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Un entretien avec Mélissa Bouchard, directrice de la programmation du Festival REGARD 2022, par Marc Lamothe

Publié le 26 mars, 2022
Publié le 26 mars, 2022

Le Festival REGARD, festival international du court-métrage au Saguenay, est de retour en salle depuis mercredi 23 mars 2022

La programmation officielle de cette 26e édition compte plus de 150 courts métrages provenant d’une cinquantaine de pays

Comme il s’agit d’un retour en mode présentiel après une édition avortée en 2020, suivie d’une édition annulée en 2021, Marc Lamothe a voulu s’entretenir avec la directrice de la programmation, Mélissa Bouchard pour discuter des défis posés par cette reprise très attendue.

CTVM.info — Regard fête ses 26 ans cette année. Quelles sont les grandes valeurs qui transcendent ce parcours de 26 ans en ce qui concerne votre philosophie de programmation ?

 

Mélissa Bouchard — Bien qu’on soit un festival international, tout part du désir de faire rayonner les talents québécois, et je me suis toujours fait un devoir de voir personnellement, chaque année, tous les films québécois qu’on reçoit, parce que c’est d’une importance capitale pour moi de connaître tout ce qui se fait et tous ceux qui font des films. C’est à partir de ce qu’on a comme contenus québécois qu’on jette les bases de la programmation, qu’on bonifie ensuite avec les contenus internationaux.

 

À titre de directrice de la programmation, quels étaient vos objectifs et vos grands défis en 2022 ?

Mélissa Bouchard — L’an dernier, on a programmé différemment pour la formule ciné-parc, on voulait quelque chose de plus festif, qui se regarde bien en voiture. Cette année, je voulais revenir à l’essence même de mon amour pour le cinéma. Explorer des cinématographies étrangères comme La Chine et l’Ukraine. Plonger dans l’univers de cinéastes par le biais de rétrospectives. De présenter le plus de films possible et offrir aux réalisateurs l’occasion de venir enfin présenter leurs films en salle, devant public.

Après avoir traversé deux ans en période de pandémie, diriez-vous que cette crise a eu un impact notoire sur les sujets couverts par les courts soumis dans les derniers mois à votre festival ?

Mélissa Bouchard — Curieusement, même si le monde est en crise depuis deux ans, oui j’ai vu quelques films de films portant sur la COVID-19, mais en général, je n’ai pas observé d’impact majeur sur les sujets, qui sont toujours aussi diversifiés.

Rencontre avec Robert Doyle un film de la section 100% régions.

Fidèles à la tradition, vous avez programmé de nombreux documentaires cette année. Vos grands coups de cœur documentaires vont vers quelles personnalités ou sujets cette année ?

Mélissa Bouchard — Les thèmes de la famille et de la communauté sont bien présents dans les documentaires de cette année, sous différentes formes. Je pense aux histoires de famille dans LOVE DAD, Y A DE LA NOURRITURE, ou BELLE RIVER, NUISANCE BEAR et SAO PAULO OPEN WOUND qui portent un regard sur différents types de communautés. Mais mon coup de cœur personnalités va sans équivoque à Serge et Josée du film BBQ CHEZ JOSÉE ET SERGE, le couple de non-voyants le plus cool et le plus inspirant du Québec !

 

Vous avez programmé de nombreux films de fiction cette année. Quel personnage de fiction vous a le plus marquée ou habitée ces derniers mois ? Et pourquoi ?

Mélissa Bouchard — J’ai le goût de parler du personnage Drag dans le film STARFUCKERS, notre film de clôture présenté dans la compétition 8 le samedi soir 21 h. Un film coup de poing, qui critique les dynamiques de pouvoir à Hollywood et qui célèbre l’art du drag. Le film se déroule chez un cinéaste qui reçoit un escorte à souper. La soirée prend un tournant complètement inattendu lorsqu’un personnage, celui du drag, fait son entrée et change complètement la dynamique. Ce personnage est aussi le réalisateur du film, ce qui nous a encore plus fascinés. Un gros coup de cœur unanime.

Voici une question adressée à Noémie Bouchard, la programmatrice jeunesse. Puisque vous avez aussi programmé une foisonnante section de films pour la jeunesse. Sur quels films aimeriez-vous attirer particulièrement notre attention cette année ?

Mélissa Bouchard — Il y a certainement les films québécois que nous avons choisi de présenter aux jeunes du secondaire. Je pense entre autres à BLEACH de Mattias Graham, et à POUVOIR de Paul Tom. Un documentaire absolument magnifique et touchant sur des jeunes nouvellement arrivés à Montréal qui, grâce à leur professeure, se transforment le temps d’une séance photo en super héros. Du côté international et pour les plus jeunes, nous aurons droit à la première mondiale de LAÏKA & NEMO, un stop motion sensible sur l’amitié et la différence, qui plaira aux enfants comme à leurs parents. Finalement, LA SOUPE DE FRANZY, qui vient de remporter le prix du meilleur court métrage au FIFEM, risque lui aussi d’être un gros hit !

 

L’édition 2022 de Regard porte notamment son attention sur le cinéma de l’Ukraine. Que pouvez-vous dire de cette section et sur ce cinéma national ?

Mélissa Bouchard — C’est un ajout à la programmation qui s’est amorcé quelques jours après le dévoilement de la programmation, et qui s’est orchestré en l’espace de quelques jours. La guerre venait d’éclater en Ukraine et on se faisait questionner sur notre position face au boycott des films russes dans certains festivals. Nous avons donc opté pour mettre de l’avant le cinéma ukrainien. Nous avions eu dans la mire deux des films du programme pour la compétition, que nous avions déjà dans les coups de cœur de la vidéothèque. Ajouter un seul film ou deux dans une section comme dans l’autre n’aurait pas eu l’impact qu’on souhaitait. Dans ce programme d’une heure trente, on a le temps de vivre les films, mais aussi de ressentir une grande empathie pour ce peuple, cette jeunesse qu’on souhaite libre à nouveau. Ce sont des films très actuels, axés sur la jeunesse, qui n’ont rien à voir avec ce qui se passe en ce moment, mais prennent une tout autre dimension quand on les regarde dans le contexte actuel.

 

L’édition 2022 de Regard lance aussi une section nommée BOYS. Que pouvez-vous dire de cette section thématique ?

Mélissa Bouchard — C’est un de mes programmes préférés. À quelques semaines de finaliser la programmation j’ai réalisé qu’un lien très fort unissait plusieurs des films que nous considérions pour la compétition : ils posaient tous un regard différent sur la masculinité. Comme au final on aurait difficilement pu tous les présenter, on trouvait ça intéressant, après avoir exploré par les années passées des thématiques comme #metoo ou l’identité de genre, de célébrer le genre masculin à travers ces films.

À titre de programmatrice, quelle section thématique ou événement spécial êtes-vous particulièrement fière d’être associée ?

Mélissa Bouchard — La compétition parallèle. Plus particulièrement, les programmes Tourner à Tout prix et 100 % Régions. C’est ici que je fais les plus belles découvertes de cinéastes. Ce sont pour la plupart des nouveaux talents que je découvre, et c’est souvent le début d’une belle relation, parce qu’habituellement, on a la chance de suivre ces cinéastes par la suite et c’est toujours un beau privilège.

 

Un entretien avec Mélissa Bouchard, Directrice de la programmation du Festival REGARD, avec Marc Lamothe

[ Cette entrevue a paru dans La Quotidienne de CTVM.info #6865 datée du Mardi 2 -Mercredi 23 mars 2022 ]

 

 

 

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