Le 28e festival Présence autochtone joue sa partition au diapason de l’harmonie entre les peuples
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Le 28e festival Présence autochtone joue sa partition au diapason de l’harmonie entre les peuples
C’est aujourd’hui lors d’une conférence de presse à la Grande Bibliothèque qu’André Dudemaine, directeur artistique a dévoilé la programmation du 28e festival.
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« Présence autochtone c’est la force tranquille et imparable de l’émergence de voix qui ne seront plus jamais confinées au silence, qu’on se le dise. Les éclatantes avancées artistiques des cultures premières, qu’on avait trop vite rangées au rayon des archives anciennes, se reformulent aujourd’hui dans des formes hybrides avec des apports de différents milieux. »
Dès le jeudi 26 juillet, comme chaque année, Présence autochtone démarre ses activités à La Guilde avec le vernissage de l’exposition consacrée à Sonny Assu (Liǥwilda’xw des Nations Kwakwaka’wakw) originaire de Colombie-Britannique. Pour sa part, l’Espace Culturel Ashukan en partenariat avec le festival propose lui aussi une exposition à compter du 8 août de Nico Williams un artiste anishinaabe créateur de sculptures géométriques contemporaines perlées.
La soirée inaugurale du festival se tiendra le mardi 7 août à 19h à l’auditorium de la Grande Bibliothèque avec la présentation d’une sélection de courts-métrages présentés en primeur qui fera découvrir, dans un florilège de 51 minutes, le meilleur de la jeune création cinématographique autochtone: Rae de Kawennáhere Devery Jacobs – Canada 2017, Shaman de Echo Henoche, Kirano (nous-mêmes) de Comité Empreintes – Canada 2017, Never Stop Riding de Peter Mungkuri, Alec Baker, Jimmy Pompey – Australie 2017, Survivre au temps – d’Eden Mallina Awashish – Canada 2017, Mud de Shaandiin Tome – États-Unis 2018 , Thunderbird Strike de Elizabeth LaPensee – États-Unis 2017 et Troubles d’Érik Papatie – Canada 2017.
Cinéma
La programmation cinématographique présentée à l’Université Concordia proposera des longs métrages documentaires et des fictions qui sont autant de jalons sur la vie et les enjeux des Premières Nations. Certains personnages sont hauts en couleurs et montrent des itinéraires de vie singuliers : le Mohawk Dirt Mccomber dans le film éponyme de Ryan White et Joanne Storkan (Dirt McComber, Last of Mohicans USA 2018) ou encore le jeune Lakota de On a Knife Edge de Jeremy Williams (USA 2017). À noter également : When They Awake de P.J. Marcellino et Hermon Farahi (Canada 2017), Sweet Country de Warwick Thornton (Australie 2017), Nada queda sino nuestra ternura de Sébastien Jallade (Pérou 2017), Wiñaypacha d’Oscar Catacora (Pérou 2017), Ukamau y kéd’Andrés Ramírez (Équateur 2017), Joey and the Leitis de Hina Wong-Kalu, Dean Hamer et Joe Wilson (Tonga 2018), Ara Pyau – The Guarani Spring de Carlos Eduardo Magalhães (Brésil 2018), La selva negra de Saul Kak et Charles Fairbanks (Mexique – États-Unis 2016) ou Ex-Pajé (Ex-Shaman) de Luiz Bolognesi (Brésil 2018).
Musique
Des grands rendez-vous attendent le public sur le site de la place des Festivals ou Présence Autochtone débute ses activités extérieures le 8 août avec un concert de Don Amero à 20h 30 sur la scène Québecor , suivi de la projection du film When They Awake à 21h 15. Ce documentaire présente une génération de musiciens autochtones dans un moment de résurgence culturelle et politique.
Jeudi 9 août à 20h 30, concert du groupe The Jerry Cans avec une musique inspirée de leur ville natale, Iqaluit (Nunavut) située dans l’Arctique canadien. Avec un mélange unique de chants traditionnels inuit et de rock chanté en inuktitut, The Jerry Cans apporte une sonorité distincte typiquement nordique. Le groupe sera précédé sur scène par Beatrice Deer, auteure-compositrice-interprète, lauréate du prix des Canadian Aboriginal Music Awards, originaire du Nunavik
Sur la place du Makusham (alias Place des Festivals), une représentation théâtrale : Ioskeha et Tawiscara : le grand Jeu de la création se déploiera le vendredi 10 août et le dimanche 12 août à 20h 30. Il s’agit d’un théâtre interactif, une plongée dans la cosmovision des peuples d’ici, avec les tambours de Northern Voice de Wemotaci. Acte de théâtre rituel et processionnel où ressurgissent en plein cœur de Montréal deux grands héros des récits de la tradition autochtone, jumeaux ennemis qui président dans leur titanesque affrontement à la création du monde. Le chorégraphe et metteur en scène Pierre-Paul Savoie et le chef marionnettiste Jocelyn Sioui dirigent la production dont la scénographie et la mise en scène sont renouvelés en 2018.
