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CLAUDE FOURNIER (1931 – 2023) – Retour sur une soirée hommage fort émouvante, avec J. Serge Sasseville comme maître de cérémonie

Publié le 19 avril, 2023
Publié le 19 avril, 2023

HOMMAGE À CLAUDE FOURNIER (1931 – 2023)

Retour sur une soirée hommage fort émouvante avec J. Serge Sasseville comme maître de cérémonie, Guy Fournier, Emmanuelle Fournier, Martin Fournier, Clémence Fournier, Luce Décarie, Alain Juppé, Mireille Deyglun, Moshe Safdie, Louise Latraverse, Zhenia Viatchaninova, Annie Gérin, Pierre Karl Péladeau, Marie-José Raymond, François Dompierre, Serge Losique

Un texte de Jean-Pierre Tadros

Ils ont répondu nombreux à l’invitation de Marie-José Raymond, lundi soir, à la soirée hommage à Claude Fournier, « mon amour des 53 dernières années décédé le jeudi 16 mars, à l’âge de 91 ans après une très brève maladie cardiaque ». Un hommage émouvant, il faut le dire tout de suite, qui aura permis à plusieurs membres de la famille à dire leur amour et admiration, mais aussi leur désarroi face à ce départ si brutal.

 

À commencer par son frère jumeau, Guy, qui n’a pas caché sa profonde émotion en évoquant les derniers moments qu’il aura passés aux côtés de son frère. Ils étaient tous les deux, précisera-t-il, de vrais jumeaux, des jumeaux monozygotes, et seul un tiers environ des jumeaux sont monozygotes. C’est dire que les liens qui les unissaient étaient plus forts. Ils imaginaient, avouera-t-il, mourir ensemble, même s’il fallait forcer le destin en créant un face-à-face d’automobiles dans les rues de L’Île-des-Sœurs où tous les deux habitaient maintenant. Mais le destin en aura décidé autrement, et d’une façon d’autant plus sournoise, que Guy réalisait il y a quelques mois qu’il serait finalement le premier à partir. Guy Fournier nous a ainsi révélé qu’il venait d’apprendre que, suite à un examen médical de routine, on lui avait découvert un cancer des poumons. Mais le décès tellement inattendu de Claude avait brusquement changé la donne. Finalement, il lui aura survécu. À son grand désarroi.

Un décès qui aura tout autant pris par surprise le reste de la famille comme ont pu en témoigner par la suite avec beaucoup d’émotions d’autres membres de la famille. Ensemble, ils sont venus témoigner : Emmanuelle Fournier, fille de Claude, de Martin Fournier, fils de Claude, et de Clémence Fournier, petite-fille de Claude, les trois accompagné(e)s de Luce Décarie, petite-fille de Marie-José.

Après la famille, c’était au tour des grandes amitiés, et pas des moindres, à livrer leur témoignage. Et le premier à prendre la parole aura été Alain Juppé, ancien Premier ministre de France, ancien maire de Bordeaux et toujours membre du Conseil constitutionnel français, mais aussi et avant tout, on l’aura compris, un grand ami de Claude et de Marie-José. C’est donc à ce titre qu’il avait décidé de se déplacer de France pour assister à cette soirée.

Place ensuite à une grande comédienne québécoise, celle qui a immortalisé à l’écran la Florentine Lacasse de Gabrielle Roy dans le grand film « Bonheur d’Occasion » réalisé par Claude Fournier, madame Mireille Deyglun.

 

 

Le témoignage suivant a été livré par un homme qui n’a pas besoin de présentation, nous dira J. Serge Sasseville qui agissait comme maître de cérémonie. « Il est connu à travers le monde pour les merveilles architecturales qu’il a créées. À Montréal, nous lui devons Habitat 67, un immeuble patrimonial emblématique, et le Pavillon Jean-Noël Desmarais du Musée des beaux-arts de Montréal ». Vous aurez deviné Moshe Safdie, qui commencera par un aveu : « J’ai un grand regret, celui de n’avoir pu tenir ma promesse faite à Claude il y a bien des années de parler français ».

 

Celle qui allait ensuite prendre la parole abordera sa relation avec Claude sous un angle plutôt inattendu, nous avisera J. Serge Sassevile. « C’est une actrice, une directrice artistique, une auteure, une metteuse en scène, une animatrice, une grande artiste qui roule sa bosse depuis 70 ans. Le paysage culturel du Québec ne serait pas le même sans elle ». Une merveilleuse Louise Latraverse qui aura séduit l’assistance par son vibrant et éloquent témoignage.

Suivra un « grand homme qui a marqué l’histoire du Québec et du Canada ». Oui, l’ancien Premier ministre du Québec, monsieur Lucien Bouchard, était présent pour livrer son témoignage d’amitié. Et il ne manquera pas de rappeler que le couple Caude et Marie-José avait été à son chevet en novembre 1994.

