Un premier Festival de Cannes pour Immina films ! Une entrevue de Jean-Pierre Tadros avec son président, Patrick Roy

Un premier Festival de Cannes pour Immina films ! Une entrevue avec son président, Patrick Roy, réalisée par Jean-Pierre Tadros

…Et pour Patrick Roy, ce sera un retour au Festival de Cannes qui ne passera pas inaperçu. Et pour cause : sa nouvelle compagnie de distribution se retrouve à Cannes avec le seul film canadien en sélection officielle au festival. Il s’agit naturellement de Simple comme Sylvain de Monia Chokri qui sera présenté ce jeudi en compétition dans la section Un Certain Regard du Festival. Une superbe vitrine pour la jeune compagnie de distribution qui fait son entrée dans le marché cannois.

«On y rêvait, mais c’est formidable que cela se soit concrétisé», nous avoue Patrick Roy à la veille de faire la montée des marches du Théâtre Debussy pour la première mondiale du film.

Il nous précise cependant que Immina films n’a pas les droits internationaux du film. «On a les droits du film pour le Canada, mais pas les droits internationaux. On ne s’occupe donc des ventes internationales. Mais pour moi, cette première mondiale à Cannes est une rampe de lancement extraordinaire pour le film avant sa sortie au Québec le 22 septembre. D’autant plus que c’est le seul film québécois en sélection officielle à Cannes.»

[ MK2 Films assure les ventes à l’international de SIMPLE COMME SYLVAIN. Le distributeur français est Memento Distribution. ]

Patrick Roy poursuit : «Je ne veux pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, mais je pense que les gens vont très bien réagir au film. En tout cas, moi, j’adore vraiment le film, et je pense qu’il va surprendre beaucoup de gens.»

Je lui fais remarquer que c’est malgré tout une belle porte d’entrée pour sa nouvelle compagnie,  Immina Films, sur le marché international. «Tout à fait», convient-il, en me faisant remarquer qu’en début d’année le film  23 décembre avait remporté la statuette Coup de cœur du jury au Festival international du Film de Comédie de l’Alpe d’Huez. Un film pour lequel Immina Films a les droits internationaux.

Mais revenons à Cannes, parce qu’il reste surprenant qu’on ne retrouve pas de films québécois à la Quinzaine des réalisateurs ou la Semaine de la Critique, pour ne pas parler de la compétition officielle.

«Oui, cela me surprend aussi, reconnaît Patrick Roy. D’autant plus qu’on a une belle cuvée de films québécois cette année. Honnêtement, je trouve ça difficile à comprendre. Je pense qu’il y a beaucoup de politique derrière les festivals. Et c’est souvent difficile à comprendre leurs critères de sélection. Ce sont des critères qui semblent changer constamment. Il devient donc extrêmement difficile d’aller dans des festivals internationaux; et c’est dommage parce que je pense qu’on fait de très bons films chez nous et que ça serait bien de voir certains de ces films profiter d’une vraie rampe de lancement internationale. Il faut réaliser que ça fait une différence énorme d’avoir un film sélectionné par un festival à l’international.…

Comment vois-tu le marché du film en 2023, toi qui te retrouves à la direction d’Immina films ?

«Je dirais qu’on sent qu’il y a une reprise. J’en parlais justement tout à l’heure avec une vendeuse internationale qui disait avoir dû réajuster ses prix. On doit tous faire ça parce qu’on doit avoir des attentes réalistes par rapport à la carrière commerciale des films. Les performances des films ne sont plus ce qu’elles étaient il y a quelques années. La réalité de l’exploitation est complètement différente. Il y a donc un réajustement à faire. Les budgets des films ne diminuent pas, donc si le financement de certains films est basé entre autres sur les ventes internationales –ce qui n’est pas vraiment le cas au Québec mais davantage à l’étranger–, alors là, ça pose problème. Parce que si tout le monde paye moins pour acheter des droits, alors tu te retrouves avec des problèmes de financement.  On est vraiment dans une période, je dirais, de transition. Mais en même temps, je sens un vent d’optimisme; je sens que les choses vont mieux. Je trouve qu’on est vraiment dans une reprise; et ça, c’est excitant, c’est positif.»

