Les cinéastes protestent contre le démantèlement de l’ACIC et réaction de l’ONF

La coalition « Sauvons l’ACIC » est consternée face aux modifications majeures que la nouvelle direction de l’ONF s’apprête à apporter au programme d’Aide au cinéma indépendant du Canada (ACIC) en dépit des doléances qu’elle a présentées le 23 avril dernier à M. Richard Cormier, directeur général et chef de la programmation de l’ONF.

Plus de 530 artisans du milieu ont signé une lettre envoyée ce matin à la commissaire à la cinématographie de l’ONF, Mme Suzanne Guèvremont, afin qu’elle renonce à ce qui conduirait à la catastrophe pour les cinéastes indépendant•e•s. Au nombre des mesures annoncées, la direction générale s’apprête à modifier de façon radicale le programme en faisant disparaître l’ACIC pour la remplacer par une structure nommée ECHO, regroupant francophones et anglophones. Elle supprime également l’aide en argent qui était octroyée aux cinéastes hors de Montréal, fragilisant encore davantage le cinéma francophone des régions et hors du Québec. De plus, elle coupe l’accès aux salles de montage, préférant des salles vides à la présence des cinéastes indépendant•e•s dans ses murs. Enfin, elle souhaite que les projets choisis reflètent la ligne éditoriale de l’ONF, ce qui entraînerait pour les cinéastes une perte d’indépendance inadmissible.

« Le cinéma émergent est grandement menacé par les changements envisagés », souligne Galilé Marion-Gauvin, producteur de fiction et d’animation montréalais. Annick Blanc indique quant à elle que l’ACIC a été un élément essentiel et fondateur dans son développement comme réalisatrice et productrice, et ce dès ses premiers films. « La disparition de l’ACIC telle que nous l’avons toujours connue serait une catastrophe pour notre culture, et particulièrement pour la relève ». « De perdre la possibilité de faire notre postproduction en région n’encouragerait pas l’industrie locale et nous obligerait à payer des prix élevés de transport et de logement à Montréal pour terminer nos films », précise pour sa part Phil Comeau, réalisateur acadien de plus d’une centaine de films. « Les besoins des Premières Nations et des Inuits semblent être négligés. Cela ressemble aux politiques d’assimilation fédérales où nous nous trouvons (mal)informés une fois les projets décidés », s’alerte Carl Morasse. « Lorsqu’elle opère des changements, il est de la responsabilité de la haute direction de l’ONF de tenir compte de l’histoire d’une institution unique dont la mission a fait ses preuves. Les précieux services offerts aux cinéastes indépendants depuis 51 ans sont essentiels à la santé d’une création émergente, innovatrice et diversifiée », rappelle Philippe Baylaucq, cinéaste et co-porte-parole de F pour Film.

Parmi les nombreux films soutenus par l’ACIC s’étant démarqués, citons Mynarski chute mortelle de Matthew Rankin, sélectionné dans une quarantaine de festival et gagnant du prix Off-limits au prestigieux festival d’animation d’Annecy, Les négatifs de McLaren de Marie-Josée Saint-Pierre, sélectionné dans plus de 150 festivals à travers le monde, Soleils noirs de Julien Elie, présenté dans une vingtaine de pays et récipiendaire d’une dizaine de prix, Marguerite de Marianne Farley, en nomination aux Oscars en 2019, Invincible de Vincent René-Lortie, un des cinq courts métrages finalistes aux Oscars 2024. 

Pour toutes ces raisons, nous exigeons que soit préservée une ACIC indépendante pour des cinéastes indépendant•e

Lien vers la lettre : https://bit.ly/4ceeiWa

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Réaction de l’Office national du film du Canada 

Concernant le programme ACIC, à ce stade-ci, nous ne faisons pas d’entrevue car rien n’a été décidé à ce jour et il est encore trop tôt pour donner des détails.

Nous confirmons que sommes en train d’examiner le programme ACIC et d’envisager des moyens pour l’améliorer, car ce programme destiné à soutenir les créateurs francophones indépendants de partout au pays et du Québec restera un élément important de notre mandat.

L’un des objectifs est de rendre ce programme encore plus accessible et de corriger une iniquité envers les communautés de cinéastes francophones sous-représentés. Présentement moins de 15 % des cinéastes francophones issus de la diversité ou des communautés autochtones bénéficient de ce programme.

Nous poursuivons donc la réflexion.

Lily Robert

Directrice, Communications et Affaires publiques

Office national du film du Canada

 

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