquels transite une part croissante de l’offre cinématographique : fournisseurs d’accès à Internet, câblodistributeurs et opérateurs de téléphonie mobile (la plupart des opérateurs de télécommunication proposent d’ailleurs les trois services « à la carte » ou combinés).

Une portion de cet argent doit nécessairement être alloué en fonds de capitalisation pour les distributeurs indépendants. Il y aura un bénéfice direct de ce fonds sur toute l’industrie de cinéma québécois – meilleur financement des avances aux producteurs, meilleur financement des activités de mise-en-marché des films en salles, meilleur rayonnement à l’international, meilleur accès aux films en région.

2) Mise en place d’enveloppes permettant aux distributeurs de participer au développement de projets ;

Ces enveloppes donneraient les moyens aux distributeurs d’agir en amont pour amorcer eux-mêmes des projets en proposant à des créateurs d’explorer tel sujet ou telle forme ou, par exemple, de réaliser l’adaptation cinématographique d’une œuvre littéraire, voire d’une bande-dessinée. En conférant aux distributeurs une position beaucoup plus organique dans la chaîne de production, un tel programme viserait, en outre, à développer de nouveaux talents en favorisant la relève et permettrait également de secouer quelque peu les schémas de production actuels, afin de rehausser l’esthétique générale de la cinématographie québécoise, qui semble s’enliser dans certaines recettes (commerciales ou non) et se couper trop souvent de son public.

3) Aide financière pour la création d’un agrégateur de contenu numérique propre aux distributeurs indépendants ;

Le souhait du RDIFQ est de devenir un agrégateur de contenus autonomes et
incontournables. Les activités, surtout la numérisation et la mise-en-marché des films sur des plateformes numérique pourraient également être financées en partie par l’argent neuf généré par le nouveau système de taxation dont nous parlions précédemment.

4) Règlementation des plateformes VSD et SVSD pour s’assurer qu’ils investissent dans les productions canadiennes ;

Il est essentiel que le gouvernement à travers le CRTC impose les mêmes règlements sur ces plateformes que ceux qui existent pour les télédiffuseurs. Sinon, la tendance de programmer en majorité des films et séries américains avec peu de place pour le cinéma d’auteur et le cinéma québécois et canadien continuera. Et puisque ces plateformes remplacent les télédiffuseurs traditionnels canadiens, le réinvestissement dans la productions risquera de diminuer également.

5) Création d’un réseau de salles d’art et d’essai subventionné ;

La création d’un réseau de salles d’art et d’essai, inspiré des structures qui existent dans plusieurs pays, en majorité européens (France, Italie, Allemagne, Suisse, Hongrie, Belgique et Mexique).

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