« Quand la musique rencontre l’image » de l’intention à la production !

Rencontre de l’Association des professionnels de l’édition musicale (APEM) et des professionnels de toutes les industries de l’écran pour une première édition

Quand la musique tend la main à l’image (et vice-versa)

Un article de Rémy Fiers pour CTVM.info

Mercredi 23 janvier se déroulait à la salle Le Ministère sur Saint-Laurent, la première rencontre entre deux catégories professionnelles fondamentalement liées mais toujours en train de s’apprivoiser : celles des auteurs-compositeurs et des personnes du monde de l’édition musicale avec celle des réalisateurs et des producteurs du monde du cinéma ou de la télévision.

Une rencontre très vivante dans un cadre plutôt décontracté et intime à l’initiative de deux organismes représentant chacun un des groupes, en l’occurrence l’APEM (L’Association des Professionnels de l’Edition Musicale) et l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision.

Scindée en deux panels et deux groupes de discussion distincts intitulés « La musique comme catalyseur artistique » et « L’intention à la production » et animée par Manon Dumais, cette première manifestation du genre a fait la part belle aux échanges entre les différentes professions dans un but commun : trouver des solutions pour rendre la communication plus claire entre elles.

Mais ces différents débats ont également permis de briser quelques tabous non sans humour, de mettre en exergue quelques problématiques à solutionner et de raconter quelques anecdotes croustillantes. Le fin mot de l’histoire aura été d’envisager une collaboration plus constructive et davantage simplifiée entre les différents intervenants nécessaires à l’apposition de la musique sur des images, qu’elles soient documentaires ou de fiction et issues d’un long-métrage, d’un court-métrage, d’une publicité ou d’une série. Que cette musique soit commandée et composée par un musicien ou constituée de titres déjà existants.

La musique comme catalyseur artistique

Le premier panel a fait quelques rappels notamment sur le fait qu’une demande de musique existante n’est pas forcément suivie d’une réponse positive pour des raisons éthiques (la scène ne rentre pas dans leur politique de valeurs) ou financières (la somme proposée est trop faible). Si certains auteurs ont parfois en tête le type de musique qu’ils souhaitent dès l’écriture, certains n’en ont aucune idée avant la table de mixage. La jeune réalisatrice Chloë Robichaud (Sarah préfère la course) aimerait d’ailleurs la création d’une banque de données de musique canadienne facile d’accès et d’utilisation pour gagner du temps et donner des idées. Pour Martin Léon, auteur-compositeur québécois de musique de films qu’on ne présente plus : « Il serait bon que chaque réalisateur connaisse le milieu de la musique et vice-versa » soulignant ainsi le besoin d’un dialogue plus poussé et d’une éducation mutuelle à leurs métiers respectifs.

 

De l’intention à la production

Dans le second panel, Sébastien Lépine de Tram 7, spécialiste en libération de droits d’auteurs, entend toujours la même phrase de la part d’un producteur : « Il n’y a pas ou plus d’argent » confie-t-il avec humour. Visiblement, la part du budget d’un film consacré à la musique est d’environ 4% en moyenne à l’international quand elle plafonne à peine à 1% au Québec. Sans compter qu’ici pas de ‘music supervisor’ pour aider les réalisateurs dans leur tâche, les budgets ne le permettant clairement pas. Une anomalie qui nécessite des ajustements.

Le cinéaste Ricardo Trogi (Québec-Montréal) ajoute qu’il est préférable de prévoir ses musiques en amont et d’en faire la demande au préalable pour éviter d’avoir des déconvenues en post-production. Il pointe ainsi du doigt la lourdeur de certaines démarches qui s’apparentent à celle de l’administration voire à un parcours du combattant dans certains cas. Johanne Forgues des Productions Casablanca se souvient d’ailleurs de la complexité d’avoir un titre italien détenu par la firme Sony. Elle explique qu’il a fallu contacter Sony Canada, qui a dû contacter Sony International, qui a dû contacter Sony Italy… Un véritable serpent de mer ! Elle narre aussi la réaction étonnée des ayants droits de la chanson « Still loving you » de Scorpion, qui a résonné dans beaucoup de foyers québécois lors du final de la saison 3 de la série Les Invincibles, entrainant une ruée imprévisible sur cette mélodie.

Lancement du Guide officiel d’utilisation de la musique

La rencontre s’est terminée par la présentation d’un guide officiel d’utilisation de la musique qui faisait également office de lancement. Un guide destiné à permettre à tous les réalisateurs et auteurs de pouvoir mieux et légalement utiliser de la musique sur leurs œuvres. Une rencontre productive et vivante qui en amènera certainement d’autres et a permis de mettre à jour certaines problématiques sur lesquelles les professionnels devront se pencher. Et ainsi corriger quelques incongruités comme celle que vit en ce moment le producteur de « C.RA.Z.Y. », Pierre Even. Son film ne peut en effet plus être présenté dans les festivals car les droits des musiques utilisées n’avaient été négociés que pour dix ans. Le long-métrage de Jean-Marc Vallée est donc condamné à prendre la poussière au Québéc sans espoir de seconde vie. Un exemple frappant qui lève le voile sur certains des défis à relever pour le futur, à l’instar de ceux en rapport avec Netflix ou Amazon Prime sur la vente de contenus québécois et des droits d’auteur qui vont avec. Tout un programme !

Rémy Fiers pour CTVM.info

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