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L’Office national du film du Canada rend hommage au cinéaste d’animation Jacques Drouin

Publié le 30 août, 2021
Publié le 30 août, 2021

L’Office national du film du Canada rend hommage au cinéaste d’animation Jacques Drouin et crée une chaîne qui présente ses oeuvres

 

Le 30 août 2021 – Montréal – Office national du film du Canada (ONF)

 

L’Office national du film du Canada a appris avec tristesse le décès de Jacques Drouin, cinéaste d’animation exceptionnel et monteur de talent. En plus de 30 ans à l’ONF, il a réalisé six films uniques et poétiques, dont le désormais classique Le paysagiste (1976). L’œuvre de Jacques Drouin est indissociable de l’écran d’épingles d’Alexeïeff-Parker, cet appareil mythique dans l’histoire du cinéma d’animation.

 

Citations

 

« Jacques Drouin est l’une des grandes figures de l’ONF, au parcours rare : pendant trois décennies, il a été le seul cinéaste au monde à travailler avec l’écran d’épingles. D’une culture cinématographique d’exception, il était aussi d’une générosité sans faille, n’hésitant jamais à partager son savoir-faire avec la relève et ses collègues. Il a ainsi non seulement réalisé des œuvres inoubliables, mais a permis la continuité de la création sur l’écran d’épingles, un autre de ses legs majeurs », a affirmé Claude Joli-Coeur, commissaire du gouvernement à la cinématographie et président de l’ONF.

 

« La communauté mondiale du cinéma d’animation a perdu une de ses figures marquantes. Avec engagement et passion, Jacques Drouin s’est consacré à sa création en valorisant de manière indéfectible cette technique rare de l’écran d’épingles. Tout au long de sa carrière, il a porté l’héritage de cet imposant instrument patrimonial. Il s’est également distingué par son implication exemplaire dans la vie active de l’ONF ainsi qu’auprès de la grande famille de l’animation sur la scène internationale. Jacques Drouin était un cinéaste talentueux et humble, un cinéphile érudit, un pédagogue patient et attentionné, un collègue chaleureux et bienveillant. Mais Jacques était avant tout d’une humanité exceptionnelle », a déclaré Julie Roy, directrice générale de la division Création et innovation de l’ONF.

 

L’écran d’épingles

 

C’est sur le NEC (nouvel écran d’épingles) constitué de 240 000 épingles insérées dans autant de gaines de vinyle et tenues ensemble dans un cadre rigide que Jacques Drouin a réalisé ses films, de Trois exercices sur l’écran d’épingles d’Alexeïeff (1974) à Empreintes (2004). Cet appareil, acquis par l’ONF en 1972, a été pendant des décennies le seul à être en fonction dans le monde. Initiée à la technique par Jacques Drouin, la cinéaste Michèle Lemieux a créé sur cet écran Le grand ailleurs et le petit ici (2012) et travaille actuellement à la réalisation du film Le tableau. Une salle du siège social de l’ONF à l’Îlot Balmoral, à Montréal, porte le nom du film Le paysagiste.

La carrière de Jacques Drouin

 

  • Jacques Drouin est né à Mont-Joli en 1943. Après des études à l’École des beaux-arts de Montréal, puis à UCLA, il commence à travailler comme monteur pour la télévision en 1971. Deux ans plus tard, au cours d’un stage à l’ONF, il entreprend la réalisation de son premier film professionnel, Trois exercices sur l’écran d’épingles d’Alexeïeff (1974).

 

  • Son court métrage suivant, Le paysagiste (1976), confirme l’envergure de Drouin. Lauréat de 17 prix, le film reçoit des éloges de Norman McLaren et d’Alexandre Alexeïeff lui-même.

 

  • Au cours des années qui suivent, Drouin se consacre principalement au montage, collaborant notamment à des films majeurs comme Le château de sable (Co Hoedeman, 1977, Oscar du meilleur court métrage d’animation) et Premiers jours (film posthume de Clorinda Warny, 1981, Prix spécial du jury à Annecy).

 

  • L’heure des anges (1986), film ambitieux mêlant l’écran d’épingles et l’animation de marionnettes, qu’il coréalise avec l’animateur tchèque Bretislav Pojar, lui fournit l’occasion d’utiliser la couleur à l’aide d’un procédé simple consistant à employer des sources lumineuses colorées. Le film remporte neuf distinctions, dont le Grand Prix à Odense, au Danemark.

 

  • Drouin réalise ensuite quelques courts films de commande et des séquences d’animation pour des documentaires produits à l’ONF, en plus de continuer à faire du montage. Il revient à la réalisation en 1994 avec Ex-enfant, réalisé pour la série Droits au cœur, sur les droits des enfants, qui remporte six prix.

 

  • Il réalise en 2001 Une leçon de chasse, adaptation d’un bref roman de Jacques Godbout. Drouin y fait l’expérience d’une trame narrative complexe, ce qui l’oblige à trouver quantité de solutions originales. Le film reçoit le Prix spécial du jury à Houston, ainsi que trois autres récompenses.

 

  • Ayant eu l’idée de modifier la distance séparant la caméra de l’écran et d’introduire des rotations de celui-ci, Jacques Drouin applique ses nouvelles trouvailles à la réalisation d’Empreintes (2004), œuvre expérimentale par laquelle il renouvelle complètement l’imagerie obtenue avec l’écran d’épingles.

 

  • Après ce film, Jacques Drouin quitte l’ONF et poursuit sa recherche et sa création de manière indépendante.

 

  • En 2007, il restaure les trois principaux écrans d’Alexeïeff-Parker pour le compte des Archives françaises du film, assumant ainsi son rôle de passeur, puisqu’il en favorise la pérennité. Le Centre national du cinéma et de l’image animée acquiert, en 2012, le seul autre écran d’épingles pouvant encore servir à l’animation, afin de permettre aux artistes européens de créer à l’aide de cet outil exceptionnel. Nommé l’Épinette, cet appareil a été restauré successivement par Jacques Drouin et Michèle Lemieux et constitue un legs à la communauté mondiale de l’animation.

 

  • L’ONF produit en 2009 le coffret DVD Jacques Drouin – Œuvre complète sur écran d’épingles.

 

 

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