DE SHERBROOKE À BROOKS sur UnisTV

DE SHERBROOKE À BROOKS – Histoires d’un corridor migratoire pour les réfugiés, dimanche 20 novembre 20 h à Unis TV

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Unis TV diffusera une production de l’Office national du film, De Sherbrooke à Brooks, le dimanche 20 novembre à 20 h. Réalisé par Roger Parent, le documentaire présente les victoires, les défaites, les projets de vie et les espoirs de quatre Africains francophones.

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Ayant choisi d’immigrer au Canada au début des années 2000, ces nouveaux arrivants originaires principalement de la République démocratique du Congo, se sont installés à Sherbrooke. Faute d’emploi, plusieurs familles parlant pourtant français ont quitté le Québec pour l’Ouest. Entremêlant les récits entre les deux villes, le documentaire expose les enjeux humains, et surtout la résilience, qui façonnent la vie de bon nombre de réfugiés africains francophones. Plusieurs apprécient la qualité de vie que leur offre le Québec, mais le travail manque et la discrimination se fait parfois sentir.

En Alberta, des conditions économiques plus favorables poussent à l’embauche, notamment au grand abattoir de Brooks qui exporte de la viande à l’échelle nationale et internationale, et où l’accès à l’emploi est souvent immédiat. Plus de 80 communautés culturelles différentes se côtoient dans la ville et la municipalité fait tout pour garder sa main d’œuvre souvent transitoire et instable. Au cours de la dernière décennie, des services à la collectivité ont été créés et un agent a même été nommé pour faire le lien avec les communautés.

Quelles leçons ces quatre Africains, leurs familles et leurs communautés environnantes tirent-ils de ces années de migrations entre l’est et l’ouest du Canada? Quelles perspectives ont-ils maintenant de leur pays d’accueil, et surtout, d’eux-mêmes face aux obstacles vécus? En guise de réponse, leurs trames de vie ébranlent l’image utopique du pays comme société d’accueil inclusive.

À l’heure où les images de milliers de réfugiés fuyant la guerre et la misère font régulièrement l’actualité, De Sherbrooke à Brooks mesure le chemin à parcourir pour accueillir et intégrer dans les meilleures conditions possibles ceux et celles qui contribueront au monde de demain.

 

 

 

LES PROTAGONISTES

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DÉSIRÉ

Alors qu’au Congo, il travaillait auprès des organismes de défense des droits de la personne, il peine à décrocher un emploi à Sherbrooke. En 2004, il part pour l’ouest du pays, où il se trouve un travail et met à profit son sens de l’entraide dans la communauté de la ville. Au sein de l’Association francophone de Brooks, il s’efforce de multiplier les ponts avec le milieu d’accueil anglophone. Dix ans plus tard, il est devenu une sorte de guide pour les nouveaux arrivants en perte de repères. À la lumière de la transformation sociale et culturelle survenue à Brooks, Désiré retourne au Québec, où il a laissé une partie de son coeur, pour prendre des nouvelles de ses compatriotes africains et comparer leurs parcours respectifs.

 

ANGÈLE

Angèle avait quatorze ans et était sur le point d’accoucher lorsqu’elle est arrivée à Sherbrooke. Elle n’a pas réussi à faire le rattrapage nécessaire pour terminer son secondaire et doit quitter le Québec à regret. Embauchée rapidement à l’usine de viande Lakeside Packers de Brooks, elle fait tout pour s’adapter à sa nouvelle vie. Gravement malade à cause de son emploi et du stress occasionné par ses conditions de vie, Angèle tente de s’installer avec ses enfants à Calgary. Les services de protection de la jeunesse lui retirent la garde de ses enfants. Elle s’exprime difficilement en anglais et n’arrive pas à se faire comprendre, ni par les policiers ni par la travailleuse sociale. Aujourd’hui, Angèle est très fière d’être devenue bilingue. De retour à Sherbrooke avec deux de ses trois enfants, elle tente de reconstruire sa vie. À cause du travail dans les chambres froides de Lakeside Packers, elle est atteinte d’une maladie fatale : le syndrome de Lupus.

 

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ESTELA

Estela avait trois ans lorsqu’elle est arrivée à Sherbrooke avec ses parents du même camp de réfugiés en Tanzanie qu’Angèle. Au Québec, elle est diagnostiquée comme ayant de troubles graves d’apprentissage. Ses parents quittent Sherbrooke pour trouver de l’emploi à l’abattoir de Brooks. Peu de temps après le déménagement, elle est témoin d’une fusillade et d’un meurtre provoqués par les gangs de rues dans le quartier, indice de la criminalité naissante dans la communauté africaine. Estela a aujourd’hui quinze ans et elle fait sa dixième année à l’école francophone de Brooks. Elle accorde une très grande valeur à sa réussite scolaire. Le récit d’Estela ressemble à ceux d’autres jeunes Africains, qui étaient jugés comme inaptes aux études au Québec et qui connaissent la réussite scolaire dans les écoles francophones en Alberta. Devenue véritable ambassadrice de sa communauté africaine et de son école francophone, elle se dédie au travail communautaire et au bénévolat à Brooks.

 

MARIE-CLAIRE

Marie-Claire ne croit plus au rêve américain. Depuis qu’elle vit au Québec, elle a fait des études en gestion hôtelière pendant 4 ans et a suivi des cours pour perfectionner son français. Malgré le DEC, elle a de la difficulté à se trouver un travail gratifiant. Elle aspire à un emploi plus valorisant que celui d’être serveuse ou femme de chambre. Elle se tourne vers l’écriture et travaille, l’été, dans les champs de façon saisonnière en caressant le rêve d’une carrière d’écrivaine. Attachée au Québec, elle voudrait continuer à construire sur ses frêles acquis plutôt que de partir pour tout recommencer en Alberta. Les défis restent nombreux à Sherbrooke, car pour être accepté, l’immigrant doit constamment faire ses preuves. Quand il n’est pas carrément renvoyé à son statut d’étranger à cause de son accent ou de la couleur de sa peau, il doit démontrer sa capacité d’adaptation.

 

ROGER PARENT, RÉALISATEUR

Originaire de l’Ouest canadien, Roger Parent a étudié en littérature et en théâtre à l’Université Laval. Son intérêt pour la diversité culturelle et la communication lui vaut de travailler comme journaliste pour Radio-Canada. À l’issue d’une formation théâtrale acquise à Paris, il enseigne et devient professeur-chercheur à l’Université de l’Alberta, où il explore les pratiques artistiques et culturelles des communautés immigrantes marginalisées. Il tourne par la suite une série documentaire bilingue sur l’interculturalité, qui est utilisée comme ressource pédagogique tant ici qu’à l’étranger. Sa récente incursion au cinéma donne lieu à un premier long métrage produit avec l’ONF, De Sherbrooke à Brooks, qui se penche sur les enjeux de l’intégration au Canada des nouveaux arrivants de souche africaine.

 

UnisTV: UnisTV

 

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