Une entrevue avec Suzane Landry, à Séries Mania – La fabuleuse percée des séries originales de Bell Media sur la scène internationale
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La fabuleuse percée des séries originales de Bell Media sur la scène internationale
Une entrevue avec Suzane Landry, à SÉRIES MANIA 2023
Par Jean-Pierre Tadros
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Pour une deuxième année, Suzane Landry, Vice-présidente, développement de contenu, programmation et information, chez Bell Média, se retrouve à Séries Mania à Lille.
Rappelons que SERIES MANIA, LÀ OÙ COMMENCENT LES SÉRIES, s’est imposé depuis 2018 comme le plus important événement européen entièrement dédié aux séries. Son festival propose en avant-première et sur grand écran le meilleur des séries internationales, offrant ainsi au public — jusqu’à 72 000 spectateurs — 8 jours de découvertes, de fêtes et de rencontres avec les personnalités parmi les plus renommés du monde des séries. En parallèle, l’événement accueille 3 000 professionnels de l’industrie sérielle mondiale lors de Séries Mania Forum.
C’est dans ce contexte que la SODEC se retrouve à la tête d’une délégation de près de 50 professionnels et créatifs québécois à Lille pour le festival Séries Mania (17 au 24 mars 2023) et son Forum (21 au 23 mars 2023).
À son programme, son événement très attendu Coming Next From Québec qui s’est tenu mercredi le 22 mars.
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Nous avons demandé à Suzane Landry, qui est accompagnée de Sophie Parizeau, Directrice générale, fiction, chez Bell Média, de nous parler de la participation fort remarquée des séries originales de Bell Media à Séries Mania.
Suzane Landry — Je trouve important d’assister à Séries Mania parce que c’est quand même un des plus grands événements internationaux dédiés aux séries de fiction. Pour Bell Media, c’est donc important d’être présent, de rencontrer les diffuseurs de plusieurs pays qui recherchent des contenus, des producteurs qui sont peut-être à la recherche de partenaires. Je vous dirais que cette présence à Lille nous permet en quelques jours de faire le tour du monde et d’établir des contacts privilégiés.
On produit actuellement plusieurs séries de fiction d’envergure pour Crave et Noovo, il est important de les faire connaître à l’international et de les faire rayonner à l’extérieur du pays dans un but de les exporter. On a aussi comme objectif de développer des partenariats pour faire de la coproduction et de la co-diffusion internationale qui pourrait devenir une nouvelle source de financement. Ces nouvelles sources financières nous permettraientt de continuer à développer encore plus de séries d’envergure. Je dirais là que ce sont les objectifs de notre présence à Lille.
Mais naturellement, vous ne vous occupez pas des ventes de vos séries qui sont assurées par des distributeurs québécois ? Par exemple, c’est Attraction qui distribue la série Désobéir : le choix de Chantale Daigle ; Disobey, pour la version anglaise.
Suzane Landry – Absolument, mais je dirais qu’en y allant, il y a le Coming next from Québec, qui est organisé par la SODEC. Cet événement, qui a eu lieu mercredi, permet aux diffuseurs du Québec de présenter deux séries à un panel de distributeurs et de diffuseurs étrangers. C’est une formule très appréciée à Lille, et elle attire toujours une audience des plus intéressée.
Cette année, on a choisi de présenter Bon matin Chuck (ou l’art de réduire les méfaits), produite par Lou Bélanger (présent à Lille) et Marieme Ndiaye de St-Laurent TV en collaboration avec Bell Média, Connect3 (Pablo Salzman) et Cineflix Media, le distributeur à l’international. La série est conjointement réalisée par Jean-François Rivard (lui aussi présent à Lille) et Mathieu Cyr. La série sera présentée sur Crave au printemps. Nous avons donc pu présenter la série devant un groupe d’acheteurs potentiels : distributeurs, diffuseurs et producteurs étrangers.
L’autre série que nous avons présentée, c’est Après le déluge, une fiction scénarisée, réalisée et produite par Mara Joly. Une production de Zone3 et ZAMA Productions (Mara Joly et Miryam Charles) en collaboration avec Bell Média. On l’a choisi parce que c’est une série assez unique, très humaine, très percutante. Mara Joly était présente à Lille pour parler de sa série.
Dans le Coming Next From Québec, on nous demande de présenter deux séries qui s’en viennent et non pas des séries passées. Dans le cas de Bon matin Chuck, la série sera diffusée ce printemps, alors que la diffusion d’Après le déluge, est prévue à l’automne prochain. Ce sont des primeurs et on va en profiter pour dévoiler les bandes-annonces des deux séries.
Le Coming Next nous permet véritablement de mettre en valeur nos séries. Mais ce n’est pas la seule raison, puisque cette année on a deux séries en nomination, les deux seules séries canadiennes en nomination dans la catégorie Panorama international. Ce sont les séries de Bell Média : Désobéir, le choix de Chantal Daigle, et Little Bird réalisée par Elle-Máijá Tailfeathers et Zoe Hopkins pour Crave et APTN lumi.
On sera présent au Gala de vendredi durant lequel Les prix seront remis. C’est un festival international et qui est un des plus important lorsqu’il s’agit de séries de fiction. Nous sommes donc bien heureuses, Sophie Parizeau et moi, de représenter Bell Media.
