NOUS SORTIRONS DE NOS CUISINES, un documentaire sonore de Jenny Cartwright à découvrir dès le 16 mars 2024

NOUS SORTIRONS DE NOS CUISINES de Jenny Cartwright, un documentaire sonore en quatre actes qui souligne les 50 ans de la première troupe de théâtre féministe québécoise, lancement officiel le 16 mars 2024

La réalisatrice Jenny Cartwright présente Nous sortirons de nos cuisines, un nouveau documentaire sonore qui fait revivre le parcours de la première troupe de théâtre féministe québécoise. Construite à partir des récits de quatre membres de la troupe, Solange Collin, Carole Fréchette, Johanne Doré et Véronique O’Leary, d’archives radiophoniques et de chansons de l’époque, la série en quatre actes relate l’histoire du Théâtre des cuisines et trace en filigrane celle du militantisme auquel il est associé, tout en témoignant d’enjeux qui résonnent encore fortement aujourd’hui.

Narré par Elkahna Talbi, le documentaire Nous sortirons de nos cuisines est également ponctué d’extraits des trois pièces emblématiques de la troupe, interprétés par Marjolaine Beauchamp, Louise Bombardier, Jelena Djukic, Vanessa Landry, Naïla Louidort, Mireille Métellus, Magali Saint-Vincent et Lesly Vélasquez.

Les quatre épisodes seront disponibles dès le 16 mars prochain sur Soundcloud et Apple Podcast. Afin de souligner le lancement officiel, des séances d’écoute publique en présence de la réalisatrice se tiendront du 16 au 19 mars au Cinéma Public à Montréal et le 27 mars au Cinéma Beaumont à Québec.

 

 

NOUS SORTIRONS DE NOS CUISINES de Jenny Cartwright

Documentaire sonore. 4 épisodes x 60 minutes. 2024. Version originale française.

La première troupe de théâtre féministe québécoise, le Théâtre des Cuisines, voit le jour en 1973. Elle naît de ce désir de nommer que la vie privée est politique, et que la transformation du monde ne saurait se faire sans la parole, le regard et les actions des femmes. Leur première pièce, Nous aurons les enfants que nous voulons, est jouée le 8 mars 1974 devant 3000 personnes à Montréal. Jamais une pièce de théâtre n’a été consacrée à l’avortement au Québec, un crime alors punissable d’une peine de prison.

ÉPISODE 1 – Nous aurons les enfants que nous voulons (1968-1974)

Montréal, 1973. La loi canadienne autorise désormais l’avortement. Mais les critères sont très restrictifs et les femmes dépendent du bon – ou plus souvent, du mauvais – vouloir des hommes siégeant sur les comités qui les permettent ou les refusent. Le Québec est la province où il est le plus difficile d’interrompre une grossesse non désirée, et les avortements clandestins sont fréquents : ils sont la principale cause d’hospitalisation des femmes. Mais la société québécoise est en pleine ébullition, et la lutte pour l’avortement libre et gratuit est en marche tandis qu’une génération entière s’affranchit de l’emprise de l’Église catholique. C’est dans ce tumulte et cette fougue que la première troupe de théâtre féministe québécoise, le Théâtre des Cuisines, voit le jour. Leur première pièce le clame haut et fort : désormais, Nous aurons les enfants que nous voulons.

ÉPISODE 2 – Môman travaille pas, a trop d’ouvrage! (1974-1975)

L’ONU déclare 1975 l’Année internationale de la femme, ironiquement enfermée dans son singulier. C’est une époque charnière : de plus en plus de femmes divorcent ou font leur entrée sur le marché du travail. Or, une grossesse suffit pour justifier un congédiement, et les congés de maternité n’existeront pas avant 1979. Les membres du Théâtre des Cuisines remontent sur scène avec leur deuxième pièce, Môman travaille pas, a trop d’ouvrage!. Cette fois, les ménagères font la grève. Première publication des Éditions du remue-ménage en 1976, elle est rééditée en 2020 alors que les femmes portent sur leurs épaules le poids des confinements liés à la pandémie de COVID-19. 

ÉPISODE 3 – As-tu vu? Les maisons s’emportent! (1979-1981)

La première de As-tu vu? Les maisons s’emportent! a lieu 10 jours avant le premier référendum sur la souveraineté du Québec. Un vent de conservatisme souffle sur l’Occident : les politiques de privatisation profitent à ceux qui ont déjà tout, et on assiste au démantèlement progressif de l’État et du bien commun. Carole Fréchette propose « Et si on faisait un spectacle? Mais cette fois, on devrait faire un spectacle qui parle de nous, femmes de 30 ans, militantes, féministes, de notre réalité. Dans Môman travaille pas, on parlait des ménagères, mais c’était pas nous. » Dans la troupe comme dans la société, les femmes lesbiennes tentent de créer des espaces où elles seront enfin libres de nommer leurs réalités. La pièce aborde surtout la charge mentale, bien avant l’heure. Les comédiennes portent des sacs à dos qui ont la forme de leurs maisons : « Nous sommes sorties de nos maisons. Mais les maisons ne sont jamais sorties de nous. Alors maintenant, les maisons s’emportent! »

ÉPISODE 4 – Épilogue : On a réussi, mais on n’a pas fini (1982-2024)

Au sein de la troupe, la vague de départs amorcée du temps de As-tu vu ? Les maisons s’emportent se poursuit, et les routes se séparent. Militer est un travail qui ne finit jamais : parfois, ça épuise. En 2006, 30 ans après le discours du 8 mars 1976 qui clôt le premier épisode de Nous sortirons de nos cuisines, les Québécoises gagnent leur bataille pour la gratuité de l’avortement : dorénavant, les interruptions volontaires de grossesse sont couvertes par l’assurance-maladie. Libre et gratuit, enfin. Mais pour chaque éclaircie où elles réussissent à prendre ou à reprendre leurs droits, les femmes doivent traverser le déferlement du backlash. Comme le dit Solange Collin, « on a réussi, mais on n’a pas fini ». 

À propos de la réalisatrice

Jenny Cartwright explore les thèmes de l’autodétermination et des inégalités à travers des sujets comme la gentrification, le militantisme, le travail et la pauvreté. C’est à travers ce parti pris pour les personnes mises à l’écart qu’elle tente d’allier poésie et manifestes. En 2019, elle réalise son premier documentaire sonore, Debouttes!, récompensé par le prix NUMIX du meilleur balado catégorie histoire. Avec ce projet, elle découvre un médium qui rappelle la littérature par son fort pouvoir évocateur : le coup de foudre est grand et la création sonore devient son médium de prédilection. En 2022, Quels morceaux de nous la tempête a-t-elle emportés avec elle? remporte le NUMIX international, catégorie expérience immersive sonore. Jenny est co-programmatrice de la plage ÉCOUTE de tënk.ca, et du volet consacré au documentaire sonore des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM). Nous sortirons de nos cuisines est sa neuvième création sonore.

Site web : jennycartwright.net

Facebook : facebook.com/noussortironsdenoscuisines

Instagram : instagram.com/jennybalados 

Soundcloud : soundcloud.com/jenny-cartwright-1  

Apple Podcast : podcasts.apple.com/us/podcast/jennybalado/id1504204194

NOUS SORTIRONS DE NOS CUISINES à été produit avec le soutien du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec, en collaboration avec PRIM et OBORO.

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