Lettre de SOPHIE PRÉGENT, présidente de l’UDA
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Catégorie(s) : Actualités — Télévision
Comités de relance des secteurs de l’audiovisuel, des arts de la scène et de la diffusion du ministère de la Culture et des Communications
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Contexte actuel
Le milieu de la culture connaît actuellement une reprise progressive des activités dans certains secteurs sous la juridiction (compétence) de l’Union des artistes (UDA), notamment le secteur du doublage et celui des annonces publicitaires.
Certaines émissions de variétés, qui entrent dans le créneau des services considérés prioritaires, ont pu reprendre leurs activités en adaptant leur concept et leur contenu au contexte de pandémie de la COVID-19. En effet, les équipes de création et de production de ces émissions ont fait un énorme travail d’adaptation, tout en assurant la santé et la sécurité des artistes et artisans dans les espaces de travail selon les recommandations émises par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et par la Direction nationale de la santé publique. Concernant les réelles émissions de variétés, nous vous invitons à lire la page 7 du document ci-joint (tableau).
En ce qui a trait à la relance du secteur de l’audiovisuel, plus spécifiquement les dramatiques et celui des arts de la scène, la situation est infiniment plus complexe. En effet, comment protéger les artistes interprètes s’il est impossible de le faire sur les lieux de tournage? Qu’adviendra-t-il des distributions de téléséries où des dizaines de personnages ont plus de 60 ans, et même plus de 70 ans? Comment nos danseurs peuvent-ils exécuter une chorégraphie ou un pas de deux dans une relation de confiance complète avec l’autre en toute liberté? Combien de théâtres, de salles de cinéma ou de salles de concert pourront se passer de plus des deux tiers de leur public dans le but de respecter la distanciation sociale? Et ultimement, qu’adviendra-t-il le jour où un acteur dans une série, une quotidienne ou sur une scène sera atteint de la COVID-19? On arrête tout? Pour combien de temps? Et que fait-on du reste des tournages ou du reste des représentations? En l’absence de protection face à la COVID-19, il est difficile de concevoir pouvoir jouer librement avec d’autres artistes, jeunes ou vieux, en sachant que nous devenons tous une menace pour la vie de l’autre. Nous y reviendrons.
Notre document traite des enjeux et des contraintes liés aux activités professionnelles dans ces deux secteurs. Tantôt nous sommes en mesure d’apporter des pistes de solution, tantôt nous faisons face à des enjeux économiques, sanitaires et sociaux si grands qu’il nous semble encore aujourd’hui impossible d’envisager d’autres solutions que celles qu’apportera le temps ou la science si l’on veut permettre une reprise des activités tout en assurant aux artistes un environnement de travail sain et sécuritaire.
Nous mettrons prioritairement la lumière sur toutes ces situations où les recommandations de l’Institut national de santé publique (INSPQ) ne peuvent être respectées et où le guide des normes sanitaires en milieu de travail de la CNESST ne peut être appliqué de par la nature même du travail des artistes interprètes. Page 2 sur 3
Le ministère de la Culture et des Communications (MCCQ), la Direction de la santé publique et le ministère des Finances auront avec nous un important rôle à jouer concernant notre avenir culturel. Nous devrons tous ensemble apprendre à faire les choses autrement. L’art et la culture devront survivre, et pour survivre, ils auront besoin des artistes. Écoutons-les. Protégeons-les. Notre société s’en sortira grandie, plus solidaire et plus humaine.
« La culture, c’est l’âme d’un peuple, on va être là pour la soutenir », a écrit le premier ministre François Legault dans un « Tweet » qu’a repris la ministre de la Culture et des Communications, Mme Nathalie Roy, lors d’une rencontre téléphonique avec des représentants du milieu de la culture. À cette citation, j’ajouterais, à titre de présidente de l’Union des artistes, que « l’art et la culture n’existent pas sans les artistes ».
