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Entrevue avec Olivier (Bill) Bilodeau, directeur de la programmation des 40es RVQC

Publié le 26 avril, 2022
Publié le 26 avril, 2022

« Pour ma première année, je voulais tout simplement assurer une continuité dans la mission de programmation des 40 dernières années et offrir aux cinéphiles le meilleur de notre cinématographie en 2021 en ajoutant des primeurs attendues de 2022. » – Olivier (Bill) Bilodeau, Directeur de la programmation des 40es RVQC

Une entrevue de Marc Lamothe

Les Rendez-vous Québec Cinéma sont enfin de retour du 20 au 30 avril. Cette année, le festival a fait appel à un nouveau Directeur de la programmation, Olivier (Bill) Bilodeau, un passionné de cinéma qui œuvre depuis une vingtaine d’années dans l’industrie. Son parcours est des plus intéressants, d’assistant-gérant au fameux Superclub Vidéotron de la rue Mont-Royal (sous l’égide du célèbre Roland Smith), à l’organisation des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (2008 à 2011) et cofondateur du Festival de Cinéma de la Ville de Québec avec lequel il fut impliqué de 2011 à 2020. Nous avons donc voulu parler cinéma québécois avec lui et discuter de la présente édition des RVQC.

Olivier (Bill) Bilodeau
Photo : Maryse Boyce

CTVM.info — Parlons d’abord de votre grand amour pour le cinéma québécois. Quels sont les premiers films ou les premiers réalisateurs qui ont façonné votre amour du cinéma québécois ?

 

Olivier Bill Bilodeau — Jeune, mon premier contact avec le cinéma québécois a bien évidemment été la série des Contes pour tous. De Opération Beurre de pinotte (vu avec tous les écoliers dans le gymnase de mon école primaire) à C’est pas parce qu’on est petit qu’on peut pas être grand, je les ai vus chacun maintes et maintes fois. Ensuite, mon parcours s’est poursuivi avec les comédies comme Cruising Bar, Elvis Gratton et Ding et Dong, le film. Mes amis et moi connaissions par cœur les répliques de ces derniers. Toutefois, tout mon amour du cinéma québécois a pris son envol lorsque par un pur hasard, mon coloc du cégep et moi avons loué dans une machine distributrice de VHS, L’eau chaude l’eau frette de André Forcier. Au premier visionnement, j’ai eu une épiphanie! Non seulement ce film m’a profondément fait tomber amoureux du cinéma québécois, mais il m’a fait naître en moi le cinéphile que je suis devenu. Ensuite, ce fut le déluge, Carle, Arcand, Perreault, Lauzon, Lord, Jutra, Groulx…

Qu’est-ce qui selon vous distingue le cinéma québécois des autres cinémas nationaux ?

 

Olivier Bill Bilodeau — Les cinémas nationaux sont la représentation des nations qui les produisent. Donc à notre image, le cinéma québécois est la fenêtre par laquelle on peut voir cette Amérique francophone, ce peuple résilient qui malgré les improbabilités est encore vivant et fort. Cette survie nous la devons à notre ingéniosité et nos talents qui nous ont toujours permis de faire comme les autres, mais sans en avoir toujours les mêmes moyens. Pourtant, et notre cinéma en est la preuve, on est aussi bon que n’importe qui et même que nous sommes si bons que nos talents s’exportent, amenant du même coup cette signature particulière qui a su nous définir.

 

Qu’est-ce qui distingue selon vous le cinéma québécois  du reste du cinéma canadien ?

 

Olivier Bill Bilodeau — On revient ici à notre société distincte. Ne parlant pas la langue de notre énorme voisin américain, réel rouleau compresseur de la culture de masse, le cinéma québécois, quoique foncièrement américain, réussi à se distinguer du cinéma du reste du Canada qui voit sa culture se noyer plus facilement dans une aux envergures nord-américaines plus facilement que nous. Aussi, le Canada voit énormément de ses talents aller travailler aux États-Unis étant déjà absorbés dans cette masse culturelle. Notre langue, notre culture latine nous permettent de conserver cette distinction.

 

À titre de Directeur de la programmation, quels étaient vos objectifs et vos grands défis en 2022 ?

