Une entrevue avec Isabelle Gauvreau, Directrice de la section Les Fantastiques Week-ends du cinéma québécois 2024
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Catégorie(s) : Actualités — Cinéma — entrevue — Festival
Isabelle Gauvreau, Directrice de la section Les Fantastiques Week-ends du cinéma québécois 2024
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Isabelle Gauvreau est une éternelle admiratrice devant le talent, la créativité et l’humain. En 2006, elle fonde la section Les Fantastiques Week-ends du cinéma québécois pour simplement partager tous ces courts métragesqu’elle voyait d’un festival à l’autre en plus du nombre croissant de soumissions locales, résultant de direct la démocratisation de ce média.
En 2019, elle confie cette importante
Isabelle Gauvreau et Rémi Fréchette en entrevue sur les ondes de CISM
CTVM.info — Avant de sauter dans la programmation, parlez-nous un peu de vos objectifs cette année à titre de Directrice des Fantastiques Week-ends du cinéma québécois (FWECQ)?
Isabelle Gauvreau — Je dois dire que cette année est particulière parce que je fais face à un défi de santé. Cela me vaut d’avoir été soutenue en particulier par mon conjoint, Pierre Corbeil, mais aussi assistée par Tania Morissette au niveau de la programmation. Je dois ajouter que je peux compter aussi sur une équipe au soutien technique, dont Noémie Benoît, qui est indispensable au bon fonctionnement des FWECQ. Je souligne aussil’excellent travail d’Éric Lavoie à la création des bandes-annonces des FWECQ et du Festival Fantasia. Éric est aussi responsable de l’assemblage de chacun des programmes.
En fait, pour Pierre et moi, l’objectif est toujours le même : faire une sélection qui nous fait plaisir, qui nous surprend, qui nous émeut. Nous n’avons aucune restriction dans nos choix. Chaque sélection est une sélection coup de cœur, et cela est vrai du film trash jusqu’au plus beau drame.
CTVM.info — Vous êtes de retour à titre de Directrice après quelques années d’absence à ce poste. Que retenez-vous des années où Rémi Fréchette était directeur?
Isabelle Gauvreau — J’ai connu Rémi comme réalisateur émergent (très jeune) lors des FWECQ. Rémi a une personnalité très effervescente et chaleureuse. Ce qui m’avait charmé chez lui, c’était sa façon d’être en relation, de ne pas trop se prendre au sérieux et de valoriser le travail des autres. Je crois que toutes ces qualités, et plus, ont été mises au service des FWECQ. Nous sommes très fiers d’avoir pu compter sur Rémi pendant ces années. Nous avons pu constater que la programmation était fabuleuse, riche et qu’elle respectait nos critères de plaisir et d’accueil. Nous lui avons confié la barre des FWECQ alors que l’événement allait très bien et on constate aujourd’hui que Rémi l’a amené encore plus loin si l’on se fie, entre autres, au nombre et à la qualité des soumissions que nous avons reçues. L’événement est aujourd’hui encore plus apprécié!
CTVM.info — Pourriez-vous nous décrire votre processus de programmation. Avez-vous un comité de programmateurs qui vous accompagne?
Isabelle Gauvreau — En fait, nous avons un comité qui nous aide à prioriser nos visionnements. Une poignée de bénévoles regarde tous les courts, et leur donne une note sur 5 tout en ajoutant leurs commentaires. Ce qui ne nous empêche pas de tous les regarder au final. Nous regardons TOUS les films soumis. Nous tenons compte des opinions et des commentaires tout en gardant notre propre ligne d’appréciation.
CTVM.info — Combien de courts vous ont été soumis cette année et combien en avez-vous retenus?
Isabelle Gauvreau — Un nombre record de courts-métrages a été soumis. En tout, ce sont plus de 400 courts qui ont été vus. Nous en avons retenu près de 110, que nous avons réparti dans 10 programmes, plus deux qui seront présentés avant des longs métrages et une belle sélection dans d’autres programmes dont Le Cabaret de curiosités et Mon premier Fantasia.
Isabelle Gauvreau, Pierre Corbeil, Guillermo Del Toro et Lorenza Newton
CTVM.info — Avez-vous remarqué des différences ou des tendances se démarquer depuis vos quelques années d’absence à titre de Directrice?
Isabelle Gauvreau — L’être humain raconte des histoires depuis la nuit des temps. Les histoires suivent les tendances au niveau des changements sociaux. Comme les courts-métrages sont le plus souvent réalisés par la relève, ils reflètent les préoccupations des jeunes. La plupart du temps, on retrouve tout de même le voyage du héros de Joseph Campbell qui est cependant créé et présenté d’une façon différente. La technologie change aussi, cela se voit à l’écran et s’entend. Par exemple, nous n’avons plus de courts filmés avec des technologies différentes et des niveaux sonores différents qui rendaient l’œuvre parfois difficile à apprécier.
