Rencontre avec Sarianne Cormier, programmatrice courts métrages aux RVQC 2018

Rencontre avec Sarianne Cormier, programmatrice des courts métrages aux Rendez vous Québec Cinéma

Nous vous proposons dans ce billet, un retour sur les sections dédiées au court métrage de la 36e édition des Rendez-vous Québec Cinéma qui présentait cette année 24 programmes courts, pour un total de 215 courts métrages diffusés! 

Paul Baptiste a rencontré pour CTVM.info la programmatrice des courts métrages des RVQC 2018, Sarianne Cormier. Comédienne et cinéaste, Sarianne Cormier a joué dans L’affaire Dumont de Daniel Grou (2012) et plus récemment dans Les scènes fortuites de Guillaume Lambert (2018). 

 

  • Vous êtes en charge de la programmation des courts métrages, incluanrt ceux en compétition. Quelle place occupent-ils au sein du festival RVQC ? 

Une belle part de la programmation du festival est composée de courts métrages. Il y a une grande diversité de sections : les courts métrages en compétition, hors compétition, étudiant, documentaire, fiction, animation… 

Cela représente au final beaucoup de films, et, en quelque sorte, ces courts métrages sont le « cœur battant» du festival.

  • Est-ce que par votre programmation, vous avez souhaité mettre en avant des idées fortes ?

Je fonctionne plutôt au coup de cœur!  C’est à partir de mes coups de cœur, que je conçois les programmes. Pour les courts métrages ‘hors compétition’, j’essaie de mettre en avant les nouveaux créateurs à suivre. Je n’ai pas de ligne directrice : je me fie à mon instinct ! 

  • L’ensemble des programmes courts ont un thème, comme par exemple « Jeunes Femmes » ou encore « La fête de la mort ». Est-ce que vous les créez auparavant pour permettre une sélection par catégorie ou alors vous les bâtissez à partir des soumissions ? 

Après avoir regardé l’ensemble des courts,  je décide des courts métrages qui vont en compétition et de ceux qui seront vus hors compétition. 

Une fois cette première étape effectuée, je crée des programmes à partir des films sélectionnés. C’est un processus instinctuel qui me permet de construire une ligne directrice dans chacun des programmes. De l’instinct avant tout, ce n’est pas tellement cérébral ! 

  • Donc, vous n’incluez aucun critères précis pour vous aider à faire une sélection, ou même une pré-sélection ? 

Il existe tellement de productions différentes, il serait donc compliqué de définir des critères préétablis, qui nous feraient possiblement passer à côté de certains courts. 

Pour l’animation, par exemple, on remarque quand le travail a été fait avec talent et avec cœur. Il doit y avoir des qualités cinématographiques, évidemment, mais c’est finalement surtout l’intérêt et le plaisir que j’ai à regarder les œuvres qui vont prédominer.

 

  • Les productions sont très diverses, que ce soit dans leurs approches ou des sujets traités. C’est actuel, mais surtout rafraichissant. Est-ce une tendance du cinéma québécois ? 

Beaucoup de films cette année étaient sur le passage à l’âge adulte. C’est la plus grande tendance que j’ai pu remarquer. Le rapport à l’imaginaire est aussi intéressant. Mais en général, ce que l’on voit est très diversifié : des films de genre, de l’animation. En particulier dans les programmes en compétition : fiction, documentaire, animation. 

 

  • Aujourd’hui avait lieu la remise des prix pour les courts en compétition. Est-ce que tu aurais quelques mots à nous partager à propos des gagnants ? 

Le jury a aussi fonctionné par instinct, en ce sens on se ressemble beaucoup ! 

Je suis très contente du court métrage qui a gagné le meilleur court métrage de fiction, Pre-Drink de Marc-Antoine Lemire. Le jury a été très touché : c’est l’histoire d’une femme trans qui est avec un garçon homosexuel. Les genres ne sont pas importants, c’est simplement des êtes humains qui s’aiment. Il y avait une transcendance, une transcendance par l’amour. Et ça a vraiment touché mon jury, et c’est très sincère !

Une mention spéciale est faite pour La Voyante, à l’unanimité. Un drôle d’objet, mais tout le monde a été happé par la sincérité du film. 

Pour l’animation, Matthew Rawkin a aussi eu une mention pour TESLA : Lumière mondiale, qui a été apprécié par tout le monde : une spectaculaire animation par la lumière !

Le gagnant du meilleur court métrage d’animation, Les poupées ne pleurent pas de Frédéric Tremblay est un mélange d’étrangeté, d’angoisse mais pour un résultat anxiogène, mais en même temps sublime, qui a été récompensé à l’unanimité !

Donc oui, le jury fonctionne par coup de cœur. Ils partageaient une sensibilité commune malgré des parcours différents !

 

  • En tant que programmatrice, vous êtes satisfaite de cette édition ?

Oui, toujours ! Parce que c’est moi qui ai sélectionné les films, donc je les aime tous !

C’est amusant : j’ai regardé plusieurs de mes programmes lors du festival, et je restais même si je les avais vu. Pour voir comment les programmes vivaient, et comment les courts métrages ‘rentraient en osmose’. Je pourrai même parler « d’amour » de chaque court métrage, mais ça serait trop long !

 

  • Lors des projections, on peut remarquer que les salles sont très souvent remplies. Une autre satisfaction pour vous ?

Oui !!! Une certaine hype se crée. Un lundi à 21h45, ce n’est pas très cool d’aller au cinéma quand on est fatigué. Mais on voit pourtant des salles remplis, et c’est satisfaisant. 

Les équipes des films sont aussi présentes, puisqu’on a remis en place un Q&A à la fin des compétitions. Ce n’est donc plus seulement une présentation, mais il y a une discussion, ce qui fait rester les gens !

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