Dans un tel contexte, comment définis-tu les objectifs d’Immina Films à Cannes cette année ?

«Nous, on cherche à acquérir les droits canadiens de films européens, et plus particulièrement français. Je dirais que Immina Films en a déjà suffisamment avec les films québécois qu’on a pour le reste de l’année, donc, idéalement, on parle de 2024, 2025. On regarde pour ces périodes. Si on a un coup de cœur pour un film qui est disponible maintenant on va naturellement essayer de l’acheter. Mais il n’y a pas d’urgence; en même temps, si on a un coup de cœur on va s’essayer. On a toujours fonctionné comme ça à l’époque, chez Séville. Si on voyait quelque chose dans lequel on croyait, on embarquait. Donc, on reste attentif.»

«Disons que j’aimerais ça distribuer un peu plus de films français qu’on le faisait chez Séville vers la fin, c’est notre objectif. Mais on va voir, le festival vient de commencer et c’est un peu tôt pour savoir comment ça va se dérouler. On est très actif, et on cherche.»

Mais tu sais que pour les films français, tous les distributeurs québécois en veulent, ce qui entraîne bien souvent une surenchère néfaste ? Comment vous positionnez-vous dans un tel contexte ?

«Oui, je sais. On va voir. Je te dirais que j’en veux plus que ce qu’on faisait avant, chez Séville; mais je serais pas non plus dans le volume, ce ne sera jamais acheter pour acheter. Nous, on va acheter des films dans lesquels on croit et des films derrière lesquels on va mettre de vrais moyens pour les faire fonctionner. Je trouve qu’il y a beaucoup de très petits films qui sortent sans arrêt au Québec. Je parle des films français qui sont lancés sans véritables stratégies de lancement. On n’ira pas là-dedans. Pour nous, je veux que les films qu’on va acheter, ce soit parce qu’on veut vraiment faire un vrai travail de distribution, et qu’on va tout mettre en oeuvre pour les faire fonctionner.»

Vous avez aussi, je présume que vous avez aussi des films dont vous avez les droits internationaux, est-ce que vous en vous profitez de Cannes pour les vendre ?

«On a 23 décembre, et pour ce film on a des discussions avec certaines compagnies pour permettre au film de voyager un peu plus. On a aussi Ru de Charles-Olivier Michaud, produit par Amalga d’après le roman de Kim Thúy, et pour lequel on a les droits internationaux. Dans ce cas, je dirais qu’on avance tranquillement. On parle avec différents joueurs un peu partout, on l’a soumis à différents festivals. Donc, dès qu’on aura une confirmation pour un festival, on va pouvoir à ce moment-là élaborer davantage la vraie stratégie de mise en marché à l’international; parce qu’au Québec, on a déjà annoncé notre date de sortie, on avance très bien avec la campagne, donc tout ça va se faire, mais pour ce qui est de l’international, oui, on a des discussions avec des gens à Cannes.»

Vous êtes combien de Immina films à Cannes ? 

«On est deux 2. Il y a Marie-Hélène Lamarche et moi qui sont ici.»

Comme le souligne notre photo prise par Annie Tremblay.

Et demain, jeudi à 11h15, ils seront tous les deux salle Debussy en compagnie de Monia Chokri, Magalie Lépine-Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Francis-William Rhéaume, Sylvain Corbeil, Nancy Grant pour assister à la première mondiale de SIMPLE COMME SYLVAIN.

 

Cette entrevue de Jean-Pierre Tadros a d’abord paru dans le Bulletin CTVM.info du mercredi 17 mai 2023. Pour le recevoir quotidiennement, faites-en la demande à ctvm@videotron.ca

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