RIDM 2019 : L’explosion créative du documentaire !

Les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) présentent cette année une programmation plus audacieuse que jamais en faisant la belle part à des films qui repensent le langage cinématographique

Du 14 au 24 novembre 2019

En présentant des documentaires qui sortent des formes traditionnelles, les RIDM sont heureuses d’amener le public à réfléchir différemment des enjeux actuels. Une place de choix sera également réservée aux nouvelles visions en mettant de l’avant des premières oeuvres de cinéastes émergents.

En compétition nationale longs métrages

Utilisant brillamment archives et animation, le nouveau film de Carlos FerrandJongué, carnet nomade, immortalise de façon créative la vie de Serge Emmanuel Jongué, écrivain et photographe hanté par les questions d’identité et de mémoire des peuples colonisés. Passionné de bande dessinée, de journalisme et de littérature, il a bâti une œuvre originale et percutante. Installé à Montréal dès les années 1970 et très engagé auprès des Premières Nations, Jongué était précurseur de nombreuses voix qui s’élèvent de nos jours.

Le plus récent film de Claude DemersUne femme, ma mère, est l’œuvre autobiographique d’un véritable ciné-fils faisant le portrait de sa mère biologique, qui l’a abandonné à la naissance. À travers un montage poétique et infiniment sensible qui mêle fiction et documentaire, archives de films et reconstitutions, le cinéaste imagine la vie qu’aurait pu avoir sa mère pour mieux dialoguer avec elle grâce au cinéma.

Bombardés quotidiennement de scènes d’horreur et d’annonces de fin du monde sur fond de crise environnementale, nous poursuivons malgré tout nos journées dans un relatif confort. C’est ce sentiment diffus et omniprésent que Simon Beaulieu cherche à refléter à travers Le fond de l’air, une œuvre engagée nouveau genre qui entrecoupe archives, séquences en caméra subjective, fulgurances expérimentales et un soupçon de cinéma d’épouvante.

En compétition internationale longs métrages

Admirablement filmé, Overseas de Sung-A Yoon met à jour avec force le nouvel esclavage qui se cache derrière le commerce florissant des travailleuses domestiques. À travers des exercices et des jeux de rôle, elles apprennent à faire le service ou à pouponner, mais aussi à se préparer au pire : épuisement, maltraitance et agressions sexuelles.

Film-puzzle dont les pièces s’additionnent pour mieux se dérober, Belonging commence avec la confession d’un meurtre. À l’écran, une suite de plans sobres des différents lieux du récit retrace la cartographie du drame. Puis le film change de style et de temps : retour vers le passé, où la rencontre originelle entre les deux amants est soigneusement recréée par des acteurs. Pour cet intrigant thriller, le réalisateur turc Burak Çevik adopte une démarche aussi singulière qu’envoûtante, interrogeant les raisons troubles derrière les crimes passionnels.

Lamis est une Libanaise qui vient d’emménager à New York. Wilson est un Brésilien qui y vit illégalement depuis dix ans. Dans leurs langues respectives, ils décrivent leur rencontre et leurs impressions en voix hors-champ, sans que jamais ils n’apparaissent à l’écran. Le récit hybride de leur relation – est-elle réelle ou imaginaire? – s’égrène au fil des mots en portugais et en arabe, dont la poésie évoque autant le carnet de voyage que le roman épistolaire. En écho au News from Home de Chantal Akerman, While We Are Here de Clarissa Campolina et Luiz Pretti cherche les traces d’intimité au cœur des centres urbains modernes.

En compétition internationale courts et moyens métrages

Autrefois symbole de l’âge d’or de la machinerie agricole soviétique, l’usine Ursus a été vidée de ses dizaines de milliers d’employés polonais depuis la chute du communisme. Dans ce projet collaboratif, d’anciens ouvriers sont invités par l’artiste Jasmina Wójcik et son équipe de chorégraphes et musiciens à recréer les mouvements d’une journée de travail typique. Symphony of the Ursus Factory fait revivre les valeurs quasi oubliées de solidarité et de dignité du travail en redonnant leurs heures de gloire aux travailleurs et travailleuses qui jadis firent l’Histoire.

Dans les années 1980, un phénomène étrange se manifeste aux États-Unis avant d’atteindre plusieurs pays occidentaux : des centaines de personnes affirment avoir été victimes d’abus dans le cadre de rituels sataniques. Avec Demonic, la cinéaste expérimentale australienne Pia Borg se penche sur ce chapitre bizarre de l’Histoire en créant un collage aussi amusant qu’effrayant, mêlant archives télévisuelles et reconstitutions historiques.

Fondé sur de brillantes associations d’idées et correspondances visuelles, allant de l’éruption du volcan islandais Eyafjallajökull en 2010 à l’usine dirigée par le père du philosophe Wittgenstein, en passant par l’impact des Beatles sur la jeunesse tchèque, Above Us Only Sky de Arthur Kleinjan est une ode à la curiosité, à ces moments de chance, de révélation et d’intuitions qui constituent la base singulière de notre compréhension du monde. Passé, présent et perspectives futuristes se fondent dans un rêve éveillé qui propose un regard original sur les rapports entre le 20e siècle et notre époque actuelle.

Histoires naturelles

Cemetery est un film en forme de voyage, dans lequel il faut s’oublier. Dans son approche, Carlos Casas semble emprunter le calme, la patience et l’ampleur de l’éléphant. La peau marbrée et craquelée de ce dernier est tout aussi magnifiée par la cinématographie que l’immensité des paysages. Ainsi, nous plongeons peu à peu dans une aventure sensorielle où la nature, à l’heure de l’extinction des espèces, prend sa revanche sur une humanité devenue périphérique.

Antonin tente de se réinsérer dans le monde avec un nouvel emploi dans un centre de soins pour oiseaux. Tandis qu’il apprivoise son nouvel environnement, les oiseaux sont frappés les uns après les autres par un mal mystérieux. L’île aux oiseaux de Maya Kosa et Sergio Da Costa nous immerge dans un univers en vase clos, à la douceur vaporeuse. Les chants des volatiles côtoient le bruit des avions, seuls signes d’un monde extérieur qui a pour ainsi dire disparu. Les humains semblent panser les plaies de leur âme sous le regard étranger des animaux qu’ils soignent. Un conte environnemental et humaniste porté par une mise en scène maîtrisée et une atmosphère inoubliable.

En prenant pour point de départ le premier être vivant à être allé dans l’espace, la chienne russe Laïka, Space Dogs retrace l’histoire de la conquête spatiale sous l’angle des animaux. Les cinéastes Elsa Kremser et Levin Peter mêlent des archives inédites de l’âge d’or spatial de l’Union soviétique à leurs images contemporaines, suivant entre autres le parcours de deux chiens errants de Moscou. En résulte une promenade envoûtante, des étoiles aux terrains vagues, s’interrogeant sur l’idée d’exploration comme sur notre rapport aux animaux.

Seul festival au Québec entièrement dédié au documentaire, les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) offrent au public le meilleur du cinéma du réel en rassemblant les grands auteurs et les nouveaux talents à découvrir.

La 22e édition des RIDM se déroulera du 14 au 24 novembre 2019

à la Cinémathèque québécoise, au Centre Pierre-Péladeau, au Cinéma Cineplex Odeon Quartier Latin, au Cinéma du Parc, au Cinéma Moderne et à l’Université Concordia.

Informations : www.ridm.ca / info@ridm.ca

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