Téléfilm Canada au Marché du film de Cannes 2022, sous le signe de la diversité et de l’inclusion ! Entrevue avec René Bourdages
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Une entrevue avec René Bourdages, Vice-président, Gestion du portefeuille culturel à Téléfilm Canada au Pavillon du Canada au Marché du film de Cannes 2022
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Téléfilm Canada est de retour à Cannes après une longue pause due à la pandémie. Parlez-nous des retrouvailles cannoises de Téléfilm avec ses partenaires internationaux. Comment cela s’est-il passé ?
René Bourdages : C’est comme si on avait eu deux marchés en un. Il faut rappeler qu’on n’a pas été présent l’an dernier, même s’il y avait eu un marché en juillet 2021, nous étions encore sous une ordonnance de non-voyage non essentiel. Donc, pour nous, cette année, il s’agissait d’une relance! Au préalable, on a travaillé très fort pour redessiner notre pavillon d’accueil. Téléfilm Canada a été l’hôte de plusieurs activités de réseautage en plus de présenter notre nouveau traité de coproduction avec la France. Dès le premier jour, on a fait une présentation le nouveau traité, et c’est parti sur les chapeaux de roues.
L’ambiance était extraordinaire. Le fait de se retrouver après deux ans a teinté positivement toutes nos rencontres, et il faut dire qu’on en a eu plusieurs. Et puis on a pu compter sur le beau temps. On voyait que les gens étaient vraiment heureux d’être libres, de se revoir en personne. Je pense que ça avait manqué à tout le monde.
Et puis cette année, on avait aussi un film en compétition officielle avec Crimes of the Future de David Cronenberg, auquel s’ajoutait Falcon Lake de Charlotte Le Bon, une coproduction France-Canada, en compétition à La Quinzaine des réalisateurs. Deux films qui ont été très bien accueillis par la critique internationale. Il va sans dire que cela a créé un très bon « buzz » pour le Canada.
De mon côté, j’ai eu des rencontres avec mes partenaires européens. Et j’ai pu constater que les gens étaient très heureux de voir le Canada autour de la table, particulière quand on parle des enjeux de diversité et d’inclusion. Nos partenaires sont curieux de comprendre comment on a mis les choses en place. C’est vraiment très encourageant de voir l’appui qu’on a de nos collègues européens par rapport à ces enjeux qui commencent aussi à les rejoindre.
Vous avez lancé vos activités au Marché du film avec une présentation du traité Canada-France qui vient tout juste d’être renouvelé. Pourquoi ?
René Bourdages : Il faut rappeler que notre intention était de simplifier et moderniser le traité Canada-France dont le premier accord, il faut le rappeler, a été signé le 30 mai 1983. Et l’on sait que ce traité avec la France est un traité stratégique pour le Canada. On a donc fait beaucoup de travail pour l’élaguer, le moderniser, et on s’est dit qu’on devrait offrir une session d’informations pour présenter les changements Apportés. On a donc lancé des invitations à cette séance d’information, et à notre grande surprise on a fait salle comble, on a dû refuser du monde à cause de notre capacité limitée.
Contre toute attente, d’ailleurs. Moi, je me disais que, peut-être, c’était un peu administratif, que les gens ne se présenteraient pas. Mais finalement, on a accueilli, 80 personnes dans notre Pavillon. On avait des représentants du CNC, évidemment et Julie Blondin de Téléfilm pour répondre aux questions et ça a été fort apprécié. Donc je pense que cela a valu la peine.
Nous avons eu aussi plusieurs séances de réseautage sur des sujets d’actualité avec nos principaux partenaires. De mon côté, j’ai eu des échanges, à l’invitation des Britanniques, avec le British Film Institute et avec mes collègues de l’Australie.
On a eu finalement de bonnes discussions, des ateliers, des panels sur la présence des plateformes de diffusion en streaming. Je pense que toutes les agences se posent la même question: quel sera le rôle des agences de financement public dans ce nouvel écosystème et quel sera l’impact sur le financement des projets, mais aussi sur la façon de rejoindre les auditoires ? Je pense que c’est vraiment une discussion qui a été au cœur des échanges qu’on a eus, sans oublier la diversité et l’inclusion. Mais on s’est aussi interroger sur la manière de procéder pour soutenir plus de coproductions avec l’Ukraine et comment on peut les aider pendant cette période extrêmement difficile. Avec les questions sur la diversité et l’inclusion, ce sont les thèmes qu’on discute régulièrement entre agences publiques.
Je souligne également la présence de deux délégations qui suscitent beaucoup d’intérêt au Marché : le Bureau de l’écran des Noirs/ Black Screen Office et le Bureau de l’écran autochtone/Indigenous Screen Office. Ils ont coordonné la présence de jeunes créateurs qui ont pu bénéficier de l’apport de professionnels qui leur ont permis de naviguer au sein du Marché. Comme tu le sais, le Marché, à Cannes, ça peut se révéler pas mal opaque lors d’une première visite. J’ai eu le plaisir de les suivre jour après jour. Ils sont ravis et déjà il y a des pays européens qui nous demandent un peu notre méthode, qui voudraient pouvoir appliquer certaines de ces pratiques-là auprès de leurs groupes qui sont sous-représentés ? Donc, je pense, qu’un des sujets chauds de ce Marché aura été la présence de ces deux délégations sous la bannière de Téléfilm Canada qui se présentaient avec des cinéastes émergents.
Bien sûr, on a eu aussi des rencontres avec des associations, avec les créateurs francophones. C’est vraiment une importante occasion pour nous, des agences publiques, de se retrouver. Pendant toute la durée du Marché, nos collègues de Téléfilm ont des rencontres avec leurs différents partenaires et vis-à-vis. Cette année, notre directrice des relations d’affaires, Julie Blondin, était présente pour rencontrer les partenaires financiers de nos producteurs et établir ainsi avec eux de solides relations d’affaires. Et on va essayer de voir quelques films. Je souhaite de pouvoir voir un film ou deux. Après tout, on est au Festival de Cannes.