C’est dans cette foulée que nous avons participé à la consultation qu’a entreprise le MCCQ auprès des intervenants du secteur culturel, notamment aux rencontres téléphoniques tenues les 27 et 30 avril derniers. Nous nous sommes empressés de répondre à l’invitation du MCCQ d’évaluer et de décrire les enjeux et les contraintes auxquels font face les artistes dans l’exercice de leur métier en prévision de la reprise des activités dans les secteurs de l’audiovisuel et des arts de la scène dans un contexte de pandémie.
Le comité de direction et le conseil d’administration de l’UDA se sont prêtés avec rigueur à cet exercice. Nous vous rappelons que les membres du CA représentent, au prorata, les quelque 13 000 membres de l’UDA inscrits dans chacun des 4 champs de pratique artistique (Acteurs, Chanteurs, Animateurs et Danseurs) et de chacune des sections régionales de Québec et de Toronto.
Ils sont donc en mesure de proposer, quand c’est possible évidemment, des solutions en vue de garantir la santé, la sécurité et l’intégrité physique des membres de l’Union ainsi que des artisans qu’ils côtoient dans le cadre d’une reprise éventuelle des activités professionnelles des différentes disciplines.
Dans ces deux secteurs que sont les arts de la scène et l’audiovisuel, plus spécifiquement les dramatiques, travaillent des artistes de plusieurs disciplines qui, dans certains cas, partagent certains enjeux de santé et sécurité du travail, et dans d’autres cas, font face à des facteurs de risque particuliers à l’exercice de leur métier respectif.
Arts de la scène
Les arts de la scène comprennent le théâtre, le chant lyrique, la chanson populaire, la danse et les spectacles de variétés, notamment les spectacles d’humour pour ne nommer que ceux-là.
Audiovisuel
Le secteur de l’audiovisuel comprend les émissions de variétés, mais aussi les dramatiques (fiction), dont les téléromans qui comportent une vingtaine d’épisodes par saison comme L’Échappée, les séries qui comptent une dizaine d’épisodes d’une heure comme La faille, ou les quotidiennes comme District 31, et, enfin, le cinéma. Page 3 sur 3
Enjeu majeur du secteur audiovisuel
Un des enjeux majeurs auquel fait face le secteur de l’audiovisuel, c’est bien évidemment le rythme effréné du travail. Cette notion se conjugue très mal avec la nouvelle réalité de la pandémie, et cette dichotomie justifie, selon nous, un financement supplémentaire, car il sera périlleux de penser à continuer de travailler à la même vitesse si nous voulons le faire de façon saine et sécuritaire et selon les normes établies par la Direction de la santé publique et la CNESST.
Enjeu commun
Considérant que la nature même du travail de l’artiste le place dans une situation de vulnérabilité extrême, il faudra imaginer de nouvelles mesures sanitaires pour pallier celles en vigueur qu’on ne peut respecter sur les différents lieux de travail (distanciation physique, désinfection, etc.). En effet, peut-on imaginer un chanteur d’opéra, un danseur ou un de nos personnages préférés de téléroman porter la visière et les gants?
Ces nouvelles mesures pourront, autant que faire se peut, nous l’espérons, assurer aux artistes des espaces de création sains et sécuritaires. Par contre, nous sommes persuadés que celles-ci vont inévitablement engendrer du temps et des coûts supplémentaires.
Enfin, nous tenons à porter à votre attention qu’il existe un nombre incalculable de productions effectuées hors de notre juridiction et pour lesquelles il nous est impossible de savoir si des mesures sanitaires sont prises ou non. Les artistes y sont laissés à eux-mêmes, sans protection syndicale, une situation préoccupante qui pourrait devenir dramatique s’il y a négligence.
Pour terminer, nous soulignons que, dans le document que vous trouverez ci-joint, nous nous sommes concentrés sur le secteur de l’audiovisuel. Nous vous ferons parvenir la semaine prochaine un second document qui traitera du secteur des arts de la scène et de la diffusion qui regroupe plusieurs disciplines et qui mérite toute notre attention.
La présidente de l’Union des artistes,
Sophie Prégent
8 mai 2020
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