Pierre Corbeil présente la 24e édition de Fantasia en mode COVID-19 du 20 août au 2 septembre 2020
Publié le 10 juin, 2020
Publié le 10 juin, 2020
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Catégorie(s) : Actualités — Cinéma — Compétition — court métrage — Festival — medias numériques
Entrevue avec Pierre Corbeil, fondateur et directeur général du Festival international de films Fantasia à la barre de la 24 e édition qui se déroulera en ligne
Fantasia, qui sera de retour cet été pour sa 24e édition, vient tout juste d’être accepté comme membre du RÉMI, le Regroupement des événements majeurs internationaux du Québec. Nous avons profité de cette annonce pour discuter avec Pierre Corbeil, fondateur, président et directeur général du festival, des enjeux de la prochaine édition qui, pour la première fois, se déroulera entièrement en ligne.
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CTVM.info – Le Festival international de films Fantasia a annoncé récemment qu’il migrait sa 24e édition vers un événement entièrement en ligne. Que pouvez-vous nous dire sur cette édition virtuelle ?
Pierre Corbeil – Quand le gouvernement du Québec a annoncé l’interdiction des événements publics jusqu’à la fin août, il était clair que notre festival dans sa formule habituelle à la mi-juillet en salle devenait impossible à réaliser. Nous avons fait nos recherches, regardé ce que d’autres festivals font et parlé à des événements dans la même situation que nous. Nous avons vite réalisé que la plate-forme offerte par Festival Scope / Shift 72 était pour nous idéale. Ces deux sociétés ont récemment forgé une association en développant de nouvelles solutions pour permettre à des festivals comme le nôtre de se dérouler en ligne.
Pierre Corbeil, fondateur et directeur général du Festival international de films Fantasia
En somme, Festival Scope prend en charge la relation avec les festivals tandis que Shift72 s’occupera des aspects techniques. La société néo-zélandaise Shift72 compte déjà parmi ses clients le Marché du film de Cannes, l’American Film Market ou encore le SXSW. En ajoutant l’apport de Festival Scope, nous avons accès à deux incroyables expertises pour offrir une plate-forme clé en main connue et reconnue des grands distributeurs et studios du monde entier. Cette association nous permet de présenter des films non seulement en garantissant une qualité exceptionnelle du son et de l’image, mais offre aussi les plus hauts standards au niveau de la sécurité.
Nous devions nous donner les meilleures chances pour rassurer les distributeurs sur ces deux plans; et, à ce jour, la réponse est plus qu’enthousiaste. Plus de 50% de notre programmation est déjà confirmée. Cette formule en ligne permettra aux cinéphiles québécois et canadiens de participer au festival et d’avoir accès à notre programmation, ce qui avant n’était possible que pour les Montréalais, les touristes et les excursionnistes.
Fantasia sera ainsi de retour du 20 août au 2 septembre. Déplacer ainsi le festival à la fin août est, pour n0us, à la fois crucial et stratégique. Crucial, car depuis le récent confinement, tout le travail nécessaire pour organiser le festival prend plus de temps, notamment en raison du télétravail et du fait que plusieurs distributeurs nous demandent plus de temps pour évaluer les options et prendre leurs décisions. Cette décision est aussi de nature stratégique, car nous sommes un événement estival et pour nous, la fête du Travail était une réelle date butoir considérant qu’après, les gens retournent au travail et/ou aux études.
De repousser le festival à la mi-août nous permet aussi de considérer des films qui n’auront pas été sélectionnés au Festival de Toronto ou celui de Venise. De plus, l’annulation des festivals comme South By Southwest et Tribecca augmente le nombre de films soumis à Fantasia. Ça nous permet d’avoir un peu plus de choix qu’en période normale.
CTVM.info – En ce qui concerne la programmation, quelles seront selon vous les grandes différences entre une édition participative en salles et une édition en ligne ?
P.C. – Nous visons une programmation composée d’environ 80 longs métrages locaux et internationaux et une douzaine de programmes de courts métrages. Nous sommes heureux du nombre impressionnant de studios et de distributeurs qui souhaitent présenter leurs productions à Fantasia et, ainsi, profiter de nos compétitions internationales qui seront toujours au programme et pouvoir bénéficier de notre rayonnement international et de notre reconnaissance dans les médias du monde entier.
