À voir sur Tënk cette semaine : Tënk souhaite affirmer sa solidarité et célébrer le peuple palestinien à travers son cinéma
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Catégorie(s) : Actualités — Cinéma — documentaire — en ligne
À voir sur Tënk cette semaine : Tënk souhaite affirmer sa solidarité et célébrer le peuple palestinien à travers son cinéma
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Devant toute l’horreur qui se déroule en ce moment et le sentiment d’impuissance qui s’installe et parfois paralyse, Tënk souhaitait affirmer sa solidarité et célébrer le peuple palestinien à travers son cinéma. Mettre de l’avant la vie, la culture, la vivacité et l’histoire de la Palestine plutôt que de se buter aux sempiternelles représentations souvent erronées, simplistes et stériles qui dépeignent la réalité de ce peuple.
Pour nous guider dans ce voyage, nous avons demandé à Nada El-Omari de nous partager des oeuvres qui peuvent nous aider à mieux comprendre la Palestine. Cinéaste et écrivaine d’origine palestinienne et égyptienne basée à Montréal, El-Omari a centré sa pratique et ses intérêts de recherche sur les transmissions intergénérationnelles des souvenirs, les migrations et les histoires d’appartenance et d’identité à travers une lentille poétique et hybride. En se concentrant sur le processus et les fragments de texte, de son et d’image, elle explore différentes façons de s’auto-narrer; de nouvelles façons de parler d’hybridité et de soi. Elle nous partage ici généreusement, à travers cette Escale de programmation, des films importants qui ont marqué son parcours artistique et son cheminement personnel.
« Laissez le figuier dont les racines ont été arrachées vous montrer qu’il n’est jamais parti, laissez les rires des hommes vous montrer que le temps volé ne peut pas les briser. Laissez ce qui a été et ce qui sera vous rappeler que vous aussi, vous avez le courage de vous souvenir. Et écoutez-nous quand nous disons que nous n’irons nulle part ailleurs que chez nous, que nous reconstruirons tout ce qui a été détruit, et que notre terre et son peuple seront libres, ya Falasteen. » – Nada El-Omari
Jénine, Jénine
Mohammad Bakri 50 min, 2002 Mohammad Bakri donne la parole aux habitant·e·s de Jénine en territoire palestinien, suite à l’opération Rempart menée par l’armée israélienne en 2002.
La chasse aux fantômes
Raed Andoni 93 min, 2017 Plusieurs Palestiniens ayant autrefois été emprisonnés dans un centre de détention israélien se réunissent afin de reconstituer leur expérience et essayer de surmonter leurs blessures. En avril 2002, l’armée israélienne lance l’opération Rempart et réoccupe toute la Cisjordanie. Le camp de réfugié·e·s de Jénine est envahi et son accès totalement interdit aux journalistes et aux organisations humanitaires pendant plusieurs jours. Mohammad Bakri décide d’entrer malgré tout dans le camp pour interroger les habitant·e·s. Il veut ainsi donner une voix à ceux et celles qui ne peuvent plus parler. Jénine, Jénine est un film qui résonne plus que jamais avec le présent. Notre programmatrice invitée nous en dit ceci : « Le caractère intemporel du film ne dépend pas de la façon dont il est vu, mais de la façon dont Bakri a créé un espace persistant pour que le peuple puisse s’exprimer et rugir. Pour qu’il ait le temps d’exprimer ses douleurs, de les aborder, et pour que les gens se connectent à ces voix. Et Bakri a écouté. Il a pris le temps d’entendre. Il a prêté attention à la colère, à la douleur, au désir, à la tristesse et à la résilience. »
Pour affronter les fantômes qui le hantent, le réalisateur palestinien Raed Andoni rassemble un groupe d’ex-prisonniers pour recréer Al-Moscobiya, principal centre de détention israélien, où il a été emprisonné et interrogé à l’âge de 18 ans. Partant de leurs mémoires fragmentées, jour après jour, ils recréent ce lieu dont ils ont fait autrefois l’expérience, reconstituant ainsi l’histoire de ce centre. Au fur et à mesure que les parois des cellules s’élèvent et que la reconstitution s’élabore, les langues se délient et les émotions se libèrent. Comme nous le dit Nada El-Omari, avec « La chasse aux fantômes, Andoni a su porter à l’écran la compassion, la subsistance et l’amour. Ce film n’est pas seulement un témoignage de la façon dont la communauté crée de l’art, mais aussi un véritable testament au cœur du cinéma : le temps et l’espace, et la façon dont, ensemble, nous sommes capables de transformer notre douleur en histoires que nous sommes les seul·e·s à pouvoir raconter. »
An Unusual Summer
Kamal Aljafari 80 min, 2020 Suite à un acte de vandalisme, le père du cinéaste palestinien installe une caméra de surveillance devant sa maison.
