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Rémi Fréchette, directeur de la section Les Fantastiques Week-Ends du Cinéma Québécois, entrevue

Publié le 16 juillet, 2022
Publié le 16 juillet, 2022

Une entrevue de Rémi Fréchette, directeur de la section Les Fantastiques Week-Ends du Cinéma Québécois à FANTASIA, par Marc Lamothe

 

« Cette année, c’est presque un retour aux sources, alors que la programmation revient 100 % en présentiel, avec nos sept programmes de courts métrages québécois et plusieurs longs à faire découvrir au public. »

 

CTVM.info — Avant de sauter dans la programmation comme telle, parlez-nous un peu de vos objectifs cette année à titre de Directeur de la programmation québécoise ?

 

Rémi Fréchette — Cette année, c’est presque un retour aux sources, alors que la programmation revient 100 % en présentiel. Donc, nous sommes de retour avec nos sept programmes de courts métrages québécois au Cinéma du Musée, ainsi que plusieurs longs à faire découvrir au public. C’est bien sûr un peu plus de travail pour nous, mais la récompense, ce sont les réactions du public, et pour nous, c’est tellement plus gratifiant. C’est la raison d’être de Fantasia !

 

Pourriez-vous nous décrire votre processus de programmation ? Présentez-nous le comité de sélection de cette année ?

 

Rémi Fréchette — Je suis accompagné d’un comité paritaire de quatre personnes : Frédéric Chalté, Florence Payette, Miguel Plante et Alice Bédard. Nous regardons chacun de notre côté les quelque 300 films reçus, et nous organisons une journée entière de délibération, où nous passons les films un à un en soulignant nos coups de cœur. De là, nous regroupons les films par thèmes ou genres, qui vont finalement former les programmes des Fantastiques week-ends. Certains films dans le lot auront la chance d’être programmés avec des longs métrages internationaux, dans le but de faire connaître les talents locaux à ceux qui n’iront pas nécessairement voir des programmes de courts locaux.

Donc, on retrouve sept programmes thématiques au total. Parlez-nous un peu des thèmes retenus ?

 

Rémi Fréchette — La force de Fantasia, c’est la variété dans les genres présentés, la diversité des visions que nous souhaitons mettre de l’avant. Bien sûr, nous voulons quelques programmes qui soulignent le cinéma de genre. « De monstres et d’humains » qui est majoritairement des films d’horreur et des thrillers, ou alors « Guide du voyageur intercomédie » où l’humour est à l’avant plan. « L’extraordinaire ouverture » nous apparaît comme une première projection qui mettra le party dans la place, et lancer cette programmation de façon festive ! « Les autres mondes » nous amène en dehors de notre quotidien, parfois dans des univers parallèles qui sont assez près, d’autres fois dans l’espace ; tandis que « Notre monde » ramène à la réalité des grandes villes, le côté urbain et moderne. « Terra Emotiva » a un focus plus dramatique et artistique, parfois avec une touche de cinéma de genre. Et finalement le programme spécial « De la terre jusqu’au ciel » est un voyage à travers des films d’animation, documentaires et expérimental qui, comme le dit le titre, vous fera vivre une aventure à travers les films présentés.

 

 

Que pouvez-vous nous dire sur l’ovni que semble être LES PAS D’ALLURE d’Alexandre Leblanc

 

Rémi Fréchette — Le terme « film OVNI » est souvent surutilisé dans un festival comme Fantasia, mais LES PAS D’ALLURE mérite amplement ce titre ! Il s’agit d’un film qui s’est fait sans financement à travers 5 années de travail, sans scénario à la base, donc une histoire qui s’est développée au fil des tournages. Le film s’attaque autant à l’extrême droite, par exemple avec la montée des radios poubelles ; qu’à la gauche extrême, par exemple à travers d’hilarantes scènes de théâtre amateur. Il y a beaucoup d’emprunts à l’expressionnisme allemand, notamment le cinéma de Fritz Lang, entre autres, avec des animations qui agrémentent l’image. Un gros coup de cœur, vous pouvez en entendre plus en regardant l’entrevue avec Alexandre Leblanc sur notre page Facebook.

 

Vous présentez un long-métrage pour la famille TIMESCAPE de Aristomenis Tsirbas. De quoi traite-t-il ?