Certains films sélectionnés seront présentés en temps réel à une date et une heure fixe alors qu’une bonne partie de notre programmation sera accessible durant les 10 jours du festival dans un mode vidéo sur demande.
Le contact entre le public et le réalisateur et/ou l’équipe des films présentés reste une partie importante de l’expérience en salle lors du festival. Nous serons en mesure de préserver ce contact en garantissant un certain nombre d’interventions des réalisateurs et acteurs avant certains films et en organisant des séances de questions et réponses, notamment grâce à Zoom Video Communications. Nous comptons aussi offrir des activités telles que des classes de maîtres, des conférences et des panels en ligne.
Christian Bégin, Sandra Dumaresq, Robert Morin à la première du film «Le problème d’infiltration» à FANTASIA en 2017
CTVM.info – Quand croyez-vous être en mesure d’annoncer vos premiers titres et quand planifiez-vous lancer votre site Internet pour la prochaine édition ?
P.C. – Nous allons annoncer cette semaine une première vague de titre de notre prochaine programmation. Plus de 20 titres pour vous mettre en appétit. Deux autres annonces sont prévues d’ici la mise en ondes du nouveau site internet. Nous visons la fin juillet ou début août pour le lancement en ligne de notre programmation complète. (Lire l’article des premières annonces : https://ctvm.info/fantasia-annonce-les-premiers-titres-de-sa-programmation-2020/ )
CTVM.info – La plateforme Frontières à Cannes fait partie d’une section dédiée à des activités de réseautage pour l’industrie du film de genre. La plateforme Frontières est une coproduction entre le Festival international de films Fantasia et le Marché du film – Festival de Cannes. Frontières se veut un marché de coproduction entre l’Europe et l’Amérique du Nord. Que pouvez-vous nous dire sur l’édition 2020 de Frontières à Cannes ?
P.C. – Présente pour une quatrième année au Marché du Film – Festival de Cannes, Frontières a récemment annoncé une sélection de projets en vue de la présentation de la plateforme « en ligne » de cette année. Cette cuvée jette un bel éclairage sur les voix émergentes du cinéma de genres des quatre coins de la planète et comptera six projets sélectionnés au volet « Buyers Showcase » et sept autres projets inscrits à l’événement « Proof of Concept ». La sélection, fruit de la collaboration entre le Marché du Film – Festival de Cannes et le festival Fantasia de Montréal, présente des coproductions combinant plus de 15 pays différents. Les films complétés ou en « post-production » forment le « Buyers Showcase », lequel présentera ses sélections pour les acheteurs, les agents de vente et les programmateurs de festivals. L’événement « Proof of Concept » permettra pour sa part aux films en quête de financement de présenter leurs bandes-annonces à tous les partenaires potentiels. D’ailleurs, les détails de ces divers projets seront disponibles dès cette semaine sur le site web de Frontières à frontieresmarket.com.
Il faut souligner que l’événement Frontières@Cannes 2020 marquera la toute première contribution d’Annick Mahnert, nouvellement promue Directrice exécutive de Frontières. Le parcours d’Annick est tout simplement exceptionnel et nous laisse espérer les meilleurs résultats possible. L’accès au Marché du Film numérique et aux activités « en ligne » de Frontières sera réservé aux intervenants accrédités par Cannes et aux représentants invités par les organisateurs de Frontières. À la suite de l’événement du 25 juin, plusieurs opportunités ultérieures de réseautage seront offertes à tous les participants.
CTVM.info – Le Marché de coproduction internationale Frontières habituellement à Montréal se tiendra aussi cette année avec une édition en ligne. Que pouvez-vous nous dire sur cette édition ?
P.C. – Le marché de coproduction Frontières de Montréal sera lui aussi présenté cette année sous forme virtuelle du 23 au 26 juillet 2020. Habituellement organisé de concert avec notre festival, le marché de coproduction se déroulera de manière indépendante cette année, due à la décision du festival de repousser ses dates à la mi-août.
Cocktail – Marché Frontières 2018 – avec Vanessa Meyer, Ségolène Roederer, Emmanuel Legrand et Julie Bergeron, à Concordia University.
