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Entrevue de Alyssia Duval-Nguon, stratège aux médias sociaux et programmatrice à Fantasia 2022

Publié le 19 juillet, 2022
Publié le 19 juillet, 2022

Une entrevue de Alyssia Duval-Nguon, stratège aux médias sociaux et programmatrice à Fantasia par Marc Lamothe

 

« Mon objectif principal est de transmettre au public toute la passion de notre équipe pour le cinéma de genre, pour les films que nous présentons, pour l’héritage de notre festival » Alyssia Duval-Ngunon

 

CTVM.info — Parlez-nous d’abord d’un de vos premiers coups de cœur au cinéma ?

 

Alyssia Duval-Nguon — Grosse question ! Littéralement : LA BELLE ET LA BÊTE (1991) de Disney, vu des centaines de fois sur VHS quand j’étais petite fille. Mais le film qui m’a vraiment donné envie de faire du cinéma ma carrière, c’était C.R.A.Z.Y. (2005) de Jean-Marc Vallée. J’avais 14 ans à sa sortie.

Vous avez étudié en scénarisation à l’UQAM, mais êtes principalement active professionnellement dans la gestion des réseaux sociaux depuis quelques années déjà, comment expliquer cette bifurcation ?

 

Alyssia Duval-Nguon — J’ai toujours aimé écrire, et ma passion pour le cinéma m’a donné envie d’essayer la scénarisation. Éventuellement, j’ai tout simplement réalisé que j’ai plus de plaisir à parler de l’œuvre des autres qu’à écrire mes propres films ! Je suis de cette génération d’autodidactes qui ont appris à coder en personnalisant leur profil sur MySpace, alors j’ai toujours eu les médias sociaux dans le sang… En 2016, j’ai eu le privilège de faire un stage au département des communications du Marché du Film, au Festival de Cannes, et disons que ça a ouvert les portes à de belles opportunités dans ce domaine à mon retour au Québec, et notamment à Fantasia.

Vous êtes notamment connue pour votre amour du cosplay, une manière d’amener votre fascination pour certains personnages et films à un autre niveau. Parlez-nous un peu de cette fascination ?

Alyssia Duval-Nguon — Je me considère plutôt introvertie et timide, et me costumer est un geste non seulement créatif, mais aussi libérateur. Se glisser dans la peau d’un personnage me donne une confiance que je n’arrive pas nécessairement à manifester dans la vie de tous les jours. C’est aussi, comme vous dites, une manière d’exprimer ma passion pour le cinéma ou la culture populaire. Et quand je peux aligner cette passion et mon travail, c’est encore plus gratifiant !

 

Vous êtes responsable des réseaux sociaux pour le festival. La page Facebook du festival est suivie par plus de 34 000 internautes, votre compte Twitter compte plus de 15 000 abonnés et votre compte Instagram, près de 12 000 abonnés. Qu’est-ce qui explique selon vous un tel attachement des festivaliers et des internautes aux divers réseaux sociaux du festival ?

 

Alyssia Duval-Nguon — Je décris toujours les médias sociaux comme les « premières lignes » d’une entreprise – c’est grâce à ces espaces qu’on reste connecté à nos fans, à notre communauté, à notre tribu et c’est là qu’on nous retrouve en premier. D’ailleurs, la pandémie a prouvé leur importance et leur utilité. Le festival Fantasia est reconnu pour son public enthousiaste et passionné, et il l’est autant en ligne qu’en personne !

 

Votre titre officiel est STRATÈGE AUX MÉDIAS SOCIAUX. Quelle est votre approche ou votre signature dans l’élaboration des stratégies du festival en matière de réseaux sociaux ?

 

Alyssia Duval-Nguon — Mon objectif principal est de transmettre au public toute la passion de notre équipe – pour le cinéma de genre, pour les films que nous présentons, pour l’héritage de notre festival – puisque justement, nous sommes tout aussi passionnés que vous ! L’idée est de rendre nos médias sociaux engageants et accueillants, car ce ne sont pas des robots qui vous répondent à travers l’écran, mais des humains qui, comme vous, ont très hâte de retrouver leur festival préféré chaque année.

 

Vous êtes aussi responsable de la communauté pour les réseaux sociaux de l’Office national du film du Canada. Quelles sont les principales différences entre les communautés d’un producteur diffuseur comme l’ONF et d’un festival comme Fantasia ?

 

Alyssia Duval-Nguon — Ce sont presque deux extrêmes ! L’ONF étant une institution gouvernementale, le contenu de ses médias sociaux est beaucoup plus encadré, réfléchi, et doit remplir des objectifs mesurés. La communauté onéfienne est généralement plus âgée, et s’intéresse surtout aux grands classiques du cinéma québécois et canadien, ainsi qu’aux documentaires sociaux, quoique cela évolue rapidement puisque – ne l’oubliez pas – l’ONF est aussi un grand innovateur technologique du côté de l’animation et du cinéma interactif ! La communauté de Fantasia, quant à elle, est éclectique et diverse, se passionne pour un cinéma plus niché, indépendant ou déjanté. Ce qu’elles ont en commun, c’est évidemment la cinéphilie, ainsi qu’une curiosité et un enthousiasme volubiles.

Avez-vous quelques anecdotes à nous partager dont vous avez été témoin sur les réseaux sociaux du festival ?

 

Alyssia Duval-Nguon — En 2020, le festival s’est tenu virtuellement, et nous devions trouver rapidement des solutions qui permettraient à nos spectateurs d’interagir entre eux et de maintenir leur relation particulière avec Fantasia, au-delà de simples visionnements en direct. Mon équipe a choisi d’ouvrir un serveur sur la plateforme de clavardage Discord, et son succès m’a beaucoup touchée. Le public comme les cinéastes se connectaient pour discuter des films après chaque visionnement, et plusieurs ont même offert de devenir modérateurs ou de s’occuper de la préservation du serveur une fois le festival passé. Cette édition-là a été très éprouvante pour l’équipe, et pour moi en particulier puisque soudain, toute l’attention s’est tournée vers le web et les médias sociaux, mais ça a aussi été très gratifiant en fin de compte.

 

Vous êtes aussi programmatrice au festival. Parlez-nous un peu de cette partie de votre travail cette année ?

Alyssia Duval-Nguon — C’est ma collègue programmatrice Celia Pouzet qui, après l’édition 2020, a offert de me prendre sous son aile pour réinventer ensemble la section Documentaires de la marge. J’en suis vraiment reconnaissante. Je trouve le cinéma documentaire fascinant, surtout dans le contexte de Fantasia où nous recherchons des œuvres non conventionnelles ou qui s’intéressent à l’étrange et aux contre-cultures. Je constate qu’avec la popularité relativement récente du genre « true crime », le documentaire intéresse de plus en plus de gens, et je souhaite que mon travail puisse contribuer à ce renouveau !

 

Pourriez-vous nommer quelques films ou événements que vous avez hâte de découvrir dans le cadre de la prochaine édition ?

 

Alyssia Duval-Nguon — Parmi mes plaisirs coupables logent les films de « found footage », alors j’ai très hâte de voir la comédie d’horreur DEADSTREAM de Joseph et Vanessa Winter, qui sera présentée en première canadienne le 23 juillet. Je suis aussi une grande amatrice de cinéma sud-coréen, et la programmation de cette année en contient beaucoup ! Notamment, un cycle de projections de courts métrages d’animation, et plusieurs longs métrages primés, dont notre film de clôture, NEXT SOHEE de la réalisatrice July Jung.

 

 

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