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Une entrevue de Pierre Corbeil, président et fondateur du Festival international de films Fantasia

Publié le 3 août, 2022
Publié le 3 août, 2022

Une entrevue de Pierre Corbeil, président et fondateur du Festival international de films Fantasia

« Malgré cette 7e vague qui nous a frappé en plein festival, le public et l’industrie dans son ensemble ont été au rendez-vous de cette 26e édition. Ça fait le plus grand bien d’avoir été en mesure de revenir en présentiel et de rencontrer de nombreux collaborateurs et amis que nous n’avions pu rencontrer ces 3 dernières années. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que l’on se donne rendez-vous à l’été prochain ! » Pierre Corbeil 

CTVM.info — Quand la pandémie a frappé en 2020, FANTASIA était l’un des premiers festivals à choisir le virage en ligne à travers le Canada plutôt que d’annuler son édition. Qu’avez-vous appris de ces deux éditions en ligne ?

 

Pierre Corbeil — En 2020, il n’y avait aucune possibilité de présenter les films en salles, donc nous avons décidé d’offrir une programmation sur notre plateforme web d’une ampleur comparable à celle d’une édition normale et de favoriser une offre pan canadienne. Nous avons été un des premiers festivals à faire ce choix à travers le monde et ceci nous a permis de bénéficier d’une grande couverture médiatique internationale. En 2021, nous espérions revenir à la normale, mais nous avons dû composer avec la possibilité d’un retour en salle avec des restrictions sanitaires importantes. Nous avons donc décidé d’offrir encore une fois une programmation tout aussi imposante, mais avec 80 % de l’offre sur la plateforme et 20 % en salles. Pour nos 25 ans, il était important pour nous d’offrir quelques projections présentielles symboliques pour marquer notre quart de siècle. Ces deux éditions m’ont démontré la grande résilience de notre équipe qui organise le festival, de notre industrie, de nos partenaires et de nos fidèles festivaliers.

 

Ces éditions, bien qu’immensément appréciés, nous ont démontré que Fantasia est un évènement qui prend tout son sens dans le rassemblement de cinéphiles et de créateurs de films qui vivent ensemble la projection des œuvres en personne. J’espère fortement que nous n’aurons plus à revenir à cette formule en ligne, mais au moins on sait que c’est une option viable si jamais une situation pandémique venait à se répéter.

 

Que pouvez-vous nous dire du financement du festival avec cette troisième édition en temps de pandémie?  Les commanditaires et les subventionneurs étaient-ils toujours au rendez-vous ?

 

Pierre Corbeil –– En fait, au total, nous avons reçu des sommes encore plus importantes qu’en 2019, car certaines institutions ont compris qu’il était crucial d’aider les évènements tels que le nôtre à revenir en force; et pour ce faire, il était résolument nécessaire de composer avec des augmentations importantes des coûts comme ceux des billets d’avion que nous défrayons pour des centaines d’invités internationaux ainsi que du coût des nuitées d’hôtels et de tellement d’autres sources de dépenses relier avec l’inflation qui nous affecte tous. Nos commanditaires principaux étaient de retour encore cette année et leur soutien nous a aussi permis de passer à travers ces 3 dernières éditions.

 

Si le volet en ligne a généré des ventes importantes à l’extérieur de Montréal et du Québec, pourquoi ne pas avoir gardé un volet en ligne pour cette 26e édition ?

 

Pierre Corbeil — Notre objectif premier est d’avoir une offre en salle. Ça ne fait pas de sens d’offrir simultanément une programmation sur le web. On ne peut pas à la fois encourager les gens à sortir et voir des films en salles et rester chez eux pour en regarder à la maison. De toute façon, à ce point-ci, la plupart des distributeurs ne désirent plus rendre disponibles leurs films sur plateforme web, dans le cadre de festivals de films.

 

Parlez-nous un peu de l’importance de votre évènement aux multiples retombées ici et à l’international ? Et ce, tant sur le plan commercial, touristique, médiatique et/ou artistique ?

