Entrevue avec Nathalie Clermont à la suite de sa nomination à la vice-présidence du Fonds des médias

Entrevue avec Nathalie Clermont à l’occasion de sa nomination à titre de Première vice-présidente stratégie de contenu et développement d’affaires au Fonds des médias du Canada

Un vent de fraicheur au Fonds des médias du Canada qui accueille deux francophones, Nathalie Clermont et Mathieu Chantelois, à titre de premiers vice-présidents 

 

 

Une nouvelle équipe à la tête du Fonds des médias du Canada

Un vent de fraîcheur souffle sur le Fonds des médias du Canada (FMC). Ce sont deux francophones, Nathalie Clermont et Mathieu Chantelois, qui deviendront les premiers vice-présidents. Quelques nouvelles têtes s’ajouteront aussi à l’équipe au cours des prochains mois. Nouveaux modèles, programmes innovants, inclusion et diversité sont au cœur du nouveau mandat du FMC. La nouvelle Première vice-présidente – stratégie de contenu et développement d’affaires Nathalie Clermont nous en parle.

 

  • Nathalie Clermont
  • Mathieu Chantelois

« Je suis enthousiaste de pouvoir participer à la modernisation du Fonds des médias du Canada », exprime Nathalie Clermont au FMC depuis 2007, Mme Clermont se réjouit d’endosser davantage de responsabilités dans cette période de transition. « C’est vraiment l’occasion de mettre la main à la pâte et d’élaborer un nouveau modèle au cours des prochaines années, c’est très stimulant » poursuit-elle. À ses côtés, elle pourra compter sur des habitués du Fonds tels que Mathieu Chantelois qui a travaillé sur la refonte de l’image de marque de l’entreprise ou encore Rod Butler qui travaille au FMC depuis 2014.

Des postes sont encore aujourd’hui vacants à la direction ; des firmes de recrutement seront mandatées prochainement pour trouver les meilleurs candidats. Un renouveau très encourageant selon la nouvelle Première vice-présidente. « Les nouvelles personnes qui vont être embauchées vont arriver avec leurs visions, leurs idées, ça va nous brasser un peu, c’est l’fun. On a besoin de remettre en question nos pratiques, élabore-t-elle. Et nous, les plus anciens, avec notre expérience, on va aider à trouver un certain équilibre, à offrir une stabilité à l’industrie ».

En effet, de nombreux changements ont été annoncés par le Fonds afin de « répondre mieux aux besoins ». Au cours des deux dernières années, de nombreuses consultations auprès de divers acteurs de l’industrie ont été menées et plusieurs constats ont pu être faits. « Tout d’abord, on a senti une urgence dans le besoin de faire des changements. Il y a aussi une grande importance à s’assurer qu’on a une diversité de déclencheurs dans le marché, que les télédiffuseurs n’ont pas toutes les clefs en main », développe Mme Clermont. De plus, les études ont montré que le soutien aux premières étapes de développement d’un projet était primordial. « On a mis en place des programmes pour cela, mais il faut qu’on continue. Ça permet d’encourager la création pure », ajoute-t-elle. Enfin, dans les derniers gros mandats, la simplification des processus est à l’étude. « Les gens trouvent ça compliqué de déposer des projets et de passer par toutes les étapes subséquentes. Il faut que ce soit plus simple », poursuit Mme Clermont.

 

Plus de place pour les productions locales

Selon la Première vice-présidente, il est très important d’agir et de moderniser le Fonds dès maintenant afin « de ne pas manquer le bateau ». « Notre industrie est en plein bouleversement, encore davantage depuis la pandémie. On vit un manque de main-d’œuvre et de ressources matérielles, la compétition créée par la production de service est là, exprime-t-elle. Il faut s’assurer que le contenu canadien ait sa place, soit compétitif et que nos entreprises puissent créer et croitre dans un environnement mondial ».

 

Depuis plusieurs années, les producteurs locaux sont de plus en plus engagés comme prestataires de services par des sociétés étrangères, le plus souvent américaines. Cette réalité laisse moins de place aux professionnels locaux pour leur propre création. Un enjeu qui tient à cœur au FMC. « C’est bien qu’il y ait de la compétitivité avec l’international, mais il faut qu’on arrive à laisser une place importante aux artisans locaux, qu’ils puissent eux aussi exporter leur contenu ailleurs, le monétiser davantage, garder leurs droits, tirer des profits pour réinvestir dans leurs propres projets », détaille Mme Clermont.

Le FMC souhaite aussi redéfinir la notion de succès. En effet, depuis de nombreuses années, le Fonds se fie seulement à l’auditoire télévisuel. « La multitude de plateformes n’est pas prise en compte, il faut que ça change. On a un gros travail à faire sur la collecte de données, l’analyse et la définition de ce que devrait être un succès dans les différents marchés et secteurs, comprendre quels sont les différents indices », indique Mme Clermont.

 

Diversité, inclusion et équité au cœur des changements

Déployée depuis 2021, la stratégie « Inclusion, diversité et équité » du FMC devrait s’accélérer prochainement. À travers celle-ci, le FMC a déjà mis en place plusieurs programmes pour les personnes racisées et issues des communautés diverses.

Dès avril prochain, l’ensemble des programmes du FMC intégrera Persona-ID, un outil qui permet d’obtenir, de façon anonyme, des renseignements démographiques sur l’ensemble des projets déposés au Fonds. « On veut avoir une meilleure idée de la diversité de notre industrie. Ça va nous permettre de faire en sorte que tout le monde soit bien représenté », élabore Nathalie Clermont. Plusieurs nouveaux modèles de programmes devraient être annoncés sous peu dans cette même lignée.

Un souffle francophone

Pour la première fois, deux francophones québécois font partie de la haute direction du Fonds, qui a surtout connu des dirigeants anglophones depuis sa création.  Ils travailleront en étroite collaboration avec la présidente et cheffe de la direction, Valerie Creighton. Un changement qui va permettre une nouvelle « cohérence » selon Nathalie Clermont. « On va évaluer comment nos programmes répondent bien spécifiquement aux deux marchés, francophone et anglophone, dit-elle. Avant, on essayait de garder le plus possible les programmes similaires pour les deux marchés, d’offrir la même chose à tout le monde à peu près ».

Avec le financement plus important pour le marché francophone annoncé par le gouvernement l’an dernier, la grille des programmes risque donc de changer. « Il va falloir regarder de près ce qui fait du sens pour un marché, et pour l’autre. Quitte à avoir des programmes différents », explique la Première vice-présidente.

Cependant, la structure plus concrète des programmes dépendra aussi du financement du gouvernement. Ce dernier a annoncé doubler sa contribution au FMC, mais une grande partie de l’argent servira à compenser une baisse dans les contributions des bailleurs de fonds privés. « De plus, on ne sait pas si on va recevoir cet argent d’un coup, dans 6 mois, dans trois ans ou petit à petit », ajoute Mme Clermont.

Une fois cette inconnue dissipée, le FMC se concentrera alors sur la façon dont les fonds vont être utilisés. « On veut investir dans les médias numériques interactifs et mettre en place le pourcentage 60/40 pour le découpage de programmes anglophones et francophones, mais ça dépendra de l’entrée d’argent. On ne souhaite pas pénaliser un secteur de l’industrie pour en favoriser un autre. On a besoin d’un soutien monétaire plus important », conclut Mme Clermont.

 

Entrevue effectuée par Léa Villalba, journaliste indépendante, lundi le 28 mars 2022

 

 

 

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