 

Rémi Fréchette — Bien rare qu’on reçoive des films jeunesse, mais celui-ci était un « no brainer » pour le festival ! Des jeunes qui voyagent dans le temps grâce à un vaisseau extraterrestre, et se retrouvent dans l’ère préhistorique entourés de dinosaures ! Bien que le film soit tourné en anglais, nous présenterons une version française, et sur place vous pourrez rencontrer les deux comédiens (la jeune comédienne Lola Rossignol-Arts qui est de Montréal, et le réalisateur). Un véritable « blast in the past » qui peut rappeler les films d’aventure pour enfant qui étaient si populaires dans les années 80.

Vous présentez aussi un documentaire très attendu, QUE LE FAN SOIT AVEC TOI de Marc Joly-Corcoran. Quelle est la particularité de ce nouveau documentaire sur la communauté Stars Wars ?

 

Rémi Fréchette — Documentaire de longue haleine, on l’attendait depuis quelques années ! Le film est un portrait de trois « cosplayer » de Star Wars qui ont été suivis durant plusieurs années. On rentre dans l’univers de passionnés, qui eux vivront des questionnements par rapport à leur investissement dans cette communauté, pourquoi ils font ça, en se penchant sur la question de la saturation du marché des événements geeks qui sont de plus en plus populaires.

 

Les spectateurs pourront aussi voir PUNTA SINISTRA, nouveau long métrage de Renaud Gauthier, un habitué de Fantasia (DISCOPATHE, AQUASPLASH). Il sera présenté dans le cadre d’un programme double avec le moyen métrage LA GUÊPE, première réalisation de Marc Beaupré. Parlez-nous de cette soirée de canicule ?

 

Rémi Fréchette — Parfois comme programmateur on peut se permettre des matchs assez trippant, comme ici PUNTA SINISTRA, un relativement court-long métrage de 65 minutes, couplé avec un LA GUÊPE, un assez long court-métrage de près de 30 min. Deux univers différents, mais qui se rejoignent sur une évidence qui était la grosse chaleur estivale. Le film de Renaud Gauthier est comme un polar, une enquête qui vire au surnaturel. Celui de Marc Beaupré est un thriller dans un motel miteux, avec une tenancière à boutte.

 

Le festival a aussi programmé un film québécois anglophone, THE DIABETIC de Mitchell Stafiej. De quoi s’agit-il exactement ?

 

Rémi Fréchette — Un véritable film guérilla, tourné dans le West Island durant la pandémie avec une micro-équipe de tournage, sur des caméras Mini DV (qui ont été par la suite convertis en 16 mm pour sa version finale). Ça raconte l’histoire d’un homme qui retourne dans sa banlieue natale pour retrouver son passé, figé dans le temps. Le film a déjà eu une projection le premier jour du festival, recevant des éloges des critiques, donc vous ne voulez pas manquer la deuxième ! Pour en apprendre plus sur le processus unique de création du réalisateur, une entrevue avec Mitchell est disponible sur la page Facebook de Fantasia.

 

Vous présentez la première mondiale de La Dump – Deuxième saison de Maude Morrissette. Parlez-nous un peu de cette série web ?

 

Rémi Fréchette — LA DUMP est une websérie avec des marionnettes pour les adultes, des personnages ultracolorés, avec un côté trash et cynique. Pensez à SESAME STREET repris par la chaîne Adult Swim. Après le succès de sa première saison sur le web, la créatrice est de retour avec une nouvelle série d’épisodes qui vous seront présentés en grande primeur, avec sur place une partie du casting all-star qui fait les voix des marionnettes.

 

Votre section abrite une sous-section nommée Genres du Pays. Parlez-nous brièvement de cette section ?

 

Rémi Fréchette — Nous avons le plaisir de présenter trois films produits par Pierre David à qui nous remettons un prix Denis-Héroux. BINGO et VISITING HOURS réalisé par Jean-Claude Lord ainsi que MUSTANG, film rare réalisé par Marcel Lefebvre. Les projections de BINGO et de VISITING HOURS viennent souligner aussi le fait que nous avons perdu Jean-Claude Lord plus tôt cette année. La projection de BINGO sera riche en émotions, car elle sera précédée d’un court-métrage biographique et personnel de 6 minutes réalisé par Laurent Lord, petit-fils de 16 ans de Jean-Claude.

 

Aussi au programme, une projection pour souligner les 20 ans de la comédie LES DANGEREUX de Louis Saia. Une comédie oubliée et snobée à sa sortie qui mérite objectivement d’être réhabilitée.  Finalement, la présentation gratuite du très rare MANETTE OU LES DIEUX DE CARTON de Camil Adam. La restauration par Éléphant permet au public de découvrir l’un des premiers films indépendants de l’histoire du cinéma québécois, alliant cinéma de la Nouvelle Vague, film expérimental, réflexions féministes, cinéma politique et poésie onirique.

 

 

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