CTVM.info — Sachant que vous avez une pratique de ritualiste et que vous enseignez même le rituel, à quoi doit-on s’attendre de l’un de vos thèmes cette année a pour titre « Rites de Passages Doux, Médium et Ultra Piquant ».
Isabelle Gauvreau — Je ne peux cacher, et Pierre non plus, que ce qui nous anime le plus dans ce que nous faisons c’est l’être humain, dans toute la gamme de ses expériences. Le cinéma est un médium extraordinaire pour transmettre cette expérience qui est de vivre chacun des rites de passage (mariage, retraite, anniversaire, âge adulte, mort, etc.). Les jeunes, les cinéastes, sont aussi fascinés par ces moments forts de la vie. Ce programme est une belle occasion ludique d’être en contact avec cette dimension de la vie.
CTVM.info — Dans le même ordre d’idée, l’un de vos thèmes est « Souviens-toi que tu vas mourir ». Parlez-nous un peu de ce programme.
Isabelle Gauvreau — Pour les mêmes raisons, ce programme est un rappel de l’expérience humaine. En fait, l’expérience ultime, la mort, est aussi très, très présente dans le cinéma, mais souvent banalisée. Ce programme se veut divertissant, mais aussi profond.
CTVM.info — Pourriez-vous nous partager trois de vos coups de cœur, sachant que tous les films choisis méritent évidemment d’être vus ?
Isabelle Gauvreau — Pierre et moi avons eu plusieurs coups de cœur cette année, dont :
• RACOONS, digne d’un film de Tarantino, avec un jeu d’acteurs exceptionnel;
• FURET, une comédie hilarante et surréelle, dont la distribution est composée d’une part de comédiens trisomiques, et d’autre part de grands acteurs tels Rémi-Pierre Paquin;
• EXTRAS, une réalisation spectaculaire, à grand déploiement, soutenue par le jeu savoureux de la grande comédienne Sophie Faucher et de la très talentueuse Isabelle Giroux qui nous livrent une performance nuancée où nous les suivons sans réserve dans une grande gamme d’émotions.
CTVM.info — Quels sont les impacts selon vous d’une sélection aux FWECQ pour les réalisateurs et réalisatrices?
Isabelle Gauvreau — C’est toujours difficile à bien cerner, mais nous avons eu beaucoup de rétroactions de boîtes de production et de cinéastes quant à l’importance de cette sélection. À partir de cette sélection, plusieurs cinéastes reçoivent de nombreuses invitations à soumettre leur film à d’autres festivals à travers le monde. Même chose pour ceux et celles qui gagnent des prix.
C’est un univers dans lequel les reconnaissances se font rares, surtout pour la relève. Je dois dire qu’à travers les années, les artisans qui ont été primés aux FWECQ se sont souvent taillé par la suite une place de choix dans l’industrie. Et c’est un peu notre raison d’être.
CTVM.info — Quels sont les critères de votre compétition et parlez-nous un peu de vos jurés?
Isabelle Gauvreau — Nous sommes vraiment choyés cette année de pouvoir compter sur Marc Béland, acteur et metteur en scène (entre autres), de Jimmy Larouche, réalisateur (et scénariste) et de Stéphane Moukarzel, réalisateur et artiste. Jimmy et Stéphane sont des habitués des FWECQ comme participants, et cela depuis plus d’une décennie. Nous les avons vu évoluer et nous les apprécions autant comme personne que comme cinéaste. Pour Marc, nous sommes très impressionnés par la qualité de son parcours artistique et sommes honorés de pouvoir compter sur lui pour contribuer à récompenser ceux et celles qui se distinguent.
Les critères de sélection à la base restent les mêmes que ceux que nous utilisons, Pierre et moi, soit le plaisir. Naturellement les jurés n’ont pas la même expérience que nous face à ce médium. Ils ont leur propre point de vue et ils les confrontent et les négocient lors de la délibération. Je suis très fière de dire que les jurés regardent TOUS les courts des FWECQ. Nous ne faisons pas de pré-sélection. C’est toujours une belle surprise de voir ce qui émerge des délibérations. Et toujours un peu triste, parce qu’on aimerait qu’il y ait autant de prix que de films.
Avec la cohorte des gagnants de l’édition 2018 des Fantastiques Week-ends du cinéma québécois
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