Le PRIX DENIS-HÉROUX 2023 du Festival Fantasia est remis à Claude Fournier et Marie-José Raymond pour leur «Contribution exceptionnelle au développement et à la diffusion du cinéma de genre québécois»
Ce lundi soir à la Cinémathèque québécoise à 18h30
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Le prix Denis-Héroux qui a été créé en 2016 pour souligner une contribution exceptionnelle au développement à la diffusion, à la production ou à la promotion du cinéma de genre au Québec est remis cette année au couple Claude Fournier – Marie-José Raymond.
La remise du prix au couple souligne la longue et fructueuse collaboration entre les deux puisque Marie-José a produit plusieurs des films de Claude Fournier, en plus de collaborer à plusieurs de ses scénarios. Ce prix souligne donc la profonde communion de ce couple. Très jeune, Claude Fournier se faufile à l’ONF et s’impose à la caméra aux côtés de Michel Brault et de Marcel Carrière. À la même époque, Marie-José Raymond se joint au projet de ses amis universitaires, Denis Héroux, Denys Arcand et Stéphane Venne, SEUL OU AVEC D’AUTRES, considéré par plusieurs comme le premier film québécois indépendant.
La collaboration entre Marie-Josée Raymond et Claude Fournier avait débuté avec la co-scénarisation du classique DEUX FEMMES EN OR. Plusieurs projets allaient suivre, mais la complicité du couple est la base de l’ADN de leurs films et séries. Qui plus est, le couple Fournier-Raymond a mis sur pied et codirigé pendant 10 ans le projet Éléphant, mémoire du cinéma. Dans le cadre de ce projet, ils ont restauré avec les plus hauts standards tant des classiques de notre cinéma et des œuvres qui étaient à toutes fins disparues.
Le prix sera remis avant la projection d’une copie restaurée de ALIEN THUNDER / LE TONNERRE ROUGE (1974) mettant en vedette Donald Sutherland, Jean Duceppe et une distribution autochtone. Claude Fournier a non seulement réalisé le film, mais en a assuré la superbe direction photo. Malheureusement, Claude s’est éteint le 16 mars dernier à l’âge de 91 ans. Son imposante œuvre couvre quelque sept décennies, a fait de lui l’un des cinéastes les plus importants du Québec. Marie-José Raymond sera sur place pour recevoir le prix.
Claude était au courant de notre démarche et l’avait accepté avec empressement et joie. «Merci pour tout et merci pour cette remise du Prix Denis Héroux qui me fait très plaisir… en espérant que ma santé tiendra bien jusqu’à l’été afin de le recevoir de mon vivant et non de façon posthume! Et c’est aussi une heureuse idée d’en faire un prix conjoint avec Marie-José, car je dirais qu’au cinéma comme dans la vie, nous avons été un couple, disons “assez fusionnel”», me dira-t-il lorsque je lui ai annoncé la nouvelle. Malheureusement, Claude avait eu ce pressentiment en décembre dernier.
Claude Fourier était un poète photographe. Il aimait prendre des photos, certaines qu’il partageait volontiers, de nombreuses qu’ils animaient à l’écran et certaines qu’il gardait pudiquement pour lui. Claude a marqué son passage dans cette vie à coup d’épreuves et de clichés. Il adorait les gros plans. Il aimait documenter les visages. Il adorait multiplier les références nationalistes, lui qui croyait au grand portrait. Ses écrits sont des photos en mots. Ses mots sont des photos en mouvements. Claude a fait ses débuts dans le genre documentaire et il a toujours su documenter son époque. Il aimait l’artisanat, filmait l’artisanat et d’ailleurs on peut dire que sa pratique du métier tenait de l’artisanat. Son œuvre inachevée est un documentaire tourné à Venise sur la construction d’une gondole en vue de la course de la régate historique. Peu avant sa mort, il planifiait aller en Ukraine et y tourner un documentaire personnel.
Claude avait une voix distinctive, un œil vif et un regard curieux. La voix et l’œil se sont éteints, mais son regard reste et persiste.
Marc Lamothe 30 juillet 2023