L’édition 2020 marquera le neuvième anniversaire du marché Frontières. Pour cette édition, il y aura un minimum de vingt projets qui seront présentés aux quelque 500 professionnels accrédités du Québec, du Canada et de l’international. La version virtuelle du marché de Montréal pourrait faire en sorte d’augmenter le nombre des participants professionnels à certains événements que nous proposerons puisque la présence physique à Montréal n’est plus nécessaire dans un tel contexte. En complément, ces joueurs de l’industrie pourront aisément organiser des rencontres individuelles et ciblées via une plateforme de prise de rendez-vous qui sera mise en place spécialement par Frontières. La plateforme virtuelle qui a été choisie fait en sorte que la prise de rendez-vous sur plusieurs fuseaux horaires ne posera aucun problème. Les rendez-vous auront lieu de manière virtuelle par le biais d’un programme de vidéoconférence. Durant les quatre journées du marché, plusieurs autres activités seront aussi organisées, telles que des conférences et des tables rondes. Pour plus d’informations, nous vous invitons aussi à retourner sur le site web de Frontières via frontieresmarket.com. Nous nous affairons à mettre à jour le site dans les plus brefs délais.
CTVM.info – Quels sont les grands défis de votre festival en matière d’aide financière pour la prochaine édition ?
P.C. – Le financement d’un festival comme Fantasia découle de trois grandes sources financières. Les subventions issues des institutions gouvernementales et municipales, les commandites et échanges de services provenant du secteur privé et, finalement, la billetterie et les autres revenus autonomes provenant notamment des frais d’inscription.
Nous sommes heureux de confirmer que la majorité des partenaires institutionnels nous ont déjà confirmé la reconduite des sommes consenties l’an dernier. La pérennité de l’événement et des emplois est une des priorités des institutions. Ces confirmations nous donnent des bases solides sur lesquelles travailler tout en garantissant des bases salariales aux programmateurs et membres clés de l’organisation. Les commanditaires sont aussi très réceptifs à la nouvelle formule du festival pour sa 24e édition. Plusieurs sont déjà emballés de bénéficier d’un rayonnement incroyable et d’un contact privilégié avec des cinéphiles de Vancouver à St-Jean de Terre-Neuve. En ce qui concerne la billetterie, nous n’avons aucune idée de ce qui nous attend, car l’option numérique est une première pour nous, mais les diverses réactions des médias et sur les réseaux sociaux nous permettent de regarder la prochaine édition avec optimisme.
CTVM.info – Le RÉMI (Regroupement des événements majeurs internationaux) regroupant 28 grands événements culturels, sportifs et de divertissement à travers le Québec vient d’accueillir Fantasia parmi ses membres en 2020. Que signifie pour vous cette association ?
P.C. – C’est un réel honneur d’être admis au RÉMI. Toute l’équipe est actuellement habitée d’un grand sentiment de fierté. Le RÉMI a pour mission de promouvoir et représenter le secteur des événements majeurs et internationaux du Québec et d’aider ses membres à atteindre les plus hauts niveaux de performance et d’innovation tout en contribuant à leur croissance. Cette nomination confirme selon nous la place qu’occupe notre Festival sur l’échiquier des événements majeurs québécois et vient certifier notre capacité à faire rayonner internationalement Montréal et tout le Québec. Le festival Fantasia est déjà reconnu en tant que rendez-vous prisé par les divers membres de l’industrie cinématographique et les médias à travers le monde depuis de nombreuses années. Nous sommes heureux de pouvoir maintenant compter sur l’appui et la grande expertise du RÉMI et l’expérience combinée de ses membres.
CTVM.info – 2021 devrait marquer le 25e anniversaire du festival. Quels sont vos souhaits pour cette édition qui marque un quart de siècle de combats et de succès populaires ?
P.C. – L’avenir étant toujours incertain, il est très difficile pour nous d’y penser, ne sachant pas encore si la tenue d’événement sera possible, et le cas échéant, dans quelles conditions de distanciation. Nous restons optimistes et confiants de faire une édition participative devant notre public et de célébrer ces 25 ans avec une formidable sélection de nouveautés tout en soulignant notre riche historique de différentes manières. Une chose est certaine, nous avons un des meilleurs publics qui soient et nous avons très hâte de retrouver la fougue, l’enthousiasme contagieux et l’esprit réellement festif de nos festivaliers.
La 24e édition aura lieu sous une forme virtuelle d’avant-garde, du 20 août au 2 septembre 2020
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