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CTVM.info à C2MTL, un article de Philippe Rostaing

Publié le 27 mai, 2015
Publié le 27 mai, 2015

C2MTL, jour 1, le mardi 26 mai

C’est en présence du maire de Montréal Denis Coderre qu’a été lancée hier la quatrième édition de C2MTL, rendez-vous désormais incontournable au carrefour du monde des affaires et du magma créatif de la métropole. Le président de SID LEE Jean-François Bouchard, co-créateur de l’évènement et président du conseil d’administration, a accueilli les quelques 4000 participants à l’Arsenal, dans Griffintown, en rappelant que cette année C2MTL se pencherait plus particulièrement sur les thèmes du changement et de l’innovation. Présenté une fois de plus à guichets fermés, C2MTL est financé à 82% par des investisseurs privés, parmi lesquels SID LEE, le Cirque du Soleil et Microsoft.

Au cours des trois prochains jours, l’évènement offrira plus d’une vingtaine d’allocutions d’invités internationaux en plus de proposer une pléthore d’activités et d’installations artistiques et immersives visant à stimuler la créativité des participants.

Survol d’une première journée bien remplie.

David Rose

CEO de Ditto Labs et chercheur au Tangible Media Lab de MIT, David Rose est un entrepreneur et « inventeur en série » qui a puisé son inspiration dans les contes de fées et histoires fantastiques de son enfance pour créer Enchanted Objects, une collection d’objets du quotidien rendus magiques par l’intégration de nouvelles technologies. D’un parapluie qui s’illumine à l’approche de la pluie à sa maison équipée d’une table de salon avec écran Google Earth intégré, ses inventions font preuve du pouvoir de la créativité fabulatrice et de la portée surprenante et inspirante de l’innovation au quotidien.

Jane McGonigal

Jane McGonigal est une conceptrice de jeu reconnue à travers le monde pour ses applications qui améliorent la condition physique, la santé mentale et l’engagement social des joueurs. Appelant les conférenciers à “prendre les jeux au sérieux pour les 30 prochaines minutes”, elle nous rappelle qu’il y a plus d’un milliard de joueurs de jeux vidéo à travers le monde – et que ce ne sont pas tous des « hard core gamers »: le joueur moyen de Call of Duty passe 170 heures par année à jouer, alors que 1,75 milliard de minutes de jeu de Candy Crush sont jouées tous les jours… Faisant un parallèle entre cet engagement monstre des « casual gamers » et les 81% de travailleurs à travers le monde qui disent ne pas se sentir interpellés par leur emploi, McGonigal propose d’augmenter la productivité au travail en mettant à profit les efforts collaboratifs et les émotions positives engendrées par les mécaniques de jeu dans l’élaboration de structures de travail plus engageantes.

Alex Kazaks

Associé et codirecteur de la pratique Innovation chez McKinsey, Alex Kazaks est un entrepreneur-innovateur au confluent de la conception et du marketing. Pour lui, le UX (expérience utilisateur) est au coeur des transmutations majeures qui secouent présentement l’industrie, citant en exemple l’accessibilité des films via Netflix, d’abord par la poste et ensuite en ligne, qui mena à la fermeture de Blockbuster et à la quasi-disparition des magasins de location vidéo. Pour lui, il est crucial de prendre en compte l’expérience unique de l’utilisateur avec le produit dans l’élaboration de stratégies marketing.

Un évènement de Téléfilm Canada au sein de la programmation de C2MTL

Table ronde: David Cormican et Corey Vidal
Première d’une série de sessions spéciales présentées par Téléfilm Canada et le Fonds des médias du Canada, “Comment rejoindre un public cible dans un paysage médiatique complexe” donnait la parole à David Cormican, producteur de la nouvelle série Between diffusée sur Netflix globalement et la chaîne City au Canada, et à Corey Vidal, créateur de vidéos sur YouTube suivi par 278,000 abonnés et dont les vidéos ont été visionnées plus de 82 millions de fois.

