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Palmarès du Festival international Présence autochtone

Publié le 16 décembre, 2020
Publié le 16 décembre, 2020

Palmarès du Festival international Présence autochtone

Terres en vues a dévoilé lors d’un événement en ligne les récipiendaires des prix en cinéma du Festival international Présence autochtone. 

Prix Teueikan

Grand Prix attribué à Fukry de Blackhorse Lowe

Comme si un Dieu moqueur les avait jetés là au hasard, les personnages du film de Blackhorse Lowe se retrouvent, clochards célestes, dans l’étrangeté, belle et inquiétante, d’un Albuquerque dont le ciel impassible est parfois traversé de brèves et fugaces fulgurances. Bohème joyeuse et désemparée, ils s’entrechoquent dans les beuveries, les fêtes, les rencontres, la quête artistique, avec en arrière–plan l’inquiète espérance d’une illumination toujours différée. L’écriture du film, progressant par motifs entrecroisés, avec une mondrianesque habileté, tisse la toile de fond pour une métaphysique du temps présent.

2e Prix à Retablo d’Álvaro Delgado-Aparicio L.

Au plus près d’un art populaire qui est aussi un art sacré, Retablo amène avec une rare sensibilité le spectateur au cœur de la transmission des savoirs, du père au fils, dans une traditionnelle communauté quechua. Mais, si la culture indigène a intégré le christianisme, celui-ci l’a aussi transformée. Les touchantes images de la piété populaire peuvent masquer des secrets inavouables dans un univers désormais réglementé par une intransigeante morale héritée du catholicisme. Pour l’authenticité du jeu des acteurs quechuas qui rendent parfaitement à l’écran la vie dans un village andin, et pour le courage que son réalisateur a eu d’aborder le sujet tabou de l’homosexualité dans un pays au lourd héritage homophobe, le jury accorde à Retablo, le 2e Prix Teueikan.

Prix Rigoberta Menchú

Grand Prix attribué à Ophir, d’Alexandre Berman et Olivier Pollet

Au bout d’une longue période coloniale, avec le saccage et le pillage du territoire par une compagnie minière, après une décennie de guerre civile, le peuple de l’Île de Bougainville a pu enfin choisir l’indépendance par un référendum où le Oui l’a emporté à 98%. Un film donne voix et visages à l’héroïque résistance d’une nation autochtone du Pacifique Sud qui n’a jamais abdiqué ses droits.

2e Prix remis à Eating Up Easter de Sergio Mata’u Rapu

Dans une lettre cinématographique à sa jeune enfant, le réalisateur raconte le territoire des ancêtres et l’histoire ancienne et récente de l’île de Rapanui. Récemment livrée au tourisme de masse, l’île doit retrouver son identité première, en renforçant langue et culture et en retrouvant le chemin d’un développement qui demeure respectueux de l’environnement. Pour un message à la postérité qui se bâtit comme un appel lancé au monde actuel, pour cette vision holistique qui voit dans une île un microcosme de la planète en péril, le 2e Prix Rigoberta Menchú est remis à Eating Up Easter.

Mention honorable décernée à Sembradoras de vida d’ Alvaro et Diego Sarmiento

Pour un film qui nous plonge dans les travaux et les jours des agricultrices de la Bolivie, pleines d’énergie et fières de leurs traditions ancestrales, une mention honorable dans la catégorie Rigoberta Menchú, est décernée à Sembradoras de vida

Prix APTN attribué à nîpawistamâsowinWe Will Stand Up de Tasha Hubbard

L’histoire aurait pu s’arrêter avec l’acquittement de l’homme qui a abattu par balle Colten Boushie, un jeune Cri de Saskatchewan, et ce tragique événement s’effacer des mémoires. Est venu le film de Tasha Hubbard pour mémoire et pour dénoncer le racisme systémique qui perdure dans le système judiciaire canadien. 

Prix meilleur documentaire attribué à Cuando cierro los ojos de Michelle Ibaven et Sergio Blanco

Du fond de l’injustice, deux voix, l’une mazatèque, l’autre mixtèque, racontent. Dans leurs témoignages, se révèlent les errances d’un système judiciaire qui écrase et méprise les innocents qu’on lui offre en pâture. Pour ces récits de vies brisées dont la tranquille narration carcérale, bien plus qu’un simple compte-rendu d’injustices commises envers les populations autochtones du Mexique, se pose comme un acte de résistance à l’oppression coloniale, le jury de Présence autochtone accorde le prix Meilleur Documentaire à Cuando cierro los ojos.

Mention honorable dans la catégorie Meilleur documentaire décernée à Pet’ d’Olga Korotkaya pour avoir documenté le parcours de Choduraa Tumat qui enseigne, défiant la tradition, le khöömii, le chant diphonique de Touva, à des femmes.

