Un entretien avec Marie-Élaine Riou, directrice générale du Festival REGARD au Saguenay, par Marc Lamothe

« Ce qui nous caractérise, je crois, c’est le goût du risque. Le fait de ne pas avoir peur de faire différemment et de donner une tribune importante aux talents émergents. »

– Marie-Élaine Riou

Un entretien avec Marie-Élaine Riou, directrice générale de REGARD, par Marc Lamothe

 

CTVM. info — Regard a 26 ans cette année. Quel est le lien unificateur de ce long parcours ?

 

Marie-Élaine Riou — Ce qui nous caractérise, je crois, c’est le goût du risque. Le fait de ne pas avoir peur de faire différemment et de donner une tribune importante à l’émergence. À l’origine, le festival se nommait Regard sur la relève et cet aspect de notre personnalité reste au cœur de notre mandat. Cette année, nous avons une compétition parallèle avec trois programmes de courts réalisés par des créateurs émergents, Americana, Tourner à Tout Prix ! et 100 % Régions.

 

La crise de la COVID a explosé juste avant votre édition de 2020 et les mesures de confinement ont été imposées dès le deuxième jour de votre festival ? Quels souvenirs gardez-vous personnellement de cette édition ?

 

Marie-Élaine Riou — Une partie de moi n’en revient pas encore. Nous essayons de prévoir vraiment tous les scénarios possibles dans l’organisation d’un événement, mais l’évolution rapide de cette crise nous a prises par surprise. J’ai beaucoup d’affection pour cette édition, car j’ai ressenti un grand sentiment d’appréciation, de support et de solidarité des invités étrangers qui ont dû rester quelques jours à Chicoutimi, malgré l’annulation de l’événement.

 

Regard a exceptionnellement présenté son édition suivante en juin dernier. Que pouvez-vous nous dire de cette édition hybride ?

 

Marie-Élaine Riou — L’édition 2021, pour moi, a été réellement marquée par le plaisir. Le plaisir de fêter notre 25e anniversaire et de le faire en dehors de nos balises habituelles. C’était un beau défi de trouver une formule différente. Un ciné-parc à St-Ambroise et un à Chicoutimi. L’important pour nous était de préserver une certaine ambiance et d’offrir une expérience de qualité. Il était essentiel de protéger la spontanéité et l’ambiance chaleureuse qui fait la marque de Regard. C’était une édition à la fois unique et axée sur les films, car nous ne pouvions pas avoir d’invités internationaux, ni tenir de marché du court en présentiel.

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Quels sont les grands défis de votre retour en mode présentiel ?

 

Marie-Élaine Riou — L’un des principaux défis est d’assurer une belle expérience présentielle aux réalisateurs et leurs équipes, aux invités et aux festivaliers. On est encore au début d’un certain retrait des mesures sanitaires et on ignore si les gens seront prêts à revenir en grand nombre en salle. Rien n’est acquis cette année. Nous devons vivre avec le risque que certaines activités puissent être annulées à la dernière minute. [ Ce qui ne semble pas être le cas pour le moment. NDLR ].

 

Quels sont vos rapports avec votre comité de programmation ? Est-ce que vous vous impliquez dans le choix de certains films ?

 

Marie-Élaine Riou — Je vois un certain nombre de films qui font partie de notre programmation et de nos compétitions. Je trouve ça important de m’impliquer,  mais au final c’est vraiment Mélissa Bouchard qui a le dernier mot, car elle a une meilleure vue d’ensemble sur la composition de la programmation.

 

L’édition 2022 de Regard porte notamment son attention cette année sur le cinéma de l’Ukraine. Que pouvez-vous dire de cette section ?

 

Marie-Élaine Riou — En 2016, j’ai rencontré un ami programmateur du festival de films de Kiev lorsque j’ai été jury au FNC. Dès le début de la crise, j’ai tout de suite voulu savoir si tout allait bien pour lui et son équipe. Nous voulions absolument souligner notre solidarité. Par empathie pour la situation, il nous semblait important de faire quelque chose. Nous avions reçu quelques courts Ukrainiens en soumission, assez pour créer un programme et mettre en lumière leur récente cinématographie et le regard d’une certaine jeunesse.

 

L’idée est d’envoyer un message d’aide et de solidarité. Les droits d’auteurs seront remis directement aux artistes alors que les recettes de cette projection spéciale seront remises à la Fondation Canada-Ukraine.

https://www.cufoundation.ca/cuf-ucc-ukraine-humanitarian-relief/?fbclid=IwAR27Ctr7FQQgajRAM8aCdzCsBw5Az9DZBOwwuMydjguo4lxOu_sF2ppof3Y

 

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Parlez-nous un peu de votre volet MARCHÉ DU COURT ?

 

Marie-Élaine Riou — J’en suis vraiment très fière, cette année. Le marché est un ensemble complet d’activités pour tous. Des classes de maître avec Sylvain Bellemare et Bernard Gariépy Strobl, des tables rondes sur des sujets qui nous tiennent à cœur, des balados diffusions, une rencontre avec les cinéastes de la compétition parallèle, la remise de prix Cours écrire ton court et un entretien public avec Stéphane Lafleur en plus de nos nombreuses activités dédiées aux gens de l’industrie. Ça va être intéressant de revoir tout ce monde en mode présentiel après deux ans de pandémie. Plusieurs regards seront tournés vers nous puisque nous serons l’un des premiers festivals avec un retour 100 % présentiel dans le circuit des festivals de films.

 

Beaucoup de programmation et d’activité en effet en cinq jours. Avez-vous déjà souhaité ou envisagé réaliser une édition sur plus de jours ?

 

Marie-Élaine Riou — Nous y avons pensé, mais au final, notre festival est comme un bon court-métrage qu’il ne faut pas trop étirer. L’intensité, la densité de l’offre et la capacité de mobilisation d’un nombre de jours rlimités font partie intégrante de notre événement. Tout le monde est là en même temps pour créer un momentum.

Par contre, pour le public, on étend le festival jusqu’au 10 avril puisque notre programmation sera aussi offerte en ligne à travers le Canada.

 

Après 10 années au sein de Regard, vous avez annoncé qu’il s’agissait de votre dernière édition à titre de Directrice du festival. Quel bilan tracez-vous de cette décennie au festival ?

 

Marie-Élaine Riou — J’ai adoré mes 10 ans au festival. J’ai l’impression d’être atterri un peu jeune dans cette équipe et maintenant, je sens le besoin de relever de nouveaux défis. Dans les dernières années, je dirais qu’on a beaucoup travaillé à consolider le festival. Au-delà du contenu et des activités, nous avons aussi beaucoup travaillé à développer la notoriété de Regard. J’ai vraiment été bien entourée durant toutes ces années. Je pense à notre conseil d’administration, nos équipes, nos bénévoles, notre public et nos partenaires. Nous avons bien humblement entre les mains un événement distinctif. Il reste encore une multitude de belles choses à apporter au festival pour l’amener encore plus loin.

 

Vers quels nouveaux défis souhaitez-vous idéalement vous tourner ?

 

Marie-Élaine Riou — Je souhaite rester au Saguenay. Je suis tombée complètement en amour avec la région et il reste plein de projets culturels et cinématographiques à

développer ici.

 

[ Cette entrevue a paru dans La Quotidienne de CTVM.info #6866 datée du Jeudi 24 – vendredi 25 mars 2022 ]

 

 

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