 

Mais il est difficile de penser aujourd’hui à Claude sans y voir à ses côtés le drapeau ukrainien. Je redonne donc la parole à J. Serge Sasseville : « C’était le 15 avril 2022. Cette journée-là, j’ai eu le grand plaisir de trouver Marie-José et Claude devant la porte du Consulat général de Russie à Montréal pour m’accompagner dans mon rituel quotidien, à midi pile, tous les jours, sept jours sur sept, en opposition à la guerre en Ukraine et en appui au peuple ukrainien. Ce rituel consiste à faire jouer trois fois un enregistrement de l’hymne national ukrainien précédé du son des sirènes et des mitrailleuses que les Ukrainien(ne)s entendent tous les jours en Ukraine depuis le 24 février 2022. Entre chaque diffusion, nous scandions ensemble d’abord “Slava Ukraini – Heroyam Slava” (en français “Gloire à l’Ukraine” et “Gloire aux héros ukrainiens”), puis “Nous appuyons l’Ukraine – Stand with Ukraine” et, finalement, “Arrêtez la guerre – Stop the War”.

« Claude ne manquait jamais d’en rajouter. Son expression de prédilection était d’ailleurs : “F…k Poutine” qu’il scandait, inscrivait sur des pancartes ou écrivait à la craie sur la clôture du consulat.

« Claude était ardent, passionné. Marie-José et lui arrivaient tous les jours au volant de leur automobile bleue, un drapeau ukrainien accroché à l’une des fenêtres. Presque chaque jour, ils nous faisaient la surprise d’un nouveau bricolage peu flatteur pour Vladimir Poutine, que les employés du consulat s’empressaient de faire disparaître dès qu’ils le pouvaient. Tout comme moi, il fut agressé par les sbires du consulat. Mais tout comme pour moi, ces attaques n’ont jamais ralenti ses ardeurs. »

Oui, c’était Claude, l’homme de conviction, et il était alors tout naturel, nous dira J. Serge Sasseville, de demander à « l’une de nos amies et complices dans notre lutte de tous les jours contre la guerre en Ukraine de prendre la parole : Zhenia Viatchaninova, fondatrice du Club ukrainien de Montréal ».

Suivra enfin le témoignage de la doyenne de la Faculté des Beaux-arts de l’Université Concordia, madame Annie Gérin, qui a annoncé la création d’un Fonds Commémoratif Claude Fournier pour encourager la relève étudiante de l’École de cinéma Mel-Oppenheim (le Claude Fournier Memorial Fund).

La soirée hommage allait se terminer avec l’allocution de Pierre Karl Péladeau qui rappellera, entre autres, l’immense travail de Claude et de Marie-José à la construction du projet philanthropique de Québecor, ÉLÉPHANT, en 2008. Grâce à eux, cette « mémoire du cinéma québécois » aura pu s’enrichir de plus de 200 films restaurés et numérisés en HD maintenant disponibles sur les plateformes illico et sur iTunes.

Marie-José Raymond, qui était aux côtés de Pierre-Karl Péladeau, a clôturé cette magnifique soirée en remerciant ceux qui avaient livré leur témoignage avec autant d’émotions ainsi qu’à la nombreuse assistance qui était venue par leur présence rendre hommage à Claude Fournier dont l’héritage nous habitera pour toujours.

Mentionnons cette belle surprise qui nous attendait en clôture puisqu’on a eu le grand privilège d’entendre François Dompierrenous interpréter au piano la très belle musique du film Bonheur d’occasion.

Je m’en voudrais de ne pas vous signaler, qu’en plus des témoignages entendus, on a pu visionner un très beau montage vidéo en hommage à Claude, réalisé par Jérémie Tremblay-Fournier, le petit-neveu de Claude; un montage qui nous aura replongés dans les films de fiction de Claude.

C’est aussi à Jérémie Tremblay-Fournier que l’on doit la magnifique présentation de photos qui témoignait de la vie de Claude Fournier, et que l’on a vue défiler sur l’écran du Cinéma Impérial avant la cérémonie. Un Cinéma Impérial qui avait accueilli par le passé les lancements des films restaurés de ÉLÉPHANT. Marie-José allait d’ailleurs souligner dans ses remerciements que c’était grâce à Pierre Karl Péladeau que cette soirée hommage avait été possible.

Mais puisqu’on est au Cinéma Impérial, on ne peut s’empêcher de penser à Serge Losique. Il n’était pas présent. Mais il avait transmis un message que J. Serge Sasseville allait nous lire. Le voici :

« J’ai connu Claude depuis plusieurs décennies. Sur le plan humain, il était un gentilhomme, jamais de propos blessants pour personne.

« Sur le plan professionnel, il a laissé une œuvre immense : Deux femmes en or, Bonheur d’occasion, etc. et une série unique, Éléphant, dédiée à la mémoire du cinéma québécois. Marie-Josée Raymond était la productrice de tous les films de Claude. Claude a joué un grand rôle dans le développement du cinéma québécois. Grand et éternel merci à Claude pour tout ce qu’il a fait pour notre cinéma.

« Claude, j’ai toujours été ton ami et cette amitié est toujours là pour t’accompagner dans ton voyage céleste.– Serge Losique

 

Sur nos photos : Pierre Karl Péladeau et Marie-José Raymond • J. Serge Sasseville, maître de cérémonie de la soirée hommage • Daniel Mercure et François Dompierre au piano avant le début de la cérémonie.

 

Claude Fournier, une oeuvre de Pierre Dury

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