Le samedi 11 août à 21h, toujours sur la scène Québecor, concert Nikamotan Mtl, deuxième édition du spectacle de Musique nomade, en association avec Présence autochtone. Cette année, le show prend des allures hip-hop, électro, avec la crème de la relève musicale autochtone et indie. Seront sur scène : Iskwé, le groupe Chances, Anachnid, Annie Sama, Wolf Castle, Violent Ground et Sacred Wolf Singers.
Dédié à l’accueil et à l’amitié, véritable fête de la montréalité contemporaine avec plus de 1200 artistes des diverses communautés culturelles, de retour pour la septième année, le Défilé de l’amitié nuestro americana avec Montréal et les Premières Nations se tient sous la figure emblématique de Atahensic, la femme tombée du ciel, l’aïeule de toute l’humanité.
Du 8 au 12 août la Place des Festivals est transfigurée par une scénographie signée Studio 703, imprégnée de la cosmovision des premiers peuples, inspirée des artistes autochtones contemporains qui traduisent à leur manière le riche héritage spirituel et artistique du territoire. Un habillage visuel et lumineux a été conçu spécialement pour Présence autochtone, incluant une création multimédia par Caroline Monnet et Sébastien Aubin du collectif AM.
Le grand tipi central évoque l’axe vertical qui unit le ciel, la terre et le monde sous-marin. En haut une volé d’oies rappelle les oiseaux qui ont porté Atahensic, la femme du ciel, au premier jour du monde. Au niveau du sol la tortue représente le monde marin et sa carapace, la croûte terrestre qu’elle porte sur son dos.
La maison longue est une architecture de tradition iroquoise, donc très typique de Montréal. Les tipis sont une forme d’architecture textile qui évoque les prairies et la taïga. Les cervidés dans les fontaines font référence au monde animal et la forêt nourricière, les jets d’eau représentant l’âme qui donne vie à la création.
Un kiosque de restauration permettra aux festivaliers d’apprécier des mets de la gastronomie inspirée par les traditions des Premières Nations à un prix compétitif. Des artisans seront sur place pour offrir leurs productions qu’ils effectuent en direct.
Avec ce type d’activités interactives dans l’espace public, une liturgie pour les temps présents s’élabore, à travers le défilé, la scénographie de la place du Makusham et le théâtre rituel, redonnant ainsi à la ville une connexion avec son identité la plus profonde. Celle-ci réapparait aujourd’hui dans des formes inédites grâce à des collaborations d’artistes de toutes origines communiant ensemble aux sources et au renouvellement de la culture autochtone. Les festivités touchent ainsi à l’essentiel de notre vouloir-vivre collectif qui s’y exprime avec force.
Le 28e Festival Présence autochtone se clôturera le 15 août à 19h à la Grande Bibliothèque avec la présentation du film Le Cercle des nations 2 : Femmes. Ce long métrage collectif du RICAA porte sur la thématique des femmes d’ici et d’ailleurs et propose des perspectives contemporaines sur des questions d’identité, de territoire, de féminité portées par des cinéastes autochtones du Canada, de la Bolivie, du Chili, du Panama et du Pérou. C’est une production du Wapikoni mobile et du RICAA en collaboration avec OXFAM-Québec, l’Université McGill, Escuela de Cine y Comunicación Mapuce del Ayja Rewe Budi, CIASE.
À noter également que des personnalités connues du cinéma autochtone seront en ville pour donner des leçons de cinéma à l’Espace culturel Ashukan. Daniel Brière : sur la réalisation d’un film autochtone avec effets spéciaux (mardi 14 août à 10h), Kim O’bomsawin : sur la réalisation et scénarisation de films documentaires (mardi 14 août à 14h30), Brittany LeBorgne : on acting in television and cinema (mercredi 15 août à 10h) et Wahiakeron Gilbert : on Indigenous actors and languages in cinema (mercredi 15 août à 14h30). Un colloque universitaire, Regards autochtones sur les Amériques ainsi qu’une table ronde, Femmes autochtones : quel cinéma ? seront également de la programmation.
Présence autochtone, miroir fidèle des réalités actuelles de l’art des premiers peuples, s’avère un lieu où on peut plonger dans cette effervescence multidisciplinaire et polymorphe dans laquelle tout un chacun est bienvenu.