Une entrevue avec Tania Morissette, directrice adjointe du festival Fantasia et de Frontières

Une entrevue avec Tania Morissette, directrice adjointe du festival Fantasia et de Frontières par Marc Lamothe

CTVM.info — Parlez-nous tout d’abord d’un de vos premiers coups de cœur au cinéma ?

 

Tania Morissette — C’est difficile de n’en nommer qu’un seul ! J’ai eu la chance de grandir à un moment ou les films fantastiques cimentaient leur place avec le grand public et c’est certain que ça m’a beaucoup influencé. Si je devais n’en nommer qu’un seul que je prends toujours plaisir à visionner aujourd’hui, ce serait LABYRINTH (1986) de Jim Henson. Un univers envoûtant, des personnages complètement dingues, sans oublier David Bowie… que demander de plus !

 

Qu’est-ce que le cinéma de genre à vos yeux et en quoi ce cinéma est si spécial pour vous pour que vous y consacriez votre vie professionnelle adulte ?

 

Tania Morissette — Pour moi, le cinéma de genre, c’est le cinéma de l’imagination. La définition du genre peut être assez large, mais je crois que c’est un cinéma qui se redéfinit constamment, qui pousse les limites de ce à quoi on peut s’attendre, et c’est ce que j’adore ! Des films qui font pleurer, rire, qui font peur, mais qui finissent toujours par nous divertir et nous faire rêver. On y découvre toujours de nouvelles surprises et de nouveaux talents, et j’ai toujours hâte de voir ce qui s’en vient !

 

Parlez-nous un peu de votre parcours avant de vous joindre à la famille qu’est Fantasia ?

 

Tania Morissette — C’est pratiquement un cliché dans l’industrie, mais j’ai nourri ma passion de cinéma pendant quelques années en tenant un emploi dans un club vidéo, où je travaillais notamment avec une de mes présentes collègues au festival. J’ai ensuite débuté des études en économie à l’Université Concordia, pour finalement me lancer pleinement dans le cinéma. J’aime bien dire à la blague que j’ai fait carrière en festival « par accident ». J’ai accepté un stage à Fantasia durant l’été 2017 et je ne suis jamais partie !

 

Vous avez eu la chance de visiter et de fréquenter certains des plus grands festivals au monde. Objectivement, qu’est-ce qui différencie FANTASIA d’autres festivals, qu’ils soient spécialisés ou généralistes ?

 

Tania Morissette — Fantasia c’est vraiment une famille ! On le voit autant avec l’équipe et les bénévoles qu’avec les invités. C’est toujours un plaisir de voir des cinéastes qui débutent avec un court au festival, et qui y reviennent quelques années plus tard avec un long. Ils ont un grand sentiment d’appartenance à Fantasia et, chaque fois, c’est un honneur de les aider dans leur carrière de cette façon. On le voit aussi avec notre public. Je me souviens d’une dame qui m’avait mentionné avoir rencontré un homme alors qu’ils faisaient la file pour une projection, et ils sont mariés aujourd’hui !

 

 

 

Vous avez fait vos débuts au festival en tant que productrice sur l’émission FANTASIA le Talkshow diffusé sur les ondes de MAtv. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ? Et de quel invité gardez-vous le meilleur souvenir ?

 

Tania Morissette — L’émission de Fantasia aura toujours une place spéciale dans mon cœur et je suis très chanceuse de pouvoir dire que tous les cinéastes que nous avons invités ont été un plaisir à recevoir. Je n’en garde que de bons souvenirs. Mais s’il y a une expérience plus marquante, ce serait la présence inattendue de Tommy Chong. On se préparait pour une entrevue avec l’équipe de HOMEWRECKER, et Precious Chong, la scénariste et interprète du film me tape sur l’épaule pour me demander si son père peut y participer. C’était une belle surprise pour toute l’équipe et nous en gardons tous de beaux souvenirs !

 

Votre titre officiel est DIRECTRICE ADJOINTE/DEPUTY DIRECTOR. Expliquez-nous un peu votre poste et vos diverses responsabilités.

 

Tania Morissette — Je travaille avec Fantasia à l’année, principalement au niveau de l’administration, des opérations et de la logistique du festival ainsi que du marché Frontières. Mes responsabilités varient bien évidemment beaucoup d’un mois à l’autre, mais essentiellement, je m’assure que tout soit mis en place pour l’édition en cours, et que chaque département a tout ce dont il a besoin. Je suis aussi chargée des embauches pour le festival, et j’assure un suivi régulier avec nos équipes.

Vous êtes aussi associée au marché de coproductions internationales du festival Fantasia, Frontières. Parlez-nous de vos responsabilités avec ce marché et quel bilan faites-vous de cette édition ?

 

Tania Morissette — Je me suis jointe à Frontières pendant la pandémie, ce qui veut dire que 2022 marque ma première édition de Frontières en présentiel, tant à Cannes qu’à Fantasia. J’apporte un soutien à Annick Mahnert, directrice exécutive, dans l’élaboration de l’événement, je m’occupe d’embaucher et de former l’équipe, et je supervise la production. Finalement, je suis aussi chargée de la sélection des projets du « Lab du court au long », qui permettent à trois cinéastes émergents de faire un « pitch » pour un long-métrage basé sur leur court.

 

Je suis particulièrement fière du travail de l’équipe de cette année et très heureuse d’annoncer que le marché a été un énorme succès ! 18 projets ont été présentés en sélection officielle, 6 au Forum, et 5 à travers le Genre Lab. Nous notons cette année près de 400 participants, dont, entre autres, des représentants de Hulu, Amazon Studios et Universal Pictures.

Après deux ans essentiellement en ligne, le retour en présentiel devait représenter de nombreux nouveaux défis. Parlez-nous un peu de l’organisation de cette édition ?

 

Tania Morissette — On commence à travailler sur la prochaine édition dès le mois d’août, alors c’est certain qu’on fait face à beaucoup d’inconnu. Nous avons pris la décision assez tôt de planifier pour un retour en présentiel, en sachant que l’on devrait peut-être changer de trajectoire éventuellement. Nous travaillons avec une équipe formidable à Concordia, qui connaît le festival et qui nous aide depuis des années, ainsi qu’avec du staff de longue date sur qui nous sommes choyés de pouvoir compter, alors le processus ne fut pas aussi difficile que l’on pouvait s’imaginer. Il y a beaucoup de nouveaux visages dans l’équipe cette année, et tout le monde a accompli un travail incroyable !

 

Pourriez-vous nommer quelques films ou événements que vous avez plaisir à découvrir lors de cette édition ?

 

Tania Morissette — C’est difficile de ne pas évoquer la visite de John Woo. Quel homme incroyable ! Il était d’une gentillesse remarquable et son passage a définitivement marqué toute l’équipe ! Pour ce qui est de la programmation, mes coups de cœur personnels seraient THE ARTIFICE GIRL de Franklin Ritch, et THE HARBINGER d’Andy Mitton. Deux films complètement différents, mais tout autant bouleversants, qui provoquent une réflexion sur la nature humaine.

 

 

 

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