Lettre ouverte de Terres en vues à la ministre Pascale St-Onge

Une lettre ouverte d’André Dudemaine de Terres en vues à la ministre Pascale St-Onge au sujet des financements déficients du secteur culturel à  Montréal

«Coupures au Festival Présence Autochtone et chez les autres festivals montréalais; le cinéma patrimonial L’Impérial en voie de fermeture; la production mise au ralenti faute d’une promesse électorale non tenue de votre gouvernement… C’est toute la structure de Montréal comme métropole culturelle qui est ébranlée. Madame la ministre du Patrimoine, agissez!
Ça urge.» André Dudemaine

 

Montréal, 19 décembre 2023

Honorable Pascale St-Onge
Ministre du Patrimoine canadien

Madame la Ministre,

Au nom de Terres en vues, société pour la diffusion de la culture autochtone, je vous demande expressément de redresser la barre en ce qui concerne la direction dans laquelle s’engage le ministère où vous venez d’être nommée. En effet, de l’atterrante négligence dans laquelle ont été laissés les dossiers de Montréal métropole culturelle par vos prédécesseurs, on commence tout juste à saisir l’ampleur des effets calamiteux qu’elle laisse dans son sillage.

Suite à une reconversion majeure, Montréal a réussi à se réinventer en ville créative, mondialement reconnue, l’ancienne économie manufacturière cédant, dans les dernières décennies, la place aux industries innovantes. Un véritable écosystème s’est alors créé avec, notamment, les festivals comme facteur de créativité multiforme et moteur de l’industrie touristique, avec l’expertise cinématographique comme générateur d’investissement étranger et de production locale, et avec un réseau d’institutions publiques et privées donnant éclat à l’effervescence créative de la cité dans la cité.

Or les nuages s’accumulent à l’horizon. Tour à tour, on apprend que le financement des festivals est revu à la baisse. Des esprits naïfs auraient pu croire qu’on aurait eu souci d’épargner le Festival international Présence autochtone (déjà gravement sous-financé) compte tenu des grandiloquents discours de ce gouvernement sur une nécessaire réconciliation avec les peuples autochtones. Que non : les cultures autochtones passeront au couperet, elles aussi, le FIPA étant lourdement impacté par les coupures à venir.

Puis c’est un joyau patrimonial, témoin des grandes heures de l’histoire du cinéma, lieu mythique où les festivals de cinéma trouvent accueil, l’Impérial lui-même, qu’on laisserait aller à vau-l’eau.

Et comme si cela ne suffisait pas, c’est le milieu du cinéma qui est en alarme : Téléfilm Canada ne pourra plus soutenir la production qui fait rayonner Montréal, le Québec et le Canada de par le monde à cause de politiques à courte vue.

Devra-t-on en conclure que le gouvernement fédéral a décidé d’éteindre l’énergie de Montréal qui la porte comme lumineuse métropole culturelle? Que les belles paroles sur la réconciliation ne seraient que mascarades, alors qu’on chercherait à réduire en douce l’émergence des talents artistiques des premiers peuples, leurs voix dérangeant le confort intellectuel douillet de politiciens auto satisfaits siégeant sur la lointaine colline parlementaire?

Le dynamisme même de la métropole sera miné par une politique régressive qui, si elle est maintenue, va affecter Montréal, ville de culture et de réconciliation, plus que toute autre région au Canada. Il vous reste, madame la Ministre, quelques semaines pour changer le cours des choses. De grâce, agissez!

Recevez, madame la Ministre, l’assurance de ma considération distinguée.

André Dudemaine
Directeur du Festival international Présence autochtone

 

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