 

Pierre Corbeil –– Nous sommes heureux de constater que l’intérêt pour le festival est toujours au rendez-vous, comme en témoignent les invités qui sont de retour en force cette année. Par exemple, de nombreux représentants de publications importantes comme Variety et Screen International, qui sont les références de notre industrie étaient présents. De plus, des représentants de grands distributeurs de films tels Amazon et Universal Studios sont venus participer à notre marché de coproductions Frontières. Avec la venue de centaines d’invités internationaux et autant du Québec et du reste du Canada, Fantasia confirme son rôle de rassembleur pour permettre aux gens de l’industrie de se rencontrer et de favoriser la production de nouveaux projets de films. Ceci génère aussi un impact touristique important du festival pour Montréal grâce entre autres à la couverture médiatique internationale et des retombées économiques directe grâce aux dépenses effectuées par les nombreux invités du festival venus des quatre coins de la planète pour y assister.

Parlons de l’organisation de cette 26e édition ? Quels ont été les grands défis cette année ?

 

Pierre Corbeil — Au départ, nous avions le défi d’offrir la meilleure programmation et de créer autant d’engouement que possible pour retrouver un maximum de festivalier, qui pour la plupart n’était pas revenu en personne au festival depuis l’été 2019. Nous sommes vraiment fiers de l’offre de cette année, tant au niveau des films que de la présence de nombreux invités parmi les cinéastes, les représentants des médias internationaux et des membres de l’industrie qui sont venus en grand nombre participer à notre marché de coproductions Frontières. On peut déjà affirmer que nous avons relevé ce défi avec grand succès, et ce malgré la remontée inattendus de la COVID avec cette 7e vague.

 

Aviez-vous des objectifs en ce qui concerne les ventes et l’achalandage pour 2022 ? Cela a dû être compliqué à prévoir plusieurs mois à l’avance avec l’évolution constante des variants.

 

Pierre Corbeil — Nous avions budgété, au début de l’année, des revenus de billetterie évalués à environ les 2/3 de ceux enregistrées en 2019. Malgré avoir été frappés de plein fouet par cette 7e  vague, ce qui n’était pas prévu, nous allons atteindre cet objectif. Ce résultat nous ravit et nous permet d’être confiant de revenir pleinement à la normale en 2023.

 

De MAIGRET à TIMESCAPE, de Quentin Dupieux à Takashi Miike, Fantasia semble vraiment le festival de tous les genres. Comment décrieriez-vous l’évolution de la programmation du festival au fil des ans ?

 

Pierre Corbeil — Fantasia est depuis ses débuts un évènement qui a comme objectif de présenter un panorama des meilleurs films de genre internationaux. Avec l’engouement croissant des spectateurs, nous avons senti avoir la marge de manœuvre nécessaire pour offrir une diversité d’œuvres de plus en plus grande. Nous sommes encouragés à continuer dans cette direction, car le public répond positivent.

 

John Woo a reçu cette année un prix de carrière. En quoi la remise de ce prix était particulièrement importante pour Fantasia ?

 

Pierre Corbeil — La première édition de Fantasia était en grande partie une rétrospective de l’âge d’or du cinéma de Hong-kong, soit la décade de 1985 à 1995. Nous y avions alors présenté 3 longs métrages de John Woo. C’est en découvrant notamment les films de John Woo que l’équipe initiale du festival a décidé de fonder le festival Fantasia. C’est donc un invité important pour nous, car sa présence nous permet de souligner son apport indéniable au cinéma contemporain, mais surtout du fait que notre appréciation enthousiaste pour cet artiste avait grandement motivé par notre désir d’organiser cette première édition l’été 1996.

 

Quel bilan dressez-vous de cette 26e édition ?

 

Pierre Corbeil — Le point saillant pour moi est que, malgré cette 7e vague, le public et l’industrie dans son ensemble ont été au rendez-vous. Ceci nous permet de commencer dès maintenant l’organisation de notre prochaine édition avec confiance. Nous allons prendre un peu de repos bien mérité, mais on se remet au travail, une fois de plus, extrêmement motivé par les résultats obtenus, à tous les niveaux. Ça fait le plus grand bien d’avoir été en mesure de revenir en présentiel et de rencontrer de nombreux collaborateurs et amis que nous n’avions pu rencontrer ces 3 dernières années. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que l’on se donne rendez-vous à l’été prochain !

 

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