CBC/Radio-Canada annonce des réductions dans la programmation et des suppressions de postes

CBC/Radio-Canada annonce des réductions dans la programmation et des suppressions de postes

La CSN exige clarté et transparence de la part du diffuseur public

CBC/Radio-Canada a annoncé lundi le 4 décembre qu’elle réduira ses dépenses de programmation et supprimera des postes au cours de la prochaine année afin de composer avec les pressions budgétaires d’environ 125 millions de dollars prévues pour l’exercice 2024-2025. En réponse à des pressions budgétaires d’environ 125 millions de dollars, le diffuseur public doit réduire ses dépenses de programmation et procéder à des mises à pied.

Ces pressions découlent des mêmes facteurs structurels qui touchent l’ensemble des médias canadiens, notamment la hausse des coûts de production, la diminution des revenus publicitaires à la télévision et la concurrence féroce des géants du numérique. CBC/Radio-Canada doit également gérer une réduction prévue de ses crédits parlementaires au cours du prochain exercice financier, y compris la fin du financement pour l’intégrité de la programmation de 21 millions de dollars reçu annuellement depuis 2021.

Le diffuseur public s’attend à devoir supprimer 600 postes syndiqués et non syndiqués dans l’ensemble de l’organisation. De plus, elle a ciblé près de 200 postes actuellement vacants à l’échelle de l’organisation qui seront abolis. Radio-Canada et CBC devront chacune supprimer environ 250 emplois, alors que le reste se fera à Technologies et Infrastructures et dans d’autres services institutionnels. Chaque secteur amorcera ces compressions progressives en fonction de son plan d’affaires et de ses exigences opérationnelles. Certaines démarches commenceront immédiatement, mais la plupart seront mises en œuvre au cours des 12 prochains mois.

CBC/Radio-Canada réduira aussi ses budgets de programmation en français et en anglais en prévision du prochain exercice financier, incluant près de 40 millions de dollars en moins pour les productions indépendantes qu’elle commande et les émissions qu’elle acquiert. Cela se traduira par moins de renouvellements d’émissions, d’acquisitions, de nouvelles séries télévisées, d’épisodes de nos émissions existantes et de séries web originales.

Plus tôt cette année, le diffuseur public a commencé à mettre en œuvre un plan de réduction des coûts discrétionnaires, de l’ordre de 25 millions de dollars, en diminuant notamment les déplacements, les commandites, le marketing et en reportant certains projets technologiques. Elle a aussi restreint l’embauche visant à pourvoir les postes vacants.

Ces compressions sont opérées de façon à optimiser la souplesse du diffuseur public, si jamais sa situation financière change l’an prochain, et à limiter le plus possible les effets sur notre personnel ainsi que sur les émissions et les services que nous offrons aux auditoires canadiens.

« CBC/Radio-Canada n’est pas à l’abri des bouleversements que subit l’industrie canadienne des médias. Nous avons réussi à faire face à des difficultés structurelles majeures au sein de notre industrie dans les dernières années, mais nous n’avons plus la souplesse nécessaire pour continuer à le faire sans compressions.

«Nous comprenons à quel point cette annonce est préoccupante pour les personnes concernées et pour la population canadienne qui compte sur nos émissions et nos services. Nous aurons plus de précisions dans les mois à venir, mais nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire au minimum l’incidence de ces mesures. » – Catherine Tait, présidente-directrice générale, CBC/Radio-Canada. 

 

La CSN exige clarté et transparence de la part du diffuseur public

Un jour sombre pour Radio-Canada et pour l’accès à l’information au pays : c’est avec désolation que le Syndicat des travailleuses et travailleurs de Radio-Canada (STTRC-CSN) a pris connaissance aujourd’hui des compressions budgétaires de 125 M$ et des 800 abolitions de postes envisagées par la haute direction de CBC/Radio-Canada.

« Les employé-es sont atterrés et inquiets », a réagi le président du STTRC-CSN, Pierre Tousignant, au sortir de la rencontre prévue par la direction pour annoncer son plan de compressions.

« Encore une fois, CBC/Radio-Canada est incapable de répondre aux questions élémentaires concernant les postes visés, les services qui seront affectés et, plus globalement, la capacité à remplir notre mandat comme diffuseur public malgré l’ampleur des compressions appréhendées. Si la haute direction veut faire la démonstration que l’ébauche de plan présentée aujourd’hui constitue la meilleure des options, elle devra faire preuve de clarté et de transparence au cours des prochaines semaines pour nous permettre de traverser cette période difficile. »

Pour le STTRC-CSN, la multiplication des plateformes et la concurrence déloyale des géants du Web ont entraîné une très grande diversification des activités de CBC/Radio-Canada et une chute des revenus. Or, à la lumière du bilan financier présenté par la direction, celle-ci devra faire des choix.

« À vouloir être partout, CBC/Radio-Canada prend le risque de ne se retrouver nulle part, s’inquiète Pierre Tousignant. Radio-Canada ne peut pas tout faire, encore moins tenter de calquer chacun de ses compétiteurs du secteur privé, sans mettre à mal sa mission fondamentale, à savoir celle d’assurer l’accès à l’information dans l’ensemble des régions du pays. Malheureusement, si le bilan financier de la haute direction est à ce point négatif, des choix devront être faits. Des priorités devront être dégagées. Et nous voulons faire partie de cette discussion. »

Les médias d’information en crise

Alors que les effets de la crise des médias d’information ne s’estompent pas, la présidente de la CSN, Caroline Senneville, rappelle au diffuseur public le rôle essentiel joué par Radio-Canada au sein de notre système démocratique. « Il n’y a aucune entreprise médiatique qui peut assurer une couverture de l’ensemble des régions ainsi que le développement des communautés francophones, partout au pays. Voilà pourquoi nous voulons être rassurés quant à la place de l’information et du réseau français dans les priorités de CBC/Radio-Canada. »

La présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC-CSN), Annick Charette, invite la direction à poursuivre la discussion avec le syndicat pour diminuer les impacts des compressions annoncées. « On ne peut pas se permettre de supprimer des postes sans avoir de vision à long terme. Nous voulons être rassurés quant aux objectifs qui seront poursuivis, particulièrement dans le contexte de la crise actuelle, où des régions risquent de se retrouver dans des déserts médiatiques. » 

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