In Vitro
Søren Lind, Larissa Sansour 28 min, 2019 Une réflexion digne d’un autre monde sur la mémoire, l’histoire, le lieu et l’identité, se déroulant à Bethléem des décennies après une catastrophe écologique.
Suite à un acte de vandalisme, le père du cinéaste palestinien Kamal Aljafari décide d’installer une caméra de surveillance pour enregistrer les scènes se déroulant devant sa maison. La prémisse semble banale, pourtant An Unusual Summer est un film qui révèle les multiples couches de résistance qui se déploient dans une vie quotidienne sous l’occupation. Notre programmatrice en dit ceci : « Aljafari a toujours cherché à nous rappeler le caractère collectif de notre expérience, l’histoire commune, la violence partagée des vies que nous vivons. Ce film exige que vous preniez un moment pour regarder les gens, pour regarder les corps, pour regarder les humains, les âmes et les expériences qui se déroulent à chaque instant d’une journée, à chaque seconde d’une vie. » En résulte un hommage sobre et poétique à ce quartier palestinien qu’Israël appelle avec mépris « le ghetto ». Un acte artistique de résistance contre l’éradication.
In Vitro de l’artiste palestinienne Larissa Sansour (coréalisé avec Søren Lind) est un film de science-fiction multi-image fascinant nous projetant à la suite d’une catastrophe écologique ayant englouti la ville biblique de Bethléem. Mais qu’est-ce que la science-fiction peut apporter comme éclairage nouveau sur la Palestine d’aujourd’hui? En mobilisant des images d’archives et en les juxtaposant à ce monde futuriste inventé, les cinéastes se penchent sur les notions d’héritage culturel et de mémoire. Mais cette oeuvre est aussi un moyen de se projeter plus loin. El-Omari l’évoque ainsi : ce film est un « rappel que nous aussi, nous pouvons parler au futur. Que nous appartenons aussi aux mondes de la science-fiction, aux royaumes des illusions, aux terres infinies et illimitées de l’inconnu et de l’imaginaire. Nous ne sommes pas que catastrophes. Nous ne sommes pas seulement mémoire. »
In the jasmine vines
Nada El-Omari 31 min, 2021 Nous concluons cette escale de programmation avec un film très personnel issu des réflexions de notre commissaire invitée : in the jasmine vines. La puissance de ce film expérimental de Nada El-Omari est qu’il transcende les frontières – et les barrières – de l’expérience personnelle, nous permettant de ressentir de manière intime une histoire qui n’est pas la nôtre. Le film se construit tel un collage qui fait honneur à la mémoire et aborde la complexe question de l’identité tout en soulignant l’importance de faire récit. Dans cet équilibre doux et fragile, la réalisatrice nous propose un voyage à travers le temps, nous transmettant via les archives du passé un message de courage pour le présent… et le futur.
Dernières séances
Mon pays volé
Marc Wiese 93 min, 2022
Je suis Berta
Katia Lara 136 min, 2022
Coyolxauhqui
Colectivo los ingravidos 10 min, 2017
Regards documentaires sur l’actualité : Le conflit israélo-palestinien à l’échelle familiale
P.S. Jérusalem
Danae Elon 88 min, 2015
Another Road Home
Danae Elon 79 min, 2004
À PROPOS DE TËNK
Tënk.ca est une plateforme indépendante de diffusion de documentaire d’auteur sur abonnement accessible en ligne partout au Canada. Elle a été lancée au Québec en février 2020 avec la complicité d’une quinzaine de professionnel.le.s du milieu documentaire. Tënk, c’est un festival de films à l’année qui se donne pour mission de renouveler les regards que l’on porte sur le monde par la diffusion d’œuvres fortes et singulières. Tënk a d’abord été créée à Lussas, en France, dans ce que l’on surnomme affectueusement Le Village documentaire. Avec l’arrivée de Tënk au Québec, c’est un véritable réseau de diffusion solidaire qui se crée, pour assurer la diffusion des films documentaires, et les faire voyager !
Pour découvrir Tënk : www.tenk.ca
Page Facebook : facebook.com/tenk.ca
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