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L’ONF, gardien du patrimoine audiovisuel vivant et accessible des Canadiens et Canadiennes

Publié le 1 novembre, 2023
Publié le 1 novembre, 2023

Les salles de conservation de la collection de l’ONF

Depuis plus de huit décennies, l’ONF raconte les histoires des Canadiens et des Canadiennes à travers les perspectives de cinéastes et d’artistes provenant de toutes les régions du pays. Non seulement ces œuvres sont préservées, restaurées et numérisées, mais elles sont aussi rendues accessibles au public d’ici et d’ailleurs dans le monde. En effet, une grande partie de cette collection que l’on qualifie de « vivante » — car elle ne cesse de croître —, soit plus de 6000 œuvres, est en ligne sur onf.ca.

Les salles de conservation et de numérisation de la collection sont en quelque sorte un jardin qu’entretiennent quotidiennement près d’une quinzaine d’expertes et d’experts installés, depuis l’automne 2019, dans un nouvel édifice de l’arrondissement Saint-Laurent à Montréal, situé au 4725, rue Cousens. Le bâtiment, qui peut contenir plus de 2620 mètres cubes, abrite environ 190 000 éléments cinématographiques conservés, en plus de photos et d’objets de collection.

L’ONF : une référence mondiale en matière de préservation, de restauration et de numérisation

L’ONF est reconnu internationalement dans les domaines de la préservation, de la restauration et de la numérisation d’œuvres audiovisuelles. Il a numérisé au-delà de 75 % des plus de 14 000 titres produits, et ce travail colossal se poursuit avec la préservation des productions et coproductions actuelles et futures. Par une veille technologique constante, des investissements en recherche et développement et des collaborations avec de nombreuses entreprises nationales et internationales des secteurs public et privé, l’ONF s’assure de mettre en place les technologies permettant de garantir la pérennité de ses œuvres. Cette collection demeure ainsi vivante et accessible, en plus d’être en constante progression.

Une grande diversité d’éléments conservés

L’édifice compte plus de 190 000 éléments cinématographiques de toutes sortes répartis dans trois salles, dont des bobines 16 mm et 35 mm et différents types de cassettes, comme des cassettes vidéo, des Betacam numériques, etc.

Des dizaines de milliers de photos de tournage et d’autres photographies documentant l’histoire de l’ONF y sont également conservées.

En plus de ces éléments, des objets de collection de différentes catégories sont conservés dans une autre salle :

  • matériel technique : caméras, projecteurs, moviolas, Sprocketape (appareil compact d’enregistrement de son inventé à l’ONF par Chester Beachell dans les années 1950, antérieur aux magnétophones portatifs) ;
  • œuvres : présentoirs vitrés de films d’animation, marionnettes, dessins (comme ceux du film Le chapeau de Michèle Cournoyer), éléments de décors ;
  • prix : Gémeaux, prix Écrans canadiens, Boomerang, Numix, Palmes d’or.

Des copies en double soigneusement préservées

L’ONF a adopté de très hauts standards de préservation et de protection. En effet, sa collection, véritable patrimoine audiovisuel et cinématographique canadien, est unique. Tout a donc été mis en place pour la protéger afin qu’elle perdure et soit accessible aux générations futures. Ainsi, conformément aux règles de préservation de l’ONF, un double de la collection a été produit pour être ensuite acheminé dans un autre lieu de préservation et de conservation. Situé dans une mine souterraine à plusieurs kilomètres de Montréal, cet autre emplacement, qui constitue le miroir de l’édifice de la rue Cousens, offre des conditions maximales et respecte tous les standards établis. L’ONF y conserve également des productions IMAX®, qui ne se trouvent pas dans les salles de conservation habituelles.

D’autres éléments se trouvent à Bibliothèque et Archives Canada (BAC), notamment des copies 35 mm datant d’avant la centralisation des salles de conservation au milieu des années 1990.

De plus, grâce à la technologie de stockage et à un lien haute vitesse, le siège social de l’ONF à l’Îlot Balmoral fait aussi office de deuxième lieu de conservation pour les productions entièrement numériques.

La numérisation et la restauration à l’ONF : une clé pour plus d’accessibilité

Dans les dernières années, l’ONF a suivi ces quatre règles d’or d’archivage à long terme.

  1. Un processus pour assurer la vérification continue de l’intégrité des données stockées a été établi.
  2. Des formats de fichiers numériques ouverts ont été choisis afin d’éviter le recodage fréquent des données.
  3. L’équipe de spécialistes de l’ONF a prévu de façon proactive l’obsolescence du matériel de stockage.
  4. L’ONF conserve deux exemplaires de chaque élément d’actif médiatique en faisant appel à deux technologies très différentes et dans deux emplacements entièrement distincts.

La numérisation est un processus qui demande des équipements spécialisés et une expertise dans la manipulation de pellicules, de plus en plus rare à trouver. Cela demande également du temps. Par exemple, pour un long métrage documentaire en 35 mm d’une durée de 2 h 30, le temps de numérisation équivaut à trois fois la durée du film, soit 7 h 30.

Le processus de restauration nécessite aussi une connaissance approfondie de l’époque à laquelle le film a été tourné, afin d’améliorer l’état de l’œuvre sans la dénaturer. Par exemple, pour le documentaire La forteresse de Churchill (1941, 21 min), la restauration a demandé une recherche poussée sur ce titre, qui a remporté le premier Oscar® de l’ONF. Une soixantaine d’heures ont été nécessaires pour corriger détails et imperfections.

