Le défi de «SLAXX» : mettre des sujets sociaux graves dans un film d’horreur atypique
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Le défi de «SLAXX» : mettre des sujets sociaux graves dans un film d’horreur atypique
Une entrevue avec Patricia Gomez Zlatar, coproductrice et coscénariste de Slaxx, par Charles-Henri Ramond
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Troisième long métrage d’Elza Kephart, la comédie d’horreur Slaxx a pris l’affiche vendredi 11 septembre 2020. Mettant en vedette Romane Denis (Charlotte a du fun), Brett Donahue, Sehar Bhojani, Stephen Bogaert et Kenny Wong, le film raconte l’histoire d’une paire de jeans meurtrière qui s’en prend aux employés d’un magasin à la mode, réquisitionnés pour mettre en rayon la nouvelle collection qui sera lancée en grandes pompes le lendemain. Patrons hautains obnubilés par les chiffres de vente, industrie textile peu scrupuleuse de la fabrication de ses produits, futilité de la « fast-fashion », etc., la cinéaste n’y va pas de main morte pour insuffler à son drame d’horreur quelques accents satiriques et fantaisistes.
Développé par Elza Kephart et Patricia Gomez Zlatar sur une période de près de vingt ans, Slaxx a été présenté en 2017 au Marché de coproduction Frontières de Fantasia. C’est là qu’Anne-Marie Gélinas d’EMAfilms a accepté d’embarquer dans le projet.
Nous nous sommes entretenus avec Patricia Gomez Zlatar, coscénariste et également coproductrice.
« Lorsque nous avons commencé Slaxx, nous avions aux alentours de 24 ou 25 ans, c’était un film d’horreur typique. Vraiment poche! Cela se passait dans une école, on y tuait beaucoup de filles, ça ne disait absolument rien… c’était plate, horrible. L’un des tournants du projet, cela a été lorsque nous avons décidé de placer le récit dans un magasin. Cela nous a permis de penser à des thèmes sociaux plus grands… J’avais travaillé dans un magasin de marque lorsque j’étais jeune et j’avais des histoires horribles à raconter. C’était là, mais si cela a changé beaucoup de choses, il nous manquait encore un élément clé autour des jeans. Qui sont-ils? Pourquoi agissent-ils ainsi? Lorsqu’Elza a vu un film sur la mode rapide, elle a imaginé que le pantalon pouvait être une petite fille, et toute l’histoire qui va autour. À partir de ce moment-là, tout a déboulé très vite. Donc, oui, c’est un projet qui avait besoin d’arriver à maturité avant d’être présenté. »
Mettre des sujets sociaux graves dans un film d’horreur déjà plutôt atypique cela n’a pas facilité les choses nous confirme la coproductrice. « Tous les films sont des défis, nous dit-elle. L’affaire avec Slaxx, c’est que la prémisse est ridicule, alors que les sujets abordés sont importants et horribles. Mettre tout ça ensemble et trouver le ton juste, ça a été un peu difficile. Parce que tu ne veux pas que ça aille trop d’un côté ou trop de l’autre. Pas trop de ridicule pour que ton thème se perde, mais trop de sérieux non plus pour que le public ne s’ennuie pas. »
Concrètement les défis sur la production ont tourné autour du budget. « C’est assez difficile de trouver de l’argent, encore, mais surtout d’en trouver suffisamment pour le faire bien, confirme-t-elle. Nous avons été chanceuses de pouvoir faire notre pitch à Fantasia. Nous avons rencontré Anne-Marie qui nous a ouvert les portes à plein de ressources. Si tu as de grandes idées, mais que tu n’as pas de budget, c’est très compliqué. Bien sûr tu peux faire preuve d’inventivité, mais cela reste difficile. Pour moi, c’était ça le principal défi, trouver les ressources qui nous emmènent ‘to the next level’. D’un pont de vue esthétique, Elza et moi, nous voulions une belle direction artistique. Nous tenions absolument à ce que le magasin ait l’air véridique. Au final, on a été chanceuses, on a trouvé les bonnes personnes. Quand on écrit, on ne sait jamais trop comment on va le faire. Mais pour Slaxx, nous avions une belle équipe qui a fait un travail formidable avec les pantalons… »
Avec un budget de l’ordre de deux millions, il a fallu faire des choix dans les effets visuels nous dit Patricia Gomez Zlatar. « Quand tu démarres un film, tu as beaucoup d’idées, mais ‘you have to get more realistic and you have to let go of some shots’. C’est juste normal. Donc on a gardé ce que l’on croyait être essentiel. Pour nous, il était primordial de suggérer beaucoup et d’en montrer moins. C’est sûr que j’aurais souhaité avoir le budget pour créer un grand massacre lors de la séquence finale, mais plus j’y pense plus je me dis que c’est mieux ainsi… Quand je regarde le film, je ne le vois pas comme une histoire d’argent eu ou pas eu… ‘and that’s a good feeling!’ »
Spécifications techniques
Format de tournage Numérique
Format de projection (support) DCP, Bluray et DVD
Durée 77 minutes
Genre Slasher/comédie satirique
Version originale Anglais
Autre version Français
Son 5.1 Surround
Pays producteur Canada
L’équipe
Réalisation Elza Kephart
Production Anne-Marie Gélinas et Patricia Gomez Zlatar
Producteur exécutif Shaked Berenson
Scénario Elza Kephart et Patricia Gomez Zlatar
Direction photo Steve Asselin
Direction artistique Geneviève Huot
Costumes Éric Poirier
Directeur de Casting Maxime Giroux
Maquillage Joan-Patricia Parris
Coiffures Marie-Josée Beaudet
Maquillage effets spéciaux Bruno Gatien
Effets Spéciaux Blood Brothers
Effets visuels Simon Beaupré
Montage Mirenda Ouellet
Son Yann Cleary
Musique Delphine Measroch
- Interprètes
- Romane Denis Libby
- Brett Donahue Craig
- Sehar Bhojani Shruti
- Stephen Bogaert Harold Landsgrove
- Kenny Wong Lord
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