 

Olivier Bill Bilodeau — Le premier objectif n’en était pas un de programmation, mais événementiel. Nous voulions absolument recréer la formule festive où les gens peuvent se rencontrer. Le nom le dit: les Rendez-vous !

On voulait faire ces rendez-vous coûte que coûte. C’est d’ailleurs pour ça que nous avons pris la difficile, mais juste, décision de déplacer les dates du festival qui était originalement prévu à la fin février. Nous avons fait le bon pari. Maintenant pour ce qui est de la programmation, pour ma première année, je voulais tout simplement assurer une continuité dans la mission de programmation des 40 dernières années et offrir aux cinéphiles le meilleur de notre cinématographie en 2021 en ajoutant des primeurs attendues de 2022. Au passage, nous avons fait un clin d’œil au passé pour souligner le 40e anniversaire avec des œuvres de Carle, Perreault, Lauzon, Demers, Lord, Côté… Ironiquement, je cite ici les mêmes noms que dans ma première réponse. Comme quoi mon amour du cinéma québécois m’a rattrapé ici.

 

 

Après avoir traversé deux ans en période de pandémie, diriez-vous que cette crise a eu un impact sur les sujets couverts par les courts soumis dans les derniers mois à votre festival ? Est-ce qu’on perçoit une différence entre les courts métrages de 2018 ou 2019 à ceux de 2022 ?

 

Olivier Bill Bilodeau — Pour le moment, à moins que je ne sois pas assez attentif, je ne sens pas, de façon générale, l’effet de la pandémie dans la production des courts de fiction. Peut-être est-ce parce que nous sommes encore dans cette pandémie et que la production de films prend un certain temps à faire, nous voyons actuellement les œuvres imaginés avant la pandémie. Mais il y a fort à parier, que dans les prochains mois, voire année, la Covid teintera les futures productions.

 

Les RVQC ont programmé de nombreux documentaires cette année.

Quels sujets vous ont particulièrement marqué dans les derniers mois ?

 

Olivier Bill Bilodeau — Là, je me demande si la pandémie n’y est pas pour quelque chose; mais il y a vraiment un penchant pour le film qui nous montre des façons alternatives de faire, de vivre. Je crois aussi que ceci est exacerbé par une crise plus grave que la seule crise sanitaire, et je parle de la crise écologique. Notre planète et nos sociétés se meurent à petit feu, et plusieurs personnes ont, non seulement pris conscience, mais cherchent à partager de nouvelles voies pour tenter d’enrayer notre dérapage socio-économique.

 

Vous avez programmé de nombreux films de fiction. Quel personnage de fiction vous a le plus frappé cette année dans votre programmation ?

 

Olivier Bill Bilodeau — Je dirais le personnage de Guillaume Laurin dans Très belle journée. Il est la parfaite incarnation de ce que certaines, voire trop, de personnes sont en train de devenir en se coupant des relations humaines, tout en se gavant de réseaux sociaux et de théories les plus farfelues qui courent sur Internet. En même temps, on développe une certaine sympathie pour les gars. Comme quoi tout n’est pas toujours noir ou blanc.

Vous avez une vaste section dédiée aux webséries ? En quoi est-ce important comme festival de films de promouvoir ce média ?

 

Olivier Bill Bilodeau — La websérie au Québec est d’une grande qualité. Elle est produite par des cinéastes qui font aussi du long et court métrage de fiction et documentaire. C’est une continuité de notre cinéma, mais dans un format différent. Il n’y a plus à douter de l’importance du web dans nos vies qui ne fera que s’accentuer et il va sans dire que pour un festival qui se veut le reflet de son industrie, c’est une évidence qu’il doit la refléter dans son ensemble et la websérie est maintenant un genre bien ancré qu’on ne peut plus ignorer ou même snobé. Les RVQC ont peut-être 40 ans, mais c’est un festival actuel, de son temps, qui croit fermement que la websérie se doit d’être considérée.

 

Olivier(Bill) Bilodeau et Sylvie Quenneville

 

 

Cette entrevue a paru dans La Quotidienne CTVM.info du lundi 25 avril 2022

 

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