Lettre du RPICQ au Premier Ministre Justin Trudeau et à la Ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge

Le Regroupement des producteurs indépendants de cinéma du Québec (RPICQ) ainsi que de nombreux signataires, acteurs majeurs du secteur, ont adressé au Premier Ministre Justin Trudeau et à la Ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge une lettre le 1er novembre dernier.

Dans cette lettre, disponible en pièce jointe, les signataires décrivent les conséquences désastreuses qu’aurait le report de la pérennisation du budget de Téléfilm Canada, telle que promise par le Parti Libéral du Canada lors de la campagne électorale de 2019.

Devant la réaction décevante du gouvernement face à ce cri du cœur, le RPICQ et tous les signataires réitèrent leur demande à ce que cette pérennisation soit confirmée au plus tard d’ici la fin de l’année 2023, de façon à ne pas sérieusement compromettre la production de l’année 2024. Il est encore temps pour le gouvernement de corriger la situation et de confirmer les sommes déjà promises, qui devraient avoir été réservées pour Téléfilm Canada et la production de longs métrages.

[ Par courriel – copie de la lettre du 1er novembre 2023]

 

Monsieur Le Très Honorable Justin Trudeau, Premier ministre du Canada 

Madame L’honorable Pascale St-Onge, Ministre du Patrimoine canadien 

 

OBJET : Énoncé économique de l’automne 2023 ; financement urgent de Téléfilm Canada et du Bureau de l’écran autochtone 

Monsieur le premier ministre, Madame la ministre, 

C’est dans l’urgence et l’inquiétude que nous vous écrivons aujourd’hui. À l’aube de la  présentation de l’énoncé économique de l’automne 2023, tous les signataires de cette lettre  tiennent à vous faire part des impacts catastrophiques qu’aurait le report de la pérennisation  du budget de Téléfilm Canada, telle que promise par le Parti Libéral du Canada lors de la  campagne électorale de 2019. 

Les mesures promises visaient entre autres à bonifier de façon pérenne le budget de  Téléfilm Canada de 50 millions de dollars annuellement et à faire en sorte que  l’organisme porte la proportion de son financement consacré à la production de langue française à 40% de son enveloppe plutôt qu’à 33%. À la suite de l’élection, le gouvernement a augmenté sa contribution à Téléfilm sur trois ans passant de 20 millions, à 35 millions et à 50 millions en 2023-2024. 

Cette somme de 50 millions de dollars aurait dû être confirmée et pérennisée dans  le budget fédéral du mois de mars dernier. Si elle ne l’est pas dans l’énoncé  économique de l’automne, cela aura des effets négatifs majeurs sur l’industrie  cinématographique en privant Téléfilm Canada des sommes nécessaires  immédiatement pour assurer le volume de productions prévu l’an prochain. 

En clair, Téléfilm Canada se verra amputer de 40% de son budget prévisionnel  alloué à la production et des dizaines de projets en attente de financement se  verront annulés. Cela mettra en péril l’emploi de milliers d’acteurs.trices, de réalisateurs.trices, d’artisans, de professionnels, de distributeurs et de producteurs qui en dépendent. Cela se traduira aussi par une baisse du nombre de longs métrages qui verront le jour de même que par un sous-financement de ceux qui seront produits. 

L’industrie de la production audiovisuelle est un moteur économique important pour le  Québec. En 2021-2022, la production indépendante québécoise représentait environ 37%  de la valeur totale du volume de production, soit un peu plus d’un milliard de dollars, fournissant l’équivalent de près de 23 000 emplois temps plein directs et dérivés. 

La mise à jour du budget de Téléfilm Canada par l’ajout de 50 millions de dollars a  permis à une industrie déjà très affectée par la crise de la Covid de reprendre un  volume d’activités plus normales avec comme résultat les succès répétés dans les  salles québécoises. À titre d’exemples, depuis le début de l’année 2023, trois longs  métrages québécois ont franchi la barre du million et demi de dollars en recettes guichet,  soit Le temps d’un été (Attraction, distribué par Immina Films), de même que Katak le brave  béluga (10e Ave Productions, distribué par Maison 4:3) et Les hommes de ma mère (Jessie  Films, distribué par Immina Films). Les films Simple comme Sylvain (Métafilms, distribué par  Immina Films) et Testament (Cinémaginaire, distribué par TVA Films), dernier opus de  Denys Arcand, sont eux aussi voués à atteindre des sommets exceptionnels à l’issue de leur carrière en salle. 