Cormican évoqua notamment l’approche innovante des producteurs de Between relativement aux médias sociaux. Conscients de la portée qu’ont tous les intervenants de la production sur leurs propres réseaux, les producteurs ont fourni à tous les comédiens de la série un guide afin de les aider à mieux naviguer leurs interactions en ligne. Mis à jour constamment, ce guide comprend entre autres des conseils sur ce qui constitue “un bon tweet” et des stratégies afin d’éviter de tomber dans les pièges que tendent les “trolls”.

Vidal a quant à lui rappelé que YouTube est devenue une plateforme viable de monétisation à travers les annonces publicitaires et la création de contenu commandité. En outre, Vidal a souligné que si une chaîne a plus d’un million d’abonnés, il est probable qu’elle tire autant de dollars en revenus annuels.

Alec Baldwin

Tête d’affiche de l’évènement, Alec Baldwin s’est d’abord assis avec Andy Nulman, qui s’est particulièrement intéressé aux importantes contributions de l’acteur à différentes oeuvres caritatives dédiées aux arts. Baldwin estime qu’en temps de crise, le milieu des arts est le premier à souffrir de coupures — aussi a-t-il jusqu’ici donné plus de 7 millions à différentes organisations dédiées à l’expression artistique, estimant que l’art est un aspect primordial de nos vies et de notre expérience humaine.

Connu pour son amour de la musique classique, Baldwin a ensuite eu la surprise de voir Nulman céder sa place à Kent Nagano. Le maestro et l’acteur ont échangé sur les stratégies à adopter pour intéresser les jeunes au classique, mentionnant notamment l’importance d’offrir des évènements gratuits à la prochaine génération.

Discussion: Alec Baldwin et Patrick Huard dans le cadre de l’évènement Téléfilm Canada

Baldwin a ensuite rejoint l’acteur Patrick Huard sous le chapiteau BDC pour une conversation à bâtons rompus sur la création.

Questionné sur son travail de scénariste, Huard a évoqué le terreau fertile qu’a été l’identité canadienne dans l’écriture de Bon Cop, Bad Cop, permettant au film de se distinguer d’autres productions hollywoodiennes du même genre. Pour lui, les contraintes budgétaires au Canada sont des leviers créatifs: il faut savoir faire plus avec moins. Aux yeux d’Huard, ce contexte explique peut-être pourquoi nos techniciens et artisans sont si respectés sur la scène internationale et vus comme “les plus compétents au monde”.

Baldwin a quant à lui souligné que l’arrivée des nouvelles technologies a avant tout changé le rapport que le spectateur entretient avec l’oeuvre. Avant, les familles se réunissaient à heure dite devant la télévision pour consommer une même production; maintenant, tout le monde regarde ce qu’il préfère sur son propre écran, quand il le veut. Ces nouvelles habitudes de consommation ont permis à une gamme plus diversifiée de programmes de trouver leur niche et de connaître du succès. En outre, Huard estime que cette nouvelle réalité a également permis au public de découvrir des productions provenant d’autres marchés, élargissant le bassin de spectateurs pour plusieurs productions internationales autrefois restées confidentielles au delà de ses frontières.

Pour Huard, le “binge watching” a également des répercussions sur le travail des scénaristes, qui n’ont plus besoin de se conformer aux structures à “cliffhangers” et aux répétitions et rappels propres aux séries traditionnelles.

Quant à l’impact de la technologie sur la production audiovisuelle, Baldwin estime que désormais beaucoup de créateurs s’affranchissent en prenant eux-même en mains l’aspect business des choses, devenant eux-même entrepreneurs — et s’ils tardent à prendre le pas sur les créatifs et demeurent plus cantonnés dans leur rôle traditionnel, les gens d’affaires d’aujourd’hui sont néanmoins plus conscients de l’importance des créatifs dans le succès de leurs projets.

Philippe Rostaing
Pour CTVM.info

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