« Premières armes » – Entrevue avec Jean-François Caissy

Rencontre avec Jean-François Caissy à l’occasion de la sortie en salle de son plus récent film, « Premières armes » .

 

Avec  « La belle visite » qui traitait du troisième âge et  « La marche à suivre » qui abordait l’enfance, le cinéaste Jean-François Caissy présente son nouveau long métrage documentaire : « Premières armes » qui traite du début de l’âge adulte .

 

Entrevue réalisée par Charles-Henri Ramond, à Montréal le 11 janvier 2019.

 

Tourné au printemps 2016 pendant 46 jours, le film suit le parcours de quelques recrues des Forces armées canadiennes durant leur formation. Pour ce troisième volet de sa série traitant librement des étapes de la vie, Jean-François Caissy propose un regard fascinant sur ce choix de carrière et le début de l’âge adulte. Le film est produit à l’ONF par Johanne Bergeron, avec la productrice exécutive Colette Loumède.

 

Nous avons rencontré le cinéaste pour en savoir plus sur les origines et les conditions de tournage de son film.

 

 C-H R : Après l’école dans « La marche à suivre », tu te penches sur une autre institution très hiérarchisée, qu’est-ce qui t’as amené à faire ce choix?

Je voulais aborder une étape importante de la vie, le début de l’âge adulte. En fait, le premier défi que j’ai eu dans ma vie, c’est de me choisir une carrière qui allait me plaire. Chose qui est assez difficile de faire quand on a 15-16 ans. Au début, je voulais filmer une formation académique, je pensais à plusieurs possibilités, mais pas forcément l’armée. Ce qui m’a plu dans les forces canadiennes, c’est que la formation de base, le « basic training », dure douze semaines, donc, je trouvais qu’il était plus facile pour moi d’y tourner un film, en raison de cette période très resserrée dans le temps. Aussi, comme je fais du cinéma d’observation, le fait que les jeunes habitent le lieu de formation m’a beaucoup plu et ça a rendu les choses plus faciles. Et je trouve que l’Armée, même si c’est un monde parallèle, très différent du mien, c’est un endroit étrange et par certains côtés très fascinant. Donc, tous ces éléments, qui sont en fait des choix créatifs qui m’ont donné un canevas de base pour le film. Aussi, c’est un sujet qui est assez connoté, et je voulais garder le même point de vue que j’ai dans mes films. Une vision objective qui ne porte pas de jugement et qui laisse au spectateur le choix de faire sa propre lecture…

 

C-H R : Parle-nous de la production du film. Comment as-tu approché les forces armées pour leur vendre ton projet?

Ça a été très long! Au total, une année complète. Parce que je ne voulais pas que les Forces armées canadiennes aient un droit de regard sur le scénario ni sur le montage. Donc, en gros, je leur demandais une carte blanche. Le fait que l’ONF, une autre institution fédérale, produise le film a beaucoup aidé. Ils ont regardé mon portfolio, et ont vu que le film s’inscrivait dans une série de films s’attardant sur divers moments de la vie. Ils ont compris en regardant mes précédents films qu’il y avait peu de risques d’être dénigrés ou de faire l’objet d’un pamphlet. Je leur avais donné un document d’une vingtaine de pages dans lequel je décrivais l’approche souhaitée et le type de scènes que je voulais aller chercher, etc. Ils ont un bien vu que la démarche était intéressante, et même si ce n’est pas une production de l’Armée, c’est un film qui sert tout le monde, autant le grand public qui y trouve une institution démystifiée que l’institution elle-même qui sort d’une image préfabriquée.

C-H R : Pour écrire un sujet comme celui-là, as-tu fait des repérages?

Oui. Six mois avant j’avais suivi un autre peloton pendant quelques semaines. J’y allais avec mon appareil photo et j’observais ce qui se passait. Sur un tournage j’aime que les choses soient planifiées, précisées d’avance, j’aime travailler dans des environnements où j’ai la possibilité de contrôler les éléments. Dans le cadre de ce film, on m’avait remis en amont du tournage un document qui me donnait jour par jour l’horaire exact des activités des 12 semaines. Pour moi c’était comme un mode d’emploi… presque un découpage technique qui m’a permis d’organiser mes horaires en fonction de ces différents éléments là. Habituellement je tourne sur une période beaucoup plus longue et je passe du temps à chercher des éléments de mon récit. Dans ce cas-ci, j’avais déjà ma trame de base, mon fil conducteur.

C-H R. : Et le montage, je suppose qu’il a dû être ardu…

En tout, on a gardé 1% des 120 heures de rushes, ce qui est le double de ce que je tourne habituellement. Mais il y avait beaucoup d’action et on savait qu’on bout des douze semaines, c’était fini, donc on a tourné énormément. Donc, il y a plusieurs scènes que l’on a tournées de plusieurs manières à différents moments. Notamment des plans de transitions, dans les dortoirs, des appels à la famille. On pouvait quand même observer et se préparer en suivant le cours de la formation.

Plus j’avance, plus j’essaye d’être généreux avec le spectateur. C’est quand même assez drôle « Premières armes ». Il y a des moments qui s’y prêtaient bien, et comme je suis quelqu’un qui aime bien rire, j’essaye de mettre un peu d’humour dans mes films quand je peux. Ce qui était compliqué dans ce cas-ci c’était l’intensité du tournage. Douze semaines sans arrêter, à quatre ou cinq jours par semaine, c’est très fatigant…

Le prochain projet traitera de la petite enfance. J’ai une bonne idée de l’approche. J’ai hâte de le filmer!

Entrevue réalisée par Charles-Henri Ramond, à Montréal le 11 janvier 2019.

Projections en salle

Voir les détail des projections  :
https://ctvm.info/premieres-armes-de-jean-francois-caissy-prend-laffiche-18-janvier-2019/

***

Partager cet article

Plus d'articles dans Actualités / Cinéma / documentaire / Festival / sortie en salle