Prix Radio-Canada Espaces autochtones remis à Now is the Time, de Christopher Auchter

La fabrication d’un mât totémique, à l’initiative d’un jeune Haïda, allait faire renaître un art que le colonialisme avait éradiqué du territoire et s’avérer le moment décisif dans la vie de Robert Davidson qui allait ensuite devenir le grand sculpteur aujourd’hui mondialement connu. Cet instant historique, loin d’être le retour nostalgique sur un passé révolu, comme on a pu erronément le considérer à l’époque, aura constitué un acte avant-gardiste posant le premier jalon vers le réveil culturel et social de la nation haïda. Pour avoir revisité les archives afin de restituer la réalité du vécu de d’un peuple qui se met en marche vers son affirmation souveraine et pour avoir ciselé avec une précision d’orfèvre un bijou cinématographique célébrant la culture autochtone renaissante, le jury de Présence autochtone accorde le prix du Meilleur Court canadien – Prix Radio-Canada Espaces autochtones à Now is the Time.

Prix international de la relève Main Film attribué à Christophe Auchter pour Now is the time

S’emparer du fil narratif qui sous-tend des archives filmiques de l’ONF datant des années soixante ; le réinsérer dans un récit contemporain qui rend compte de la renaissance de l’art haïda depuis la confection d’un totem historique; entrecroiser savamment les éléments hybrides, bouts d’animation, entrevues, séquences de reportages, chants et musiques; créer ainsi un film-mosaïque en hommage au rôle majeur des artistes autochtones dans l’actuel réveil des Premières Nations : avec un art consommé du montage, conjugué à l’envoûtante habilité d’un talentueux conteur, le cinéaste haïda Christophe Auchter a produit une œuvre remarquable et se mérite conséquemment le Prix international de la Relève autochtone Main Film.

Mention spéciale dans la section Prix de la Relève Main Film décernée à Tony Briggs pour Elders

L’athlète, dramaturge, scénariste et acteur Tony Briggs, pour ses débuts à la réalisation, a accompli un coup de maître avec Elders, récit de l’initiation d’un enfant qui est amené au cœur du territoire de ses ancêtres par les aînés de sa nation. 

Prix du meilleur court métrage international remis à El silencio del río de Francesca Canepa

Juan, enfant de la nation Kukuma, suit le fil de son rêve et va à la rencontre de son destin. La fonction révélatrice du rêve dans la tradition autochtone est ici au cœur d’un récit initiatique dans lequel l’art du réalisme magique, si typique de la littérature latino-américaine, amène le spectateur vers la découverte de vérités enfouies, en suivant les pas de Juan s’enfonçant au cœur de la forêt. 

Prix du meilleur film d’animation attribué à Kapaemahu, de Hinaleimoana Wong-Kalu

Un récit ancien expliquant la force spirituelle que recèlent les grands rochers de la plage de Waïkiki reprend vie dans un film envoûtant. L’animation est ici au service d’une tradition ancienne, presqu’oubliée, qui renaît dans un film superbement incantatoire. 

Prix de la meilleure direction de la photographie remis à Joshua Gil et Mateo Guzman pour Sanctorum 

Les tons apocalyptiques et les teintes de soir d’orage traduisent l’imminence de l’effondrement cosmique qui, selon le scénario, va bientôt frapper les habitants d’un village mixtèque; un diégétique traitement de l’image, contribuant fortement à la magie qui se dégage de l’œuvre.

Rappelons que le jury international 2020 se composait de huit personnes : 

  • Deborah Walker-Morrisson, Māorie de Aotearoa (Nouvelle Zélande); 
  • Amalia Cordova, spécialiste du cinéma autochtone des Amériques (USA); 
  • Maya Pérez Menchú de la Fondation Rigoberta-Menchu (Guatemala); 
  • Roxanne Whitebean, cinéaste mohawk (Kahnawake). 
  • Lesvia Vela, représentante de la Fondation Rigoberta-Menchu au Canada;  
  • Craig Commanda, artiste anicinape (Canada); 
  • Sophie-Claude Miller, communicatrice crie (Canada);  
  • Luc Chaput, éminent critique de cinéma (Canada).

Un programme de diffusions en ligne des films de la sélection 2020 sera disponible en 2021.

À propos de Terres en vues :

Terres en vues a pour mission d’arrimer la renaissance artistique et culturelle des premiers peuples au dynamisme culturel d’une grande métropole dans une perspective de développement durable basée sur l’amitié entre les peuples, la diversité des sources d’expressions comme richesse collective à partager et la reconnaissance de la spécificité des Premières Nations.

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