HENRI HENRI ou capter la magie du conte!

Propos de Martin Talbot, scénariste et réalisateur du film HENRI HENRI qui prend l’affiche  demain vendredi le 7 novembre.

« Il y a quelques années, j’ai vu un documentaire sur la Place Ville-Marie, à Montréal. On y parlait d’un homme dont le travail consistait exclusivement à remplacer les ampoules de toutes les lampes et luminaires de l’édifice. Un métier insolite, peu connu, dont probablement personne ne soupçonne même l’existence. Je trouvais plutôt extraordinaire que tout le travail accompli par cet homme de l’ombre vise à… mettre de la lumière dans la vie des gens. Quel paradoxe formidable !Je me suis donc mis à imaginer l’histoire d’un homme simple, en apparence insignifiant, qui illuminait la vie des gens — au propre comme au figuré — tout en restant lui-même pris au piège de l’ombre. Henri Henri venait de naître.

Et quoi de mieux que le conte pour raconter une allégorie sur la lumière. Le conte est un univers qui m’habite depuis déjà dix ans. D’abord explorée dans ma trilogie Il était 3 fois 1 doigt, ma vision personnelle du conte oscille entre fantaisie et réalisme, intemporalité et anachronisme. L’histoire d’Henri s’inscrit donc elle aussi dans cette vision et cet univers. Mais si, avec leur propos unique, les trois contes d’Il était 3 fois 1 doigt étaient en quelque sorte plus proches des règles classiques du genre, Henri Henri s’ouvre sur une nouvelle dimension de celui-ci : celle du récit, de la quête initiatique, avec tout ce que cela implique d’épreuves à affronter pour Henri… et de personnages hétéroclites à apprivoiser.

Pour traduire toute la magie intemporelle de ce conte initiatique à l’écran, il s’agissait pour moi d’évoquer un monde parallèle aux confins d’un monde indéfini. S’il est vrai qu’on peut voir une certaine nostalgie dans cette histoire qui semble sortir d’une autre époque, elle représente surtout pour moi le rêve et l’optimisme. En effet, je ne suis pas quelqu’un qui vit dans le passé. Je suis bien ancré dans le présent et je regarde vers le futur. Ce qui ne m’empêche pas d’aimer me tourner vers le passé, vers des époques colorées, moins marquées par la grisaille et le défaitisme (du moins, en apparence), pour raconter mes histoires. Croire en la fantaisie, ça permet de croire en l’impossible. Et c’est ça, l’histoire d’Henri — la candeur en plus.

Malgré tous les déboires qu’Henri devra essuyer, toutes les déceptions, les inquiétudes, les revers, Henri Henri est définitivement un film sur l’espoir. Ça peut sembler un peu naïf, qui sait, de réaliser un tel film en ces temps difficiles, mais je suis persuadé qu’on a toujours besoin d’espoir, de couleur, de se rappeler que le monde peut être meilleur. Au-delà de la laideur et des épreuves, je suis convaincu que ça peut aussi être ça, la vie : une suite de malheurs et de moments difficiles qui débouchent éventuellement sur quelque chose de bien. Comme pour Henri. Sans compter qu’on a tous besoin d’un Henri, un jour ou l’autre : on finit tous par avoir besoin de quelqu’un dont on n’aurait jamais soupçonné l’importance, pour réapprivoiser le monde, pour briser sa solitude, pour revivre. Bien sûr, c’est mon propre côté optimiste qui s’exprime ici. Après tout, on est tous entourés de petits bonheurs et de grands plaisirs qui rendent la vie plus facile à vivre, pour peu que l’on sache les apercevoir.

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