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Tania Kontoyanni, présidente de l’Union des Artistes, rappelle «l’importance et le rôle de la culture au Québec»

Publié le 12 février, 2025
Publié le 12 février, 2025

Tania Kontoyanni, présidente de l’Union des Artistes, rappelle «l’importance et le rôle de la culture au Québec»

…Dans son allocution prononcée à l’occasion de la conférence de presse du Front commun pour les arts le 29 janvier (dont le communiqué final a été publié dans notre Bulletin d’hier)

La peur qui nous assaille au moment de prendre la parole et de déposer notre mémoire, j’espère que nous serons en mesure de la faire ressentir, à notre premier ministre, M. Legault, à notre ministre des finances, parce qu’il est urgent qu’ils tournent un regard attentif vers nous pour constater à quel point il y a péril en la demeure. Un des piliers fondamentaux de notre société, la Culture, ce qui fait de nous ce que nous sommes, n’est plus simplement affaibli; il expose plutôt des fissures profondes, depuis quelques jours, et menace littéralement de s’effondrer.

Malgré nos multiples appels à l’aide, nous avons failli à la tâche d’alerter notre premier ministre à la hauteur de la gravité de la situation. Peut-être parce qu’on avait peine à y croire nous-même: les travailleurs et travailleuses en culture, on a toujours été résilients, on a toujours réussi à garder notre culture vivante, même avec peu de moyens, mais là, on a un genou à terre, M. Legault. Notre culture, qui est au cœur de vos priorités, a un genou à terre.

On vous lance un ultime appel à l’aide, avant le budget.

Mais ce ne sera certainement pas notre dernière mobilisation!

Lorsque le conseil d’administration de l’Union des artistes, constitué de 21 artistes actifs dans leur milieu, m’a donné le mandat de défendre avec courage et contribuer, par tous les moyens à ma portée, à la survie de notre culture, c’était du jamais vu dans l’histoire de l’UDA, ce degré d’inquiétude. C’était en septembre 2023.

Il y a à peine quelques semaines, à la rédaction de ce mémoire du Front Commun pour les Arts, appuyé sur les réponses aux sondages transmis à nos membres respectifs, nous nous sommes demandé si on allait nous reprocher d’être trop alarmistes, si nos propos étaient vraiment collés à la réalité. Malheureusement, les nouvelles des derniers jours, annulations, fermetures, programmations réduites, témoignages d’artistes, nous confirment l’état critique de la situation.

Dans un monde en totale mutation qui menace la survie des cultures locales, notre souveraineté culturelle est en danger, M. Legault. Alors, quel avenir pour notre culture francophone en Amérique? Pour notre identité nationale? Qu’on le veuille ou non, cette identité est en mutation, elle évolue. Par quel moyen faire naître le sentiment d’appartenance à une nation et la cohésion sociale, qui sont essentiels au bien-être d’une personne, si ce n’est par le biais des artistes et de notre culture? Comment susciter l’adhésion et le partage de nos valeurs fondamentales par le plus grand nombre de nos concitoyens et concitoyennes, si ce n’est à travers l’expression artistique de notre peuple? Comment pouvons-nous envisager notre avenir commun, nous tous qui partageons ce territoire du Québec, comment visualiser le monde dans lequel on veut vivre et le bâtir, si ce n’est par le dialogue qu’engendrent les artistes au sein de notre société? Donnez-nous les moyens de jouer ce rôle essentiel pour notre Nation.

Ce qui marque l’histoire d’un peuple à travers les siècles, ce n’est pas son équilibre budgétaire!

Ce qui passe à l’histoire, c’est sa Culture.

Ce qu’on retient des civilisations, c’est la poésie, le théâtre, la peinture, l’architecture, la musique…

Ne soyez pas le gouvernement qui aura signé notre arrêt de mort.

Soyez le gouvernement qui passera à l’histoire pour avoir soutenu sa culture et ses artistes, par des moyens visionnaires et courageux, leur permettant de résister à la vague d’anéantissement des cultures nationales, provoquée par les géants technologiques.

Soyez celui qui aura permis à sa Nation de survivre, d’assurer sa souveraineté culturelle, de rayonner à travers le monde, dans un siècle où plusieurs autres auront perdu ce combat.

Ce matin, on ne vous en demande pas tant, parce qu’on est bons joueurs et qu’on souhaite avant tout collaborer.

Ce matin, plus de 50 000 travailleurs et travailleuses en culture vous demandent ce qui manque au budget du CALQ pour atteindre 200 millions. Ces quelques 30-40 millions ne suffiront pas à améliorer la situation, mais nous espérons qu’ils permettront de freiner un tant soit peu l’effritement que vit le milieu culturel.

Pour la suite, à vous de voir quel rôle vous voulez jouer dans l’histoire du Québec.

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