Fort de son expertise, l’ONF s’appuie aussi sur des collaborations avec plusieurs partenaires canadiens et étrangers pour continuer de préserver et de mettre en valeur sa riche collection patrimoniale, toujours en évolution. Voici quelques exemples.

  • Avec ARRI (Allemagne): en 2013, cette collaboration a permis le perfectionnement du numériseur ARRISCAN avec le module Gate Archive pour la pellicule 16 mm, incluant le logiciel de stabilisation intégré qui optimise le processus de numérisation.
  • Avec Atempo (France): après un premier partenariat en 2010 pour préserver, au format numérique, tout le contenu audiovisuel grâce à Atempo Digital Archive (ou ADA), cette collaboration a été renouvelée en 2019 pour les 10 prochaines années afin d’intégrer les avancées technologiques d’Atempo dans les domaines de la production audiovisuelle de l’ONF et de la distribution.
  • Avec Rhizome (États-Unis): cette collaboration technique, amorcée en 2018, vise à donner un accès durable à la centaine de productions interactives et d’œuvres d’art numériques de la collection de l’ONF grâce à la plateforme web en source libre Webrecorder, un projet amorcé par Rhizome et que l’ONF contribue à développer en logiciel libre. Ce partenariat tend à une amélioration significative de Webrecorder pour les besoins de l’ONF et de l’industrie.
  • Avec Sony (Japon): cette collaboration technique permet d’intégrer la technologie d’archivage sur support optique à la solution Atempo Digital Archive.

  • Superficie :
    Pour l’édifice complet : 29,81 mètres de façade et 59,8 mètres de profondeur avec un plafond à 7,3 mètres.
    Pour les salles de conservation : plafond à 6,7 mètres, avec des étagères jusqu’à 4,3 mètres de hauteur, pour une capacité de plus de 2620 mètres cubes.À titre de comparaison, la capacité des anciennes salles de conservation au 3155, chemin de la Côte-de-Liesse était d’un peu plus de 4000 mètres cubes.
  • Nombre d’éléments conservés :
    Plus de 190 000 éléments cinématographiques (bobines, cassettes, etc.), des dizaines de milliers de photos ainsi que plusieurs objets de collection (matériel technique, dessins et décors, trophées, etc.).
  • Nombre de personnes qui travaillent dans le bâtiment :
    Une quinzaine.
  • Équipement de numérisation :
    Deux numériseurs de films, un numériseur de son, une robotique d’archivage ainsi que tous les équipements du laboratoire.

Quelques éléments historiques

  • L’ONF conserve également des films datant d’avant sa fondation en 1939, produits par le Canadian Government Motion Picture Bureau (dissous en 1941), par exemple :
  • Saint-Laurent a été choisi pour accueillir le siège social de l’ONF inauguré en 1956 au 3155, chemin de la Côte-de-Liesse, afin de tout rassembler sous le même toit, dont les salles de conservation, un plateau de tournage et des laboratoires.
  • L’ONF a utilisé par le passé un entrepôt à Kirkland pour éloigner les pellicules de nitrate, très inflammables, du reste des activités de l’organisation. Lors de son incendie en 1967, plus de 60 000 boîtes de films de l’ONF ont été perdues, soit 13 millions de mètres de films tournés entre 1940 et 1952. Cela représente, pour les 2150 œuvres touchées, la perte de copies 35 mm en bon état. Pour plusieurs de ces films datant de la Deuxième Guerre mondiale, il ne reste plus que des copies souvent usées.
  • Afin de minimiser le risque de pertes et d’appliquer les meilleures normes de l’industrie, la centralisation des salles de conservation s’est faite au milieu des années 1990, pour que la collection soit bien répertoriée et dans de bonnes conditions, notamment en ajoutant des salles réfrigérées et à l’humidité contrôlée.
  • Des boîtes de films ont été spécialement conçues pour la conservation de la collection de l’ONF : il en existe de différentes couleurs et on les reconnaît grâce à leur forme moulée, qui permet à l’air de circuler. Pour remplacer les boîtes de carton et de métal, elles ont été développées à l’ONF à la fin des années 1990 grâce à la contribution initiale d’Ed Zwaneveld, chef de la recherche et développement, avec l’aide d’une compagnie de Québec, STIL. Maintenant vendues partout dans le monde, elles sont faites de polypropylène pour bien protéger les films de la dégradation et de la poussière, de la saleté et des corps étrangers, respectant les plus hauts critères de préservation.

  • Seule trame sonore de film signée John Coltrane qui soit connue à ce jour, l’album Blue World comporte huit versions de compositions classiques spécialement créées pour le long métrage emblématique de Gilles Groulx Le chat dans le sac, en 1964. Soigneusement conservée par les spécialistes de l’ONF à Montréal, cette trame a paru sous l’étiquette de disques Impulse! en septembre 2019, après avoir été remarquée au moment où le film a été proposé en ligne sur onf.ca.
  • La collection de l’ONF continue d’inspirer les cinéastes d’aujourd’hui. Pensons à Luc Bourdon et à ses longs métrages La mémoire des anges (2008) — créé à partir de films de l’ONF des années 1950 et 1960 — et La part du diable (2017) — qui propose un regard singulier et nouveau sur la Révolution tranquille durant les années 1970 à grand renfort d’extraits de près de 200 films de la collection.

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