L’année dernière, vous aviez présenté à Coming Next, deux séries, Une Affaire criminelle et Allez simple. Un an plus tard, comment évaluez-vous cette participation ?
Suzane Landry — C’était notre première participation et ça nous a permis de faire des rencontres très intéressantes avec des diffuseurs étrangers, qui se sont dit très intéressés par notre approche de contenu. Quand ils apprennent qu’avec nos choix de contenu on a même réussi à rajeunir la moyenne d’âge d’une chaîne conventionnelle — je pense spontanément à Novoo qui a une moyenne d’âge de 48 ans, ce qui est 10 à 12 ans plus jeune que la majorité des chaînes conventionnelles à travers le monde; ils sont impressionnés. Il faut rappeler que pour la majorité des chaînes conventionnelles la moyenne se situe autour de 58, 60 ans en Europe. Donc quand ils constatent que nos contenus rejoignent une cible un peu plus jeune et ils sont très intéressés à les découvrir.
Même chose avec Crave dont les deux tiers de nos abonnés sur la plateforme de streaming sont âgés entre 18 et 49 ans. Nos interlocuteurs internationaux trouvent aussi ça intéressant. On cherche tous à rajeunir nos auditoires. Toutes les nouvelles plateformes cherchent à renouveler les auditoires ; on est dans cette dynamique. Et notre approche nous a donc permis d’établir des contacts intéressants qu’on va revoir et avec lesquels on cherchera à développer nos collaborations. Je n’ai pas d’annonce à vous faire aujourd’hui. Par contre, je peux vous dire que pour Bell Média il est important d’assurer la visibilité de nos contenus à l’international, de les faire rayonner, puis éventuellement les exporter.
Et naturellement, Séries Mania est un point de contact parmi d’autres. Je peux vous dire qu’au niveau des choix de contenu qu’on a faits à ce jour, on peut dire qu’ils plaisent aux Québécois, et qu’ils plaisent aussi à l’étranger. Rappelons que ça ne fait que deux ans qu’on a lancé des séries originales en français, sur Noovo et Crave et nous avons déjà 7 séries vendues à l’étranger ; c’est tout de même un bon résultat. Je pense à Entre deux draps; Pour toujours, plus un jour ; Moi non plus ; La confrérie ; Une Affaire criminelle ; L’homme qui aimait trop ; Chouchou. J’en profite pour saluer les différents distributeurs qui travaillent très fort pour arriver à faire ces ventes. Ce succès signifie que nous avons des contenus qui plaisent à l’étranger, et pas juste chez nous.
Vous parlez de la possibilité de développer des co-diffusions à l’international. Quel serait le modèle d’affaires dans ce cas précis ?
Suzane Landry — En fait, les modèles d’affaires peuvent varier. Ce que je peux en dire, c’est qu’il faut s’assurer qu’on ait un contenu qui peut avoir une résonance autant chez nous que dans le pays de l’autre diffuseur. Donc, si on identifie des contenus qu’on développe et qui peuvent avoir cette résonance-là, et qu’on sait qu’on pourra travailler ensemble pour en faire une co-diffusion, alors on va présenter notre projet pour en discuter. Dans un tel cas, on pourrait envisager un lancement international, pourquoi pas ? Mais il faut que le sujet s’y prête pour que chacun des diffuseurs y trouve son compte pour son public.
Vous êtes à Séries Mania. Quand on va à l’étranger, quels sont les principaux obstacles que rencontrent les séries de fiction québécoises ? À part la langue (qui n’en est plus un, je crois).
Suzane Landry — Quand on arrive dans un marché comme celui-là, on se retrouve devant une offre considérable. Les séries sont toutes d’une grande qualité. Alors, le plus grand défi c’est toujours d’arriver à se démarquer du lot. Il y a beaucoup de bonnes séries à travers le monde, et c’est pourquoi il est important d’arriver avec des séries qui vont avoir des univers distinctifs, qui vont se démarquer par le ton, par la réalisation, par la qualité. Donc pour se démarquer, il nous faut du contenu qu’on a pris le temps de développer et de produire en respectant les standards de qualité les plus élevés. Je dirais qu’à ce niveau-là on peut être très fiers de ce qu’on fait chez nous. Maintenant, il y a une grande concurrence à travers le monde. Il faut trouver le moyen de se faire voir et je pense que c’est ce que nous permet ce Coming Next From Québec que la SODEC organise.
D’autres pays, comme la France, l’Allemagne, la Finlande, l’Espagne… proposent leur propre Coming Next. Et je dois dire que le Québec arrive à se démarquer malgré cette forte concurrence grâce à notre offre de contenus originaux.
Mais ce qui fascine aussi nos interlocuteurs étrangers c’est de savoir que notre télévision est capable de chiffrer nos parts de marché, et qu’ils réalisent qu’on réussit à rassembler les gens encore devant la télévision grâce à des contenus originaux, audacieux et de grande qualité.
Chez nous, on aime notre star système, on aime voir des contenus de chez nous, alors on aime être interpellé par des contenus chez nous. On a réussi à garder cet intérêt-là et ça nous démarque aussi. Chez nos concurrents étrangers, on découvre une grande curiosité à comprendre comment on travaille pour conserver cet attrait-là auprès de nos téléspectateurs avec des contenus de chez nous.
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