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Une entrevue de Mélissa Bouchard, directrice de la programmation du Festival REGARD

Publié le 22 mars, 2023
Publié le 22 mars, 2023

Entrevue avec Mélissa Bouchard, directrice de la programmation du Festival REGARD

À l’orée de sa 27e édition, nous avons voulu nous entretenir avec Mélissa Bouchard, Directrice de la programmation et impliquée avec le festival depuis sa 10e édition. 

Une entrevue de Marc Lamothe

Le festival REGARD est l’un des principaux événements célébrant les courts en Amérique du Nord. Fondé en 1995 à Saguenay,  il est la porte d’entrée des Amériques pour le cinéma court et une rampe de lancement internationale pour le cinéma canadien. À l’orée de sa 27e édition, nous avons voulu nous entretenir avec Mélissa Bouchard, Directrice de la programmation et impliquée avec le festival depuis sa 10e édition. 

CTVM.info– À titre de directrice de la programmation, quels étaient vos objectifs et vos grands défis en 2023?  

Mélissa Bouchard — Un de mes objectifs, pour cette année et les années à venir, est de présenter plus de films québécois, et aussi développer la compétition parallèle. C’est un travail à moyen terme qu’on a entrepris cette année, en retirant d’abord les reprises dans le calendrier pour créer de l’espace.  On a ajouté un 2e programme Tourner à Tout Prix. Maintenant qu’on a de l’espace, on va continuer de penser à des stratégies pour augmenter le nombre de films québécois dans les prochaines années. 

 

Quel a été votre personnage favori d’un court de fiction que vous avez programmé pour cette édition?

Mélissa Bouchard — Sans hésiter, la délicieuse Larissa du film portugais AN AVOCADO PIT. Son regard, son naturel, son charisme, a séduit tout le comité de sélection et saura certainement charmer le public également.

 

Sur un total de 180 films, 75 proviennent du Québec. Voyez-vous une différence entre les films tournés à Montréal et ceux tournés en dehors des grands centres?

Mélissa Bouchard — Je pense que les préoccupations, les sujets abordés, les paysages, sont les principales différences observables. Mais encore là, ça ne s’applique pas à tous les films. Sinon, techniquement, si ce n’était pas inscrit dans les fiches d’inscription, je n’y verrais aucune différence. 

 

Comme chaque année, vous programmez de nombreux documentaires internationaux.  Quels portraits ou sujets vous ont particulièrement touché dans les derniers mois?

Mélissa Bouchard — Parmi les documentaires internationaux, mon gros coup de cœur va à Abdi du film BUURMAN ABDI. En plus d’une histoire de vie incroyable, la créativité du film nous propulse de surprise en surprise dans un récit des plus ingénieux. Sinon, dans les Québécois, impossible de na pas penser à CHERRY, un film pas du tout pathos où on accompagne la magnifique Marie-Louise Chouinard dans les derniers mois de sa vie. Un film aussi lumineux que bouleversant, qui nous ramène à notre propre rapport à la mort.

Vous avez ajouté une nouvelle compétition qui met en lumière les réalités queers. Que peut-on dire des films queers tournés dans les derniers mois?

Mélissa Bouchard — Dans les dernières années, on voyait principalement des films qui traitaient de sujets liés aux réalités queers, et maintenant, les films n’abordent plus les sujets de la même façon. On met tout simplement en scène les personnages queers à même titre que tous les autres personnages de films.  L’identité queer n’est plus l’enjeu principal du scénario, mais un attribut des personnages principaux. 

Photo Habib & the Thief 

 

Vous avez offert une Carte Blanche au festival Image et Nation afin de présenter une série de courts autochtones? Que pouvez-vous nous dire de cinéma autochtone canadien contemporain?

Mélissa Bouchard — Je ne suis vraiment pas une spécialiste, mais ce que je constate c’est une réappropriation de leur propre histoire, de leurs valeurs, de leurs coutumes, à travers le médium du cinéma. Je réalise aussi que le cinéma autochtone canadien se développe à grande vitesse, mais que les films sont majoritairement diffusés dans les réseaux de diffusions autochtones, et ce que j’ai envie de faire à REGARD, c’est de le sortir de ce réseau et de le faire découvrir au public allochtone. 

 

Chaque année, vous présentez un Focus sur une cinématographie étrangère. Vous avez tourné votre attention sur le Kosovo. Parlez-nous de ce choix et que pouvez-vous nous dire sur ce cinéma national?

Mélissa Bouchard — J’aime particulièrement découvrir des cinématographies peu connues. J’ai d’abord appris que pendant plus de 20 ans, tourner un film au Kosovo était considéré comme un crime par les autorités, est que c’est seulement en 1999, après l’indépendance, que les cinéastes ont pu reprendre la parole. C’est donc une cinématographie très jeune, qui célèbre la jeunesse actuelle et qui honore la mémoire des anciens, à travers des histoires, des personnages et des décors visiblement marqués par la guerre, sans toutefois en faire l’enjeu dramatique du film. 

 

Question ingrate s’il en est une, quels courts avez-vous le plus hâte de partager au public cette année? 

Mélissa Bouchard — J’aime beaucoup le film de Florence Lafond, JUSQU’À CE QUE TU MEURES. Le jeu des comédiens est d’un naturel déconcertant. MADELEINE est aussi un film que j’adore. Je pense que tout le monde va tripper sur ces deux attachantes amies, nées à 67 ans d’écart. Sinon, j’ai un petit faible pour l’humour belge à la touche absurde et décalée des films SE DIT D’UN CERF QUI QUITTE SON BOIS et PORTRAIT OF A DISAPEARING WOMAN. D’un point de vue plus engagé, TERRA MATTER et IT’S A DATE auront certes un très bel effet en salle. Et je terminerais avec NATUREZA HUMANA, qui est de loin le film le plus cinématographique de toute la sélection, à mon humble avis.   

 

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