Nous tenons à souligner qu’en plus de Téléfilm Canada, le Bureau de l’écran autochtone (BEA) travaille sans relâche pour accompagner les créateurs et les  producteurs autochtones du Canada en opérant des programmes de financement et de formation adaptés aux communautés qu’il représente. Malheureusement, le  gouvernement a failli à annoncer la pérennisation de sa contribution financière annuelle de 13 millions de dollars lors du dernier budget. La précarité dans laquelle sera  plongé le BEA au-delà du 31 mars 2024 compromettra sa capacité à poursuivre sa mission  et menacera son existence. 

Les auditoires québécois sont passionnés par leur cinéma. Au sortir de la Covid, ils ont répondu  en grand nombre pour supporter leur cinéma. Nous souhaitons continuer à leur offrir des œuvres fortes  et porteuses, soutenues par un gouvernement qui croit à sa culture. 

C’est pourquoi nous, signataires membres actifs de cette industrie, acteurs.trices, distributeurs, scénaristes, réalisateurs.trices, producteurs.trices,  demandons d’une même voix que le gouvernement du Canada confirme, dès la mise  à jour économique de l’automne, l’augmentation pérenne du budget de Téléfilm Canada  de 50 millions de dollars par année, assortie de l’obligation de consacrer 40% de son  budget total à la production francophone et confirme sa contribution annuelle de 13  millions de dollars au Bureau de l’écran autochtone.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le premier ministre, Madame la ministre, nos  sincères salutations. 

 

SIGNATAIRES

Pierre Even
Roger Frappier
Nicole Robert
Christian Larouche
Denys Arcand
Patrick Huard
Richard Goudreau
Léa Clermont-Dion
Chloé Robichaud
Lyne Charlebois
François Delisle
Félize Frappier
Philippe Falardeau

Jean-Philippe Duval
Annie Saint-Pierre

Catherine Therrien
Léa Pool
Michel-Marc Bouchard

Steve Galluccio
Anaïs Barbeau-Lavalette

Simon Lavoie
Marie-Julie Dallaire

Jean-Pierre Gariépy
Anne Émond
Jean-Luc Della Montagna

Guillaume Vigneault
René Richard Cyr

Geneviève Schmidt

Charles Binamé
Tristan Dubois
Sophie Deraspe
Stéphane Lafleur
Éric Tessier
Anne Dorval
Marc Messier
Myriam Verreault
Fany Drew
Isabelle Lavigne
Gabrielle Tougas-Fréchette

Sarah Mannering

Guillaume de Fontenay

Patrick Senécal

Denise Robert

Claude Veillet

Luc Déry
Denis Villeneuve

Patrick Roy

Kim McCraw
Kim Nguyen
Émile Gaudreault

Marc-Antoine Rioux

Chantale Pagé

Annie Blais

Camille Trudel
François Girard
Stéphane Lapointe
Louise Archambault

Sébastien Rose
Emanuel Hoss-Desmarais

Sandrine Brodeur-Desrosiers

Charles Tremblay

Tim Ringuette
Maryse Latendresse
Michel Langlois
Catherine Léger
Sylvain Corbeil
Sébastien Pilote
Nadine Bismuth
Alain DesRochers
Josée Deschênes
Geneviève Albert
Rémy Girard
Éric K. Boulianne

Yves-Christian Fournier
Yan England
Anne-Marie Cadieux
François Arnaud
Hany Ouichou
Yan Giroux
Jean-François Pouliot

Guillaume Vasseur
Yan Lanouette-Turgeon
Valérie Beaugrand-Champagne

Cc

L’Honorable Chrystia Freeland, vice-première ministre et ministre des Finances du  Canada 

L’honorable Anita Anand, présidente du Conseil du trésor 

L’honorable Pablo Rodriguez, ministre des Transports et